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La question de l'Âme, dans toutes ses déclinaisons.
 
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 The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....

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MessageSujet: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMar 19 Juil - 17:14

INTRODUCTION

L'anthropologue, Francis Harwood, interrogea un ancien au sujet des mythes et du penchant de sa tribu sioux à raconter des histoires, et lui demanda pourquoi son peuple raconte des histoires de génération en génération. L'ancien répondit, « afin de devenir des êtres humains ». Alors Harwood demanda, « mais nous ne sommes pas déjà des êtres humains ? » L'ancien sourit de façon entendue, « Tout le monde ne le devient pas ».
Devenir un être humain n'est pas aussi simple ou automatique, comme le croit la plupart des gens. Bien sûr, nos corps sont humains, mais nous pouvons vivre dans le vide de celui qui est endoctriné à donner son attention. Notre attention est comme un vent impulsif, dispersé et incertain de ce qu'il faut présenter, de ce qu'il faut croire, de ce qu'il faut exprimer. Notre véritable humanité demeure dans la chrysalide d'un état protégé, en attente de percer les murs minces qui la contiennent.
Quels sont ces murs ? Pourquoi existent-ils ? Comment pouvons-nous sortir de la chrysalide et déployer nos ailes afin d’explorer les dimensions subtiles au-delà de nos sens humains, et, ce faisant, devenir plus humain ? Telles sont les questions qui sont explorées dans La Prophétie de Dohrman.
Comme un jeune enfant, vous pouvez regarder un pommier, voir les pommes pendues à une branche et croire qu'elles se sont développées depuis la branche. Plus tard, vous réalisez que la branche est seulement une partie de l'arbre, l'arbre est seulement une partie de la Terre et la Terre n'est qu'une partie du cosmos. Dans cette chaîne d'interconnexions, vous pouvez presque comprendre comment la pomme pousse à partir de l'univers. Ainsi elle est avec chacun de nous. Indépendamment de la branche (la culture ou l'ethnie) d'où nous provenons, nous nous développons depuis l'ensemble de l'univers et, en réponse, l'univers se développe depuis notre essence collective.
L'Apocryphe de Jean, un texte du Nag Hammadi, dit : « nous travaillons étroitement avec la déesse Terre de sorte que notre sagesse supérieure puisse corriger ce qu'elle lui manque grâce à l'expression de lumière que nous détenons et partageons. » Les gnostiques croyaient en une relation supérieure entre la Terre et l'humanité. Ils ont compris que le réalignement de la vie sur Terre avec notre centre cosmique était la spirale de la coévolution qui nous a rendus vraiment humain car nous étions en mesure de percevoir la Terre comme une partie de nous.
Je me rends compte que les gens sont enclins à communiquer avec les cieux quand ils pensent à leur spiritualité, mais parfois ce que nous cherchons dans les branches peut seulement être trouvé dans les racines. La Terre joue un rôle central dans l'histoire de la Prophétie de Dohrman, exprimée par le biais de ses personnages qui sont la pierre, les arbres, les animaux et d'autres éléments. La Terre est la force fondatrice dans cette histoire, et c'est justement parce que sa présence est tellement forte, que les énergies subtiles des dimensions supérieures peuvent être utilisées comme le contrepoint dans une composition musicale.
Bien que cette histoire soit basée en un lieu et un temps mythologique, ce qui est important de savoir est que l'histoire vous ôte de vos autoréférences ainsi vous pouvez agir comme un lecteur ou auditeur holistique, intégrant entièrement l'histoire et ses archétypes sans comparer votre temps et lieu à celui des personnages de l'histoire.
Vous pouvez obtenir davantage de valeur de cette histoire si vous contribuez à son récit en utilisant les sections Commentaires et Notes, ou en participant à des groupes. Elles ne sont pas essentielles, mais pour la plupart, elles vous aideront à ancrer les perspectives, les idées ou les inspirations que vous allez acquérir au long de votre chemin de lecture.
Hiérophanie est un terme grec utilisé pour décrire la manifestation du sacré. Les hiérophanies sont des avancées des énergies divines dans le monde matériel. Elles sont comme des portails entre les dimensions. Le rôle de la narration est d'essayer d'amener ces énergies dans notre monde de la séparation et de l'ego, et le lecteur fait leur partie pour les recevoir, les explorer, les partager, et les appliquer si elles sont inspirées.
Un hiérophante qui utilise aujourd'hui la technologie est tout à fait différent de ceux des temps anciens. Dans ce projet il y a une histoire, il y a l'art, il y a la technologie et il y a une communauté mondiale de lecteurs et d'écrivains qui fonctionnent comme un aspect de cet hiérophante : Le projet de livre web La Prophétie de Dohrman. Chacun d'entre vous, par extension, fait partie de ce projet, si vous choisissez de le faire, et ceux qui font ce choix peuvent ajouter une dimension et une texture à ce projet alors qu'il grandit et évolue dans le futur.
Les mythes ne traduisent pas une pensée simple ou déterminée. Ils sont dispensateurs de lumière à tous ceux qui les approchent de leur sens grandissant d'unité. Ils ont un sens pour moi, pour vous et pour chacun, mais ce sens peut être très différent pour chacun de nous, et il est donc important de valoriser la diversité de l'interprétation ou, au moins, permettre que les différences puissent interagir et former de nouvelles perspectives.
L'harmonie est un aspect essentiel d'un hiérophante. Les personnes qui vivent en relation étroite avec leur environnement ne cherchent pas à le contrôler, mais plutôt à le comprendre, à établir une forme d'harmonie avec lui. Je demanderais à chacun d'entre vous de garder cela à l'esprit alors que vous ajoutez vos notes et commentaires à ce projet, lui donnant grâce et permettant que sa signification s'étende et adopte d'autres points de vue.
Chaque personne a une structure interne riche et complexe qui répond aux informations, particulièrement les informations hiérophantiques qui fusionnent des archétypes de la Terre et des énergies dimensionnelles supérieures. C'est cette structure interne qui les guide comme le sonar guide un navire. Notre "sonar" est ce que nous utilisons pour diriger notre vie, et vous pouvez le considérer comme la faculté intuitive. C'est ce que je vous conseille d'écouter pendant que vous lisez.
Il existe une interdépendance mutuelle entre tous les participants sur ce chemin de lecture, et par conséquent la formation d'une communauté - une vraie communauté qui est bienveillante et encourageante - semble un élément judicieux et important de ce projet. Vous pouvez lire ce livre Web et voir seulement que des mots et des images, mais si vous sentez le fil conducteur, il vous mènera à un ordre caché ; subtil, implicite, attendant patiemment d'être dévoilé dans le cadre de ce projet par quelqu'un comme vous.
William Sullivan a écrit : «On ressent en premier un mythe et on le comprend plus tard ». Si vous essayez d'analyser ce que vous lisez pour le transformer en compréhension immédiate, vous pouvez vous intéresser à la partie impression de l'histoire, la partie où vous devenez tout dans l'histoire. Ceci est l'état d'intuition, je vous demanderais de lire et d'écouter car, en raison de cet état, vous en récolterez le plus grand bien.
Chaque personnage dans l'histoire est une partie de chacun de nous. Comme vous allez plus profondément sur votre chemin de lecture, vous découvrirez des aspects de vous-même qui sont évidents et d'autres qui sont cachés ou muets. Il peut y avoir certains caractères que vous préféreriez rejeter, mais je vous encourage à inviter chacun d'eux dans votre cœur et à écouter chacun attentivement.
La Prophétie de Dohrman est très différente des Matériaux WingMakers, mais ce qu'ils ont en commun c'est l'intention d'appeler l'information hiérophantique du XXIe siècle et de la partager avec autant de personnes que possible. Mon espoir est que cette histoire devienne un chemin pour votre nature spirituelle individuelle, et qu'elle vous aide à contempler les qualités intimes et profondes qui se trouvent en vous. L'histoire, avec votre aide, va continuer à croître. Sa valeur va évoluer. J'espère qu'elle vous plaira et écoutez sa voix composite, en se souvenant qu'Il s'agit vraiment de la vôtre.

De mon cœur aux vôtres,
James



Dernière édition par rené sens le Lun 23 Juil - 21:54, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMar 19 Juil - 17:20

PROLOGUE

L'épais matelas d'aiguilles tombées rendait le passage plus difficile alors que Cadriel Mitra marchait dans l'obscurité avant l'aube sous les imposants pins antiques. « La forêt est si tranquille ce matin », pensait Cadriel. Il changea son ballot d'épaule afin de partager la douleur de son poids. C'était un territoire inconnu même de Cadriel qui était renommé pour son zèle exploratoire.
Comme à son habitude, il avait levé le camp avant le lever du soleil, en suivant son instinct comme sa grand-mère lui avait appris à le faire. Il y a trente ans de cela, quand Cadriel était un jeune garçon, elle lui avait dit, « un hibou ferme les yeux pour voir la forêt, et tu dois le faire aussi. » Il s'était exercé pendant de nombreuses années, fermant les yeux, imaginant la forêt, l'invitant à vivre en lui, mais pas une fois il avait vu quelque chose qu'il pouvait appeler réel.
Chaque fois qu'il se plaignait de son manque de résultats, sa grand-mère disait : «Quand ton intention et ton cœur marcheront sur la même voie, tu pourras voir ce qui est réel de ce qui est l'ombre. » Cadriel ne pouvait qu'acquiescer et continuait d'essayer. Ne pas tenir compte de sa grand-mère n'était pas une solution. Elle était la chef de file de l'assemblée des clans de son peuple, et ses exigences n'ont jamais été rejetées, surtout pas par sa famille.
Soudain, au coin de l'œil, Cadriel remarqua une étrange lueur pulsée remplissant l'extrémité ouest de la forêt par ailleurs sombre. Sa position posait question puisque le soleil se levait à l'Est. La curiosité de Cadriel s'est rapidement transformée en crainte alors qu'un grondement sourd, ressenti plus avec son corps qu'entendu avec ses oreilles, se déversa sur le sol forestier.
Les bois éclatèrent instantanément avec des oiseaux agités, des grillons, des grenouilles et des écureuils faisant retentir leurs cris de panique. Une terreur sauvage et contagieuse se propagea dans toute la forêt comme une décharge électrique atteignant tous les habitants sans égard de leur taille. Toutes les créatures dans la forêt étaient soudées ensemble tel un seul organisme, observant et ressentant avec leurs sens tremblants.
Cadriel supporta durement, sachant bien qu'il devrait fuir mais une partie de lui - aussi cachée qu'elle était - estimait que cela pouvait être son signe, son moment d'éveil comme sa grand-mère l'appelait. Courir et mettre en garde son peuple de la lumière brillante qu'il avait vue dans la forêt ne feraient qu'accroître sa réputation d'habitants de la lisière. Son peuple ne le croirait pas sans preuve ou plus de détails de l'incident.
Ses pieds se dirigeaient vers la lumière et le grondement subsonique. Chaque pas l'attirait plus étroitement et il sentait une chaleur montante, mais sa curiosité était maintenant entièrement mobilisée alors qu'il commençait à voir des formes en mouvement derrière les troncs d'arbre qui se dressaient entre lui et la source du son particulier. « Ce doit être Dieu », pensa Cadriez. « Qui d'autre que Dieu pouvait faire de tels sons et lumière ? Dieu est certainement en visite ! »
Alors qu’il approchait toujours plus, l'agitation des sons et lumières s'arrêta brusquement et un silence sombre pénétra la forêt dans un étrange calme incertain. Cadriel sentit son cœur s'accélérer d'autant plus. Il était aveuglé par l'obscurité soudaine, mais pouvait toujours détecter le mouvement. Il prit courage et marcha, ses bras cherchant devant lui comme un aveugle.
Il sentait un flux d'énergie au-dessus de lui. Un courant invisible descendit sur lui. Sa peau grouillait dans une extase indescriptible alors qu'il faillit perdre conscience à cause de l'intensité de la sensation. Il vacilla à terre et se blottit en une boule de chair, sa seule pensée était qu'il était en présence de Dieu. Ses sentiments, entièrement dévoilés, répondaient dans l'incertitude, « certes je ne suis pas un préféré de Dieu », pensait-il, « pourquoi Dieu se montre-t-il à moi ? »
Puis il l'a entendue : la voix incomparable. Bien qu’il ne puisse la comprendre, il savait sans aucun doute que les êtres, différents de lui, se trouvaient à proximité. La proximité de leur présence l'effraya et il voulait rester lové sur le sol de la forêt avec ses yeux hermétiquement fermés, priant pour que la forêt revienne à son état familier.
Alors un nouveau son et lumière lui força à ouvrir les yeux. Il vit trois formes, d'énormes pierres tombant du ciel dans une petite clairière entre les arbres. Elles flottaient sur des faisceaux de lumière bleue. Cadriel tressaillit tandis qu'il regardait avec étonnement. Puis il vit un déplacement au-dessous des pierres où des grands êtres semblaient guider les monolithes depuis le sol forestier avec des baguettes de lumière.
Cadriel se remit lentement debout, clignant des yeux, incrédule, l'esprit figé dans la crainte. Les trois pierres, chacune de la taille d'une trentaine d'hommes, se posaient lentement sur le sol de la forêt avec un bruit sourd. Cadriel le sentit avec un frémissement électrique. Brusquement il ne savait rien. C'était comme si son monde avait disparu et il était maintenant un nomade en quelque lieu surnaturel. Il pouvait seulement contempler le spectacle de lumière qui enveloppait les énormes monolithes et s'émerveiller quant à son usage.
Comme pour garder son sentiment d'identité, Cadriel commença à compter. Trois pierres. Trois êtres. Trois êtres très grands. Trois très grosses pierres.
Et puis c'est arrivé. Un des êtres s'avança vers lui, lentement, sans crainte ni surprise. Un rayonnement jaune pâle filtrait de ses yeux qui devinrent visibles alors que l'être arrivait à une distance de huit mètres de Cadriel qui se mit à trembler de façon incontrôlable. L'être était de couleur bleuâtre, haut d'au moins sept mètres et, au grand émerveillement de Cadriel, avait la translucidité du liquide.
Cadriel voulait parler, mais tout son corps, y compris sa langue, semblait incapable de bouger. Il n'était même pas sûr d'être encore vivant. Les yeux de cet être étaient les seuls fils qui le reliaient à une existence qu'il sentait. Regardant fixement ces yeux, il entendit une voix lentement résonnée en lui, comme si une veine d'or filait de la terre vers son cœur.
« Vous êtes ici comme l'un d'entre nous. En cet endroit vous serez un immortel de votre monde. Vous êtes l'intermédiaire humain de notre flamme divine. Vous êtes venu ici, en ce même lieu et temps, pour être le traducteur humain pour ceci, notre plus élevé don à notre peuple ».
Cadriel cligna des yeux. C'était le premier mouvement de son corps depuis plusieurs minutes. « Vous voulez que je vive dans ces pierres ? Comment ? Pourquoi ? » Ses pensées étaient, au plus profond de lui, comme des vagues tumultueuses atteignant les rivages d'un vaste endroit clos.
Tout dans son esprit lui disait de faire demi-tour et, tel un chien sauvage, de retourner à son ballot, mais il y avait quelque chose au sujet de la présence de cet être qui l'incitait à écouter. Si cela était son moment d'éveil, il avait besoin d'être sûr qu'il était éveillé. Il devait rester.
La forme de vie bleue géante se retourna et fit un geste de son bras vers la plus grande des trois pierres. Du monolithe, une lumière dorée émergea, montante et descendante dans l'obscurité. Cadriel voyait des essaims de moucherons voltiger dans l'air, et pour lui, la lumière était comme un nuage bouillonnant de minuscules moucherons, seuls les moucherons, en l'occurrence, étaient des particules ornées de joyaux lumineux. Des millions de petites taches voltigeaient ensemble comme une intelligence collective, et sans hâte - comme si exécutant une danse rituelle - elles se déplaçaient vers Cadriel.
La lumière était si transparente qu'elle ne possédait pas de luminosité. Il s'agissait davantage d'une luminosité subtile ; une lumière jaillissante depuis un autre monde et lorsqu'elle parvenait de celui-ci, elle était estompée par des fréquences plus grossières.
La lumière commença à envelopper Cadriel, le voilant dans son vêtement d'une luminosité douce et dorée. Cadriel commença à ressentir un nouvel aspect de lui-même, non pas comme un homme - un habitant de la lisière maître de soi, mais comme un instrument d'une certaine intelligence vaguement familière qui coulait actuellement en lui. Il était tiré par elle, aussi sûrement que l'oiseau tire sur un ver, le libérant de sa demeure terrestre pour s'engager vers un nouveau dessein.
Cadriel, en un éclair de temps, quitta son corps et devint une partie du nuage de lumière qui l'entourait. Il n'était plus tenu dans les limites d'un corps humain, mais faisait désormais partie de quelque chose d'infiniment plus vaste et plus complexe. Il était comme un grain de poussière en suspension dans un rayon de lumière infinie, et il était devenu la lumière. Il comprenait tous les éléments de sa mission pour venir à cet endroit, pour être humain, et pour se transformer en quelque chose dont il avait été préparé depuis des millions d'années.



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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeVen 22 Juil - 0:11

Chapitre 1 - La Naissance de la Connaissance

Il était une fois où Maia allait se perdre dans la brise de montagne tombée depuis les hauteurs des grands pics blancs. Mais ce jour-là, elle marchait sans passion aucune pour le monde extérieur et ses belles séductions.
Son esprit était replié sur quelque chose de plus interne. Mais elle savait aussi que le chemin qu’elle empruntait était étroit, avec des racines d’arbres s'avançant sous des angles qui défiaient la prédiction ; cheminer exigeait une étude visuelle, et, par conséquent, la pensée.
Elle décida de s'asseoir sur un gros rocher au milieu du parterre forestier, à quelques mètres seulement du bord du chemin. Là, elle pourrait se concentrer sur son problème.
Comme elle se sentait confortable sur la carapace de pierre froide, Maia devenait très consciente de l'ambiance de la forêt, et remarqua combien elle était silencieuse. Seul le croassement occasionnel des corbeaux, au fond des bois, perturbait le matin silencieux. Le soleil tachetait le sol, mélangeant les lumières et les ombres de feuilles qui étaient agitées par un faible vent.
Peu de temps après, elle entendit des pas et vit les vagues traits d’un étranger arrivant par le sentier. C’était un homme âgé, probablement un mendiant, pensait-elle, comme on pouvait les voir parfois cherchant des champignons et des baies dans les bois.
Maia, une âme confiante, salua le vieil homme avec un agréable "bonjour", affirmant légèrement de la tête tandis qu'elle parlait.
L'homme s’arrêta dans son élan, comme si sa voix le fit tressaillir, et soupira lentement.
«Je n'ai pas vu le bien jusqu'à présent. »
Maia fut décontenancée par sa réponse bourrue car c’était en effet une belle matinée, quel qu’en soit la définition. Mais elle remarqua alors qu'il avait l'air fatigué et fragile, et ses vêtements, le signe révélateur des mendiants, étaient usés au fil, offrant une chaleur symbolique.
«Où allez-vous ? », demanda Maia.
Il la regarda plus minutieusement, voyant une belle jeune femme, peut-être vingt ans, avec très peu d'ornement ou de faux-semblants. Ses cheveux noirs étaient en partie enchevêtrés dans les branches basses qui initient quiconque emprunte ce chemin dans la forêt, en supposant qu'ils aient une chevelure. Ses yeux révélaient une vivacité d'esprit aussi sûrement qu'une ombre éjectée par une lumière vive.
« Ma destination est indécise», répondit-il. «Même si j’ai entendu parler d'un oracle dissimulé loin dans ces bois, et j'y ai pensé une ou deux fois, eh bien ... en réalité plus que je ne peux compter, rencontrer cet oracle et lui donner un morceau de mon esprit... »
«S'il y a un oracle », répondit Maia, « vous devriez poser des questions bienveillantes, pas dire ces choses. Les oracles sont très rares vous savez, et ils peuvent vous apporter un grand tort ou un grand secours, selon la façon dont vous vous en approchez. »
Le vieil homme la regarda et lui sourit, d’une façon supposée spontanée, mais Maia pouvait voir qu'elle était calculée.
« Vous avez une façon de faire enjouer », dit-il. « Peut-être que vous aimeriez vous joindre à moi pour cette recherche ? » Le vieil homme cligna de l'œil, en essayant de garder son invitation espiègle.
Maia rapidement refusa. «Je ne sais vraiment pas ce que je pourrais demander à un oracle, et d'autre part, je ne suis pas sûre de croire ce qu'il dirait. Comment pourrais-je savoir s'il est sage et utile, ou juste un escroc ? »
« Justement, l'oracle est dissimulé loin pour une raison », répondit-il. «Si c'était une fraude, qui se donnerait la peine de le cacher? N'avez-vous pas entendu parler des légendes de ces bois ? »
Maia secoua légèrement la tête et plissa les yeux. « Légendes ? »
«Il y a longtemps, l'oracle de ces bois fut utilisé par le Fils de Dohrman pour renverser le roi et ses grands prêtres. Il réussit seulement grâce à son alliance avec l'oracle. » Le vieil homme regarda ses chaussures en lambeaux et ajouta : « Je suis surpris que l’on n’enseigne plus ces légendes à l'école. »
« Ce qu'ils enseignent est de ne pas se fier aux oracles», entonna Maia. « Il est impossible de distinguer le sage de la connivence. »
« Si tel est le cas, comment le Fils de Dohrman remporta-t-il la victoire sur les puissances du Roi Merchand et de son prêtre dont la ruse est incontestablement supérieure à tout oracle escroc ? »
« Si la légende est vraie », répondit Maia. «Où pensez-vous qu’il se trouve l’oracle ? »
Maia balança ses bras aussi large qu'elle le pouvait. «Ces bois sont profonds et vastes, et il y a de nombreuses régions inexplorées. Même les cartographes ne se sont pas aventurés dans ses portées les plus profondes, de peur de ne jamais revenir. »
Le vieil homme pouffa de rire, mais assez fort pour que, dans le silence de la forêt, Maia l’entendit.
« Ce n'est pas tout à fait vrai », commença-t-il. « Je vous ferais savoir que je n'ai pas toujours été un mendiant. J'ai vécu et travaillé une vie respectable en tant qu'artiste, et j'ai eu quelques amis que je comptais parmi l'élite de ma ville. Un d'entre eux était, en fait, un cartographe, quoique de stature douteuse, mais seulement parce qu'il était muet et très sélectif de ses connaissances. »
« Il s’appelait Josiya, et il rêvait de trouver l'Oracle de Dohrman, surtout depuis que son père lui a raconté les légendes. De l'époque où il était un jeune garçon, il avait entendu les histoires d'un ancien oracle qui était caché dans ces bois, amené sur cette planète par une race d'êtres si loin de notre temps qu'ils ont apparu à l'homme comme des dieux, bien qu’ils soient humains. »
« Vous dites que cet oracle ... l'Oracle de Dohrman est un être de l’espace ? »
«C'est la légende. »
La curiosité de Maia était suscitée. Elle croyait en la vie extraterrestre ; compte tenu des mondes innombrables dans l'espace, c’était logique. Mais elle n'avait pas considéré que des êtres de l’espace puissent être des hommes du futur. Cette légende, semblait-il, était plus passionnante qu'elle ne l'avait d'abord pensée. Mais elle le garda pour elle, c'était seulement une légende racontée par un inconnu qui se trouvait être un mendiant.
« Et encore une chose », continua le vieil homme avec un air décontracté, « Josiya a trouvé l'Oracle. »
« Il devait avoir une carte », chuchota Maia.
«Avant de mourir, Josiya m'a convoqué. J'ai été choqué par la tournure soudaine de sa mort. C’était un homme puissant, avec l'endurance d'un bœuf et, à part son incapacité à parler, il était de toute manière un homme qui jouissait d'une santé excellente. »
« Comment l’avez-vous rencontré ? », interrompit Maia.
« Notre amitié commença à partir du moment où j'eus peint son portrait et celui de sa femme. Et en dépit de son incapacité à parler et de ma propre incapacité à comprendre la langue des signes, nous rédigions des notes dans les deux sens sur l'art, la philosophie, la politique et le cosmos bien sûr, son sujet de prédilection d’entre tous. »
«Quand avez-vous appris qu'il avait une carte de l’Oracle ? », demanda Maia.
«Soyez patiente. Il y a plus à cette histoire », répondit-il avec un soupçon de sourire.
« Josiya me passa des notes pendant de nombreuses années, et un jour il m'invita à enregistrer ses notes, parce qu’il voulait écrire un mémoire à mesure qu'il vieillissait. Eh bien, la vérité était que j’avais déjà rassemblé ses notes - toutes - parce qu'elles détenaient une signification pour moi qui n'a jamais été égalée dans aucun autre écrit. »
« Quoi qu'il en soit, un jour peu de temps après sa mort, sa femme m'a rendu visite. Elle m’a dit que son mari m’avait écrit une longue lettre la nuit avant sa mort, et elle l’avait, peut-être à tort, lue. Elle s’excusa, exemptant son indiscrétion comme action d'une veuve éplorée tenant beaucoup à entendre, ou dans ce cas, lire les pensées de son bien-aimé, même si elles étaient destinées à quelqu'un d'autre. »
« J'ai rejeté son inquiétude, mais elle s’est mise à trembler d'une façon terrible alors qu’elle me remettait la lettre.»
« Que disait-elle ?», interrompit Maia.
« Il confirmait qu'il avait trouvé l'Oracle de Dohrman, mais beaucoup, beaucoup plus que cela. Il affirmait dans sa lettre que les notes que je possédais pouvaient être jointes pour former un code mathématique qui donnerait accès à l'Oracle. »
Maia se leva. «Ce n'était donc pas une carte? Comment peut-il aider à accéder à l'Oracle si vous ne savez pas comment le trouver ? »
« Josiya n’a jamais eu une vraie carte, quoiqu'il sût où se situait l'Oracle. Dans sa lettre, il disait que l'Oracle de Dohrman était gardé par la Garde Suprême, et était inaccessible à quiconque, sauf aux Grands Initiés de l'Église. Il était gardé comme s’il était l'objet le plus important du monde entier. Faire une carte était futile puisque la personne l’utilisant perdrait probablement la vie. Ainsi, il refusa de publier une carte, car il ne voulait pas la mort de quelqu'un sur sa conscience.»
«Et pourtant, vous voulez le trouver ? », demanda Maia un ton moqueur dans la voix.
« Josiya a trouvé l’Oracle ou, plus exactement, l’Oracle l'a trouvé. »
« Que voulez-vous dire par l’Oracle l'a trouvé ? »
« Josiya a écrit qu'une apparition s'est approché de lui dans les bois - c'était à peu près il y a deux ans - et lui a dit qu'il était l'Oracle. Qu'il était en quelque sorte en mesure de se projeter hors de sa forteresse de pierre dans laquelle il était emprisonné. L'Oracle lui dit qu'il était devenu humain, et qu'il serait bientôt en mesure de se libérer du monolithe de pierre dans lequel il vivait. »
L'homme se tut. « L’Oracle a donné à Josiya un code. »
« Et ce code, comment peut-il vous aider à localiser l’Oracle ? », demanda Maia.
«Je ne sais pas vraiment», la voix du vieil homme se perdait dans l'incertitude, « mais j'ai une théorie si vous êtes intéressée à l'entendre. »
Maia passa ses mains dans ses cheveux et s'assit à nouveau sur le gros rocher, signalant sa disposition à entendre plus de l'histoire. Les problèmes, avec lesquelles elle avait été aux prises auparavant, ont complètement disparu de son esprit.
«La lettre donnait des instructions sur la façon de convoquer l'Oracle ou, dans une certaine mesure, de le faire devenir être. Josiya maintenait que, tant que vous êtes à une certaine distance de l'Oracle, vous pouvez l'appeler à apparaître et il se manifestera à partir de rien. »
«Je sais que cela semble improbable, et je serais certainement d'accord, mais c'est là que ça devient intéressant et quelque peu dangereux en même temps. » Il se pencha en avant et dirigea son regard vers Maia avec une nouvelle intensité. « Josiya a écrit que le code lui a été donné par l'Oracle lui-même, et affirmait qu'il s'agissait d'un portail de communication, comme un téléphone d'une autre race qui fonctionne en dehors de notre temps et espace. »
«Il fut placé sur la planète comme une source de sagesse pour les dirigeants de l'humanité et il fut initialement utilisé conformément à ce plan, mais seulement pendant une courte période, puis il tomba sous la responsabilité de l’Église qui a exploité ses connaissances afin qu'elle puisse manipuler le pouvoir des maisons royales. »
« Malheureusement, la découverte de Josiya de l'Oracle de Dohrman fut annoncée par l’Oracle lui-même, et le Prêtre Suprême savait qu'une personne extérieure pouvait découvrir son plus grand secret, mais le Prêtre Suprême n'était pas fataliste, et il croyait que Josiya pourrait être arrêté. »
« L’Oracle a-t-il spécifié Josiya par son nom ? », demanda Maia.
« Non, et ce fut la partie la plus délicate pour Karnomen, le Grand Prêtre. Karnomen savait que l'Oracle avait servi loyalement la lignée de ses prédécesseurs, sans jamais tomber sous le soupçon même de la famille royale. L'Oracle était le secret le plus étroitement gardé des Âges. »
« Mais l'Oracle avait prédit qu'un homme le libérerait du contrôle intéressé de l'Église, et sa sagesse serait utilisée pour le bien de tous. Alors Karnomen attendit. Il surveillait tous les mouvements dans les bois, gardant l'Oracle avec grand soin et diligence. »
«Mais comment pouvez-vous garder quelque chose qui peut apparaître n'importe où dans la forêt? Cette forêt est trop vaste à contrôler même pour l'armée du roi. »
« L’Oracle est resté dans le lieu secret initialement créé pour lui», répondit le vieil homme, « jusqu'à ce que Josiya l'ait découvert. C'est alors seulement qu'il est devenu de plus en plus mobile. Josiya a activé quelque chose en l'Oracle qui permettait de ... ainsi, selon les termes de Josiya, «Devenir invisible à tous sauf aux initiés ». Ce fut la tâche de Josiya, non seulement découvrir l'Oracle, mais plus important encore, de le cacher à ceux qui voudraient utiliser son pouvoir pour de mauvaises raisons. »
Maia écoutait attentivement, se demandant comment donner un sens à l'histoire. Comment se fait-il qu’elle n’ait jamais entendu parler de cette légende auparavant ? Une telle connaissance semblait essentielle, et pourtant elle n'était pas enseignée ou même parlée en dehors de l'école. Combien c’est très extraordinaire, pensait-elle, qu'elle devait l’apprendre d'un parfait inconnu, d’un mendiant ni moins. »
«Depuis combien de temps avez-vous entendu parler de ce code ? », demanda-t-elle.
« Il y a un peu plus de deux ans que Josiya a été tué. »
« Assassiné ? »
« Oui, bien sûr», répondit le vieillard. « Il a été empoisonné par des agents de Karnomen. »
« Et les notes, où sont-elles maintenant ? »
« Toutes brûlées. »
«Complètement détruites ? », s’exclama Maia.
« Comment pensez-vous que je suis devenu un mendiant ? »
« Je... Je. .. Je ne sais pas », balbutiait-elle.
« Après la mort de Josiya, ses plus proches amis furent repérés, leurs domiciles fouillés puis sommairement brûlés. Nous avons tous tout perdu, la seule bonne fortune, c'est que ses amis ne pouvaient se compter que sur les doigts d’une main. Chacun de nous est venu sous la surveillance de la Garde Suprême et nous avons été interrogés avec brutalité, certains en sont même morts. » Sa voix tombait à un murmure alors qu’il racontait la gravité de ces temps.
« Comment avez-vous survécu si vous aviez les codes ? », demanda Maia.
Le vieil homme s'est finalement assis avec un long soupir et croisa les jambes sous lui. «J'ai survécu parce que l'épouse de Josiya a menti pour me protéger. C'est la seule raison pour laquelle je suis ici. Elle m'a littéralement sauvé. »
« Comment ? »
« Elle a dit à ses interrogateurs que son mari ne me connaissait professionnellement ... que comme un portraitiste et rien de plus. »
« Qu'en est-il des codes? Leur en a-t-elle parlé ? »
« Oui, mais elle leur a dit qu'ils avaient brûlé dans l'incendie. »
« L’ont-ils cru ? »
« Il semble que non ... parce qu’ils l'ont tuée. »
Maia laissa les mots couler pendant un moment. Cela la surprenait de voir comment elle compatissait intensément pour une personne avec qui elle n'avait vraiment aucun lien. Mais l'histoire agitait certaines facettes protégées de son cœur, et soudain un pressentiment descendit sur elle comme l'ombre d'un nuage.
« Comment savez-vous qu'ils l'ont tuée en raison des codes? Étiez-vous là lorsqu’elle fut interrogée ? »
« Non, je n'étais pas là », répondit le vieil homme, montrant la culpabilité sur son visage. « Ils m'ont dit ce qu'elle leur a dit quand ils m'ont interrogé. Ils voulaient être sûrs que les codes étaient en leur possession et contrôlés, ou complètement effacés de la planète. En d'autres termes, s’ils ne pouvaient pas contrôler l'Oracle, personne d'autre n’aurait pu. »
«Pourquoi me dites-vous cela ? », entonna Maia. « Il semble insensé que vous partagiez une telle histoire avec une étrangère que vous connaissez seulement depuis dix minutes. Pour tout ce que vous savez, je suis une espionne pour Karnomen. »
Le vieil homme se mit à rire pour la première fois, et dans le calme de la couverture forestière le rire fit écho parmi les troncs d'arbre, déconcertant Maia.
«Vous, ma chère, êtes sans aucun doute d'une autre pâte », le vieil homme sourit.
«D'ailleurs, Karnomen a abandonné. J'ai vu ses espions, et ils ne vous ressemblent en rien. » Son rire revint, mais était plus modéré.
«Je suis un vieil homme sans biens, que les vêtements sur mon dos et mes instincts. »
Il décala légèrement son poids en redressant ses jambes.
« La peur n’a pas d’emprise sur moi, même si vous étiez un de ses espions. Comme vous pouvez le voir je ne sais pas comment trouver l'Oracle ou le convoquer pour une matérialisation. »
Sa voix s’adoucit légèrement. « Un artiste observe, pas toujours juste avec ses yeux. Il voit aussi l'être intérieur de chacun s'il est vraiment un artiste, et dans cette vision j'ai constaté que vous êtes digne de confiance. Je vous ai divulgué ceci parce que j’ai estimé que vous êtes en quelque sorte connectée à l'Oracle. »
Maia changea nerveusement, évitant ses yeux. «Pourquoi pensez-vous cela? Il semble que vous devenez illogique. »
« Je ne tiens pas vraiment compte de la logique », répondit-il. «Mon intuition me renseigne et à partir de là, j’ensuivre. Ce que je sais, de tout mon être, c'est que Josiya était un important sage terrestre. Il m'a donné cette nouvelle voie, et je suis obligé de la suivre. »
«Je suis confuse », avoua Maia. «J’écoute votre histoire et il y a une partie de moi qui m’enthousiasme et veut aider, mais il y a une autre partie qui demeure incrédule. C’est impossible. Et si c'est le cas, quel rôle pourrais-je éventuellement avoir dans la localisation de l’Oracle de Dohrman et, à ce moment-là, d'y avoir accès une fois trouvé ? »
«Et même si nous le trouvons », continua-t-elle, « et alors? Que ferions-nous avec lui ? Lui poser quelques questions sur l’avenir ? Mon avenir ? Je ne le pense pas. Plus je pense, moins je voudrais même prendre contact avec les êtres qui ont placé cette Oracle sur notre planète. »
«Et pourquoi cela ? », demanda le vieillard d'un ton perplexe.
Maia soupira. « Cet Oracle a aidé les dirigeants de l'Église, n’est-ce pas? Il a rendu possible leur religion ! Sans oublier la connexion sinistre avec la Famille Royale. Combien de personnes furent tuées, comment de propriétés furent en plus détruites, combien de guerres furent livrées comme résultat direct de cette Oracle ? Le savez-vous ? »
« Non », le vieil homme secoua la tête. « Mais Josiya a écrit que l'Oracle a toujours dit la vérité en réponse aux questions posées, mais le récepteur de ses réponses - le Grand Prêtre - pouvait modifier les connaissances acquises de l'Oracle pour servir son propre dessein. »
« Donc, qu’est-ce qui est censé excuser l’Oracle ? », demanda-t-elle. « Est-ce la vérité supposée nous libérer? Est-ce l'Oracle qui devait s'assurer à ce qu'elle ne soit pas utilisée à mauvais escient ? »
Le vieillard soupira en reconnaissance.
«C'est pourquoi, j'ai dit que je voulais donner à l'Oracle un morceau de mon esprit.» Il prononçait ses paroles et se tenait sur ses pieds avec un niveau de contrôle qui surprit Maia.
Alors qu'il avait l'air vieux et fatigué à la première rencontre, c'était surtout à cause de son aspect désordonné et des vêtements en haillons ; sous ces derniers il avait un physique robuste.
«Je pense qu'il est temps pour moi de continuer mes recherches. Je vous remercie pour votre compagnie, aussi brève qu’elle fut. J'espère que nous aurons la chance de rencontrer à nouveau. »
Sur ce, il s'inclina lentement et se mit à marcher sur le chemin plus avant dans la forêt.
Maia était toujours pensive sur ce qu’il faut dire alors qu’il se retournait et s'éloignait.
«Attendez, je ne sais même pas votre nom », lâcha-t-elle.
Il s'arrêta dans son élan et sans se retourner dit : «Joseph Amenzano. »
«Je suis Maia », cria-t-elle à moitié. Puis, sans vraiment y penser, elle glissa vers le bas du rocher et courut jusqu’à lui, tendant sa main dans la salutation coutumière d'un ami. « Il me semble qu’après tout ce que nous avons discuté, autant que nous ayons au moins une bonne présentation. »
« Oui, oui, vous avez raison, bien sûr », dit-il se tournant et lui serrant la main. «Aussi vieux que je suis, j’oublie parfois ces civilités. Je vous remercie pour le rappel. »
« Passez une bonne journée, Maia. » Et pour la seconde fois il se tourna pour descendre le chemin, mais cette fois Maia le saisit par le bras.
« Je vais vous aider si vous voulez », dit-elle. « Je... Je ne sais pas comment, mais je vous aiderai. » Ayant prononcé ces paroles, elle demeura silencieuse. Pourquoi fais-je cela ?
Joseph ne pouvait pas cacher son enthousiasme à son offre. « Maintenant, je vois le bien aujourd’hui, ma chère ! Par où commencer ... par où commencer. »
Maia sourit. «D'abord, dites-moi quelle partie de la forêt pensez-vous qu’il serait préférable d'aller pour appeler l’Oracle ? »
Il regarda un instant vers le ciel comme s'il cherchait ses réponses dans le fourré de branches d'arbres au-dessus de lui, mais rapidement retourna son regard vers les yeux en attente de Maia.
« Josiya a écrit que l'Oracle se déplaçait au sein de la forêt, mais jamais à proximité de sa périphérie. Il préférait le sanctuaire intérieur, car il était mieux protégé et les voyageurs ne pouvaient jamais tomber accidentellement sur lui. Donc, je pense que nous devrions voyager vers l'intérieur du bois, mais alors que nous y allons, nous devrons sortir des sentiers et créer notre propre chemin, peu importe s’il est difficile. »
« Et puis quoi ? Je suppose que vous avez les codes ... il vous suffit de les dire, et si vous êtes à bonne proximité de l'Oracle il apparaît comme par magie ? »
« Quelque chose comme ça», a reconnu Joseph. « Je ne suis pas vraiment sûr. Josiya n’a pas été clair sur le processus exact. Il a écrit que les codes devaient être prononcés à haute voix et que l'Oracle devait entendre les codes, ce qui signifiait que nous devions être dans un intervalle d'environ cent mètres, je suppose. »
Puis, montrant sa tête, il ajouta avec un sourire. « Le bon code est ici. »
«Ma voix est claire et porte bien», offrit Maia, « je crois que je peux doubler cette distance, en particulier dans le silence de ces bois. Espérons que l'Oracle ait une bonne ouïe. »
Ils eurent tous deux un petit rire à l'idée.
« Très bien, nous avons notre plan », dit Joseph. «Êtes-vous prête ? »
« Nous n'avons aucune nourriture ou eau », déclara Maia. « Peut-être que nous devrions attendre quelques jours afin que nous puissions préparer et rassembler ceux dont nous avons besoin pour ce voyage. »
«La forêt subviendra à nos besoins, Maia. Ayant été un mendiant pendant les deux dernières années, je suis que trop familier avec l'art de la recherche de nourriture. Et pour être honnête, ce n'est pas ma première venue dans ces bois - jusque dans son intérieur. »
Il commençait à marcher sur le chemin et Maia le suivait, ne sachant pas pourquoi elle avait confiance en lui, mais il y avait quelque chose sur sa manière, le choix de ses paroles, son ton de voix, peut-être ses yeux, qui ont fait que la confiance devienne une proposition facile. Joseph possédait la plus rare des qualités : une soif pour l'auto-perfection, et elle était contagieuse.



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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeVen 22 Juil - 0:13

Chapitre 1 - ( 2/2 )

Contenait précédemment la deuxième partie qui est maintenant intégrée dans la première partie


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMar 26 Juil - 0:01

Chapitre 2 - Le Secret d’une Forêt

« C'est là où nous divergeons de la piste », annonça Joseph. « Si nous descendons ce ravin, ce sera difficile, mais c'est une partie de la forêt que j'ai déjà pu explorer auparavant et c'est un endroit idéal pour la recherche en raison de son éloignement. Les voyageurs l'évitent car on a du mal à manœuvrer, et les cartes, telles qu'elles existent, ne fournissent plus de détails. »
Maia jeta un regard sur les sous-bois épais et l’angle de la descente et se demandait si elle était en mesure d’effectuer cette tâche. Durant ces brefs instants de jugement, Joseph évoluait déjà dans le ravin à un rythme étonnamment rapide. Maia, mettant ses calculs de côté, suivit comme un poulain sa mère.
Toutefois la descente ne fut pas sans encombre puisque Joseph trouva un buisson d’épines acérées au fond du ravin, alertant Maia avec un cri effrayant et perçant.
«Ça va ?», demanda Maia, haletante alors qu’elle s'arrêta à côté de Joseph. Il avait déjà commencé à remonter le bas de son pantalon pour examiner les coupures à la jambe.
«Ce sont des coupures mineures, mais elles piquent », dit-il. « Ça ira, mais nous devons juste garder un œil sur les misérables buissons d'épines. »
« Laissez-moi de jeter un œil à ces coupures », ordonna Maia alors qu’elle se penchait et examinait les éraflures sur la jambe de Joseph. Elle les regarda attentivement.
«C'est exactement pourquoi je voulais quelques jours pour se préparer », dit-elle avec un ton de réprimande dans sa voix. « Nous n'avons aucun bandage ou ... ou même de l’eau. »
« Tout d'abord, je vais bien. Ce sont juste des éraflures. En second lieu, je sais qu'il y a un ruisseau de l'autre côté de ce ravin, j’irais alors les nettoyer et ce sera comme neuf. D’accord ? »
Maia hocha la tête.
«Cette eau, est-elle buvable ? » Elle se tenait debout et surveillait leur position.
« Oui, c'est de l'eau exceptionnelle. Suivez-moi aussi précisément que possible et ne tardons pas trop. »
****
La forêt était remarquablement silencieuse. Aucun animal ne pouvait être entendu détalant dans les parages.
La brise occasionnelle faisait sonner le carillon de feuilles, mais même celui-ci était assourdi à un niveau presque inaudible.
Le Sorcier faisait des va-et-vient dans sa petite cabane en bois où il y avait un livre ouvert à la page 1285. C'était un livre colossal qu'il avait réellement essayé de déplacer qu’une seule fois dans sa vie, et même alors, ce n'était seulement que pour le protéger d'une fuite qui avait jailli de son toit, menaçant de détruire son livre bien-aimé.
Il baissa les yeux sur la page ouverte, remua imperceptiblement les lèvres et regarda avec un froncement de sourcils. « Cela ne peut pas être juste », se dit-il. Il mit son index sur le texte comme si cela changerait en quelque sorte les mots selon son goût. De nouveau, son visage se rida et il toucha le sol en terre battue avec son bâton en bois, « personne ne peut faire ça ! »
Le Sorcier pivota, saisit un cristal, long et mince comme un glaçon brillant et le tint sur son cœur. Fermant les yeux, il commença à marmonner quelques mots, faiblement tout d'abord, et ensuite tout à coup sa tête antique, ornée de cheveux souples argentés longs jusqu’à la taille, se jeta en arrière vers les étoiles invisibles. « Enfin, il commence ! », cria-t-il.
****
Joseph avait raison sur le ruisseau. Son eau était claire avec une douceur naturelle qui étanche la soif, mais sans donner le désir de goûter davantage. Maia et Joseph mirent leurs mains en forme de tasse et burent sans réserve.
«Qu’est-ce qui rend cette eau si bonne ? », demanda Maia en séchant son menton avec sa manche.
«L'eau reflète la géologie qu'elle traverse. Elle absorbe les minéraux et oligo-éléments qui ont été déposés dans ces forêts depuis de nombreux siècles. »
« Ce sont des ruisseaux souterrains au long de ces bois et la plupart n'ont jamais été touchés par des mains humaines ... du moins pas depuis les mille dernières années ou plus. »
« Dites-vous que ces bois étaient autrefois habités par des personnes ? »
« Ils l’étaient très certainement », répondit Joseph. «Il y a des livres qui prétendent cette forêt était autrefois le lieu privilégié de nos ancêtres. »
« Vous voulez dire que nos ancêtres ont choisi de vivre dans cet endroit ? », déclara Maia alors qu'elle se tenait debout, en soulignant son incrédulité avec ses mains fines.
« En effet, ils l’ont fait. Des ruines ont été découvertes ... vous n'avez pas étudié cela à l'école encore ? »
« Je ne crois pas », répondit-elle.
«Ces gens étaient appelés les Chakobsa. C’étaient des forestiers et avaient des villages entiers dans la canopée. » Joseph essuyait ses coupures avec un mouchoir imbibé d'eau et pointa certains des grands arbres de l'autre côté du ruisseau.
«Ces arbres, juste là. Ce sont les arbres Acconyan de la seconde génération, peut-être neuf cents ans, et ils vivront encore trois ou quatre siècles si laissés seuls. Ceux... ce sont les arbres qui ont soutenu nos ancêtres. »
Maia regardait avec admiration les arbres robustes, sentant qu’ils étaient en effet antiques. « En trouve-t-on uniquement dans cette forêt ?»
« Oui, pour autant que je sache. »
«Je veux les voir de près, peut-on nous en approcher ? »
«Suivez-moi», et Joseph roula son pantalon et franchit le ruisseau.
****
Il commençait à faire sombre et la faim de Maia la rongeait à chaque pas. « Quel est notre plan pour manger et se reposer ? »
Joseph stoppa dans son élan et se tourna vers Maia, son index posé sur ses lèvres pincées. Il s'accroupit et signala à Maia d’en faire autant. Joseph scruta les arbres et les broussailles denses devant eux après des signes de vie tandis que Maia, sans une technique pour la supprimer, entendait les murmures de son estomac vide dans le silence parfait.
Soudain il y eut une voix au fond des bois. C'était la voix d'un homme et elle était à peine perceptible. C’est seulement parce qu'ils s’étaient arrêtés qu’elle pouvait être entendue qu’en étant pleinement concentré sur l’écoute. Maia se demanda comment Joseph l’a-t-il remarquée alors qu'ils marchaient.
Elle rampa près de lui jusqu'à ce qu'elle soit à quelques centimètres. « Qu'est-ce que c’est ?»
« Je ne sais pas. Peut-être une sentinelle. Peut-être un voyageur. Peut-être un mendiant. Peut-être un chasseur. Je ne sais pas. »
«Une sentinelle ! », cria Maia d'une voix basse. «Pourquoi y aurait-il des sentinelles si profondément dans la forêt? D'ailleurs, pourquoi y aurait-il une sentinelle n'importe où dans la forêt ? Vous aviez dit que Karnomen avait renoncé à l'Oracle. »
Joseph plaida. « S'il vous plaît, parlez moins fort. Nous ne savons pas combien elles sont et certaines pourraient être plus proches. »
Le bruit d'un rameau cassé mit leurs esprits en alerte maximale. Instinctivement ils s’accroupirent encore plus bas. Joseph se tourna vers Maia, encore une fois son doigt sur ses lèvres, mais cette fois ses yeux reflétaient un sentiment de danger dont Maia ne pouvait se méprendre, et son cœur était froid de peur.
Plusieurs corbeaux les survolèrent en brisant le silence avec leurs croassements d'alarme.
Plusieurs voix pouvaient être entendues - cette fois plus près qu’auparavant. Joseph tendit jusqu'à trois doigts, puis fit signe de rester immobile et silencieux.
« Vous savez que les corbeaux ont tort quatre vingt dix-huit pour cent du temps», déclara une voix lointaine. C'était la voix d'un jeune homme, pensa Maia. Elle regarda dans la direction de la voix, cherchant à voir à travers les broussailles épaisses, mais elle ne pouvait seulement voir qu’un déplacement occasionnel et ne pouvait être sure si c’était humain. Qui que ce soit était au moins à trente mètres, et ne semblait pas trop inquiet au sujet de leur furtivité.
En quelques minutes, les voix furent englouties dans le silence de la forêt et Joseph se remit lentement debout.
« C’étaient des sentinelles, j’en suis sûr », dit-il. «Je n'en ai jamais vu auparavant si profondément dans la forêt. »
« Pourquoi sont-elles ici? Vous cherchent-elles?»
« Non, non », dit Joseph en riant doucement. «Il y a longtemps qu’ils ont perdu espoir à mon sujet. Néanmoins, je ne veux pas qu'elles me trouvent ici parce qu'elles changeraient d'avis quant à mes intentions et la connaissance des codes. »
Maia exhala un soupir nerveux. «Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que la main de Karnomen serait cachée dans ces bois et vous - nous – pourrions en être sa cible ? »
«J'ai cherché l'Oracle pendant deux ans, Maia, et c'est la première fois que je rencontre des sentinelles. J'ai entendu des histoires ... mais je n'ai jamais vu ou entendu aucune d’entre elles. Vous devez me croire. Si j'avais senti que vous seriez en danger en m'accompagnant, je vous l’aurais sûrement dit. »
« Y a-t-il autre chose que vous avez négligée ou oubliée de me le dire ?»
Joseph secoua la tête lentement, en regardant ses chaussures en lambeaux.
« Très bien », déclara Maia, « Continuons. C'est une forêt immense. Je ne peux pas imaginer que nous nous heurterons de nouveau à eux. Nous avons probablement seulement une heure au plus de lumière ... et nous devons trouver abri et de la nourriture. »
« Oui, oui, vous avez raison », répondit Joseph. « Nous devons nous concentrer sur la nourriture et un abri. J’ai quelques provisions dans ma poche, tout ira bien. »
« Vous avez de la nourriture dans vos poches ?»
« Pas de nourriture, mais j'ai des allume-feu. J'ai une arme, aussi, qui est bonne pour le petit gibier. Aimez-vous le faisan ou la caille ? »
Maia hocha la tête.
«Je peux les trouver. Il y a aussi des baies dans ce ravin ... pensez-vous que vous pouvez en recueillir quelques-unes ? »
Maia tourna sur place où elle était, « Je pense que oui. Peut-être pourriez-vous me dire quoi chercher. »
« Quoique ce soit qui ne soit pas rouge », répondit Joseph souriant largement.
Les effets sinistres du passage de la sentinelle ont laissé la place à la nécessité de trouver de la nourriture, et Maia pouvait sentir les fils de la journée se déroulaient, et bientôt la nuit tombée, avec ses racines sombres, ferait échec à la lumière.
****
Le feu fournissait la chaleur nécessaire, la lumière, et surtout, au moins à Maia, une caille cuite qui était délicieuse. Joseph était en effet un chasseur expérimenté. En utilisant un lance-pierre fait maison plutôt rudimentaire et une poignée de pierres, il s'était révélé un excellent tireur et chasseur. Cette nuit-là - la première nuit dans la forêt - Maia et Joseph ont dîné sous les étoiles avec des mûres et des cailles pour satisfaire leur faim.
«Avez-vous été surpris que je sois venue avec vous ? », demanda Maia alors qu’elle terminait son repas et s’appuyait contre un tronc d'arbre.
« Oui », répondit Joseph. « L'invitation est tombée de ma bouche avant même que je puisse penser à la récupérer et maintenant que nous sommes ici, en fait ça m'inquiète un peu ... à être responsable de vous. »
Maia sourit mais resta calme.
«De toute façon, pourquoi étiez-vous dans les bois ce matin ? » demanda-t-il.
«C'est personnel», répondit Maia. « Je pense toujours être mieux quand je suis dans les bois. Je suppose que je trouve un grand réconfort auprès des arbres. »
Elle se sentait impaire à son prologue. Cela lui rappela qu'elle ne connaissait pas Joseph vraiment très bien, et pourtant elle se sentait plus à l'aise avec lui qu’avec quiconque qu'elle connaissait, sauf avec sa mère.
Joseph pouvait dire qu'elle s'ouvrirait un peu à lui. « Quel genre de choses envisagez-vous dans les bois ? »
«J'ai eu une dispute avec mon père la nuit dernière. C’est un homme violent quand le diable alcool s'empare de lui, et il dit certaines choses qui ont été pour moi ... disons simplement dit qu’elles ont été mesquines. »
« Quel genre de choses, si je peux demander ?»
« Il pense que je gaspille ma vie», expliqua Maia. «Je ne réussis pas bien dans mes études, je n'ai pas de perspectives pour le mariage, et ... et je suis trop autoritaire pour mon âge et sexe. »
Joseph écoutait et veillait à ce qu'elle ait fini de parler avant d’offrir une observation.
« Voilà donc pourquoi vous êtes venue avec moi. Vous vouliez vous éloigner de votre père et montrer votre indépendance. Peut-être même le punir un peu. Je suis sûr que votre famille sera inquiète au sujet de votre localisation. »
«Je n'ai pas vraiment une famille, juste mon père. »
« Très bien, alors », dit Joseph, « mais votre père sera inquiet, n'est-ce pas ? »
Le feu émettait ses flèches de lumière dans la canopée des arbres avec des vagues rythmées de lumière, et puis, soudain en dehors du cercle lumineux du feu, il y eut un clic bruyant. Joseph se retourna pour voir un canon de fusil dirigé carrément entre ses sourcils.
« Eh bien, regardez ce que nous avons ici », dit l'homme avec l’arme.
Un autre homme s'avança avec une arme qui était pointée sur Maia. « On dirait que le plus étrange couple que nous ayons jamais trouvé ici dans ces bois. »
« Que faites-vous ici tous les deux ?»
« Nous sommes venus pour voir le Sorcier », répondit Joseph, sa voix tremblant légèrement, mais ne manquait pas de cadence.
« Et qui est ce Sorcier ? », demanda le jeune homme.
«Nous avons entendu des histoires d'un grand et sage Sorcier qui vit profondément dans ces bois et nous sommes venus ici pour chercher sa sagesse. Je sais que nous ressemblons aux mendiants mais nous sommes strictement des chercheurs de vérité. »
Joseph n'était pas seulement un artiste et chasseur, mais un acteur, pensait Maia en elle-même.
« Avez-vous des armes ?»
« Non, non », Joseph géra un petit rire. « Si vous ne considérez cela comme une arme. » Il montrait aux hommes sa fronde maison.
Au milieu de leurs rires, Maia pouvait dire qu'ils étaient seulement deux. Elle sentit qu'ils n'étaient pas particulièrement des hommes violents, ne faisant que leur travail. Elle se remit lentement debout, en regardant le canon du fusil la suivre.
« Nous vous offrons un peu de nourriture», dit Maia, « mais nous venons de terminer notre repas. Nous avons des baies que nous avons laissées. »
Les hommes, n'ayant pas été en présence d'une belle femme depuis très longtemps, étaient hypnotisés. C'était presque comme s'ils étaient sous le charme alors qu’ils parlaient.
«Nous ... nous ne pouvons pas », répondirent-ils à l'unisson. «D'ailleurs nous venons de terminer notre propre repas ... mais je vous remercie pour l'offre. »
Comme par hasard, ils baissèrent leurs armes, et se détendaient.
« Ce Sorcier », demanda l'un des hommes, en regardant directement dans les yeux de Maia, « comment savez-vous où le trouver ? »
Joseph savait qu'ils les testaient.
«En fait », dit Maia sans hésiter : « nous espérons qu'il nous trouve ... après tout, il est Sorcier ».
«Je vois, jusqu'à ce que ce grand et magique Sorcier vous trouve tous les deux, vous prévoyez d’errer dans cette forêt ? »
«Non», expliqua Maia. « Ce serait une folie et je vous assure que nous ne sommes pas fous. Mon père et moi suivons nos instincts, utilisons notre imagination, et nous espérons que le Sorcier a un tout petit peu de curiosité pour notre quête, nous trouve et réponde à nos questions au moins. »
« Et depuis combien de temps en êtes-vous à la recherche ?»
«C'est notre première nuit », répondit Maia.
«Nous avons entendu parler du Sorcier dont vous parlez, mais les histoires ne sont pas bonnes. C’est un personnage détestable, je le crains. Rusé au-delà de vos imaginations. » Les jeunes gens se tournèrent vers Joseph. « Il serait sage de prendre votre fille et de quitter cette forêt en premier lieu à l'aube. »
Joseph hocha la tête. « Oui, oui, nous le ferons. Merci pour vos conseils. Nous sommes seulement des gens humbles comme vous pouvez le dire, pas très bien éduqués, et dans nos milieux le Sorcier est considéré comme un homme puissant d'une grande sagesse. »
« Croyez-moi », dit l'homme en baissant la voix à la manière habituelle de quelqu'un qui donne des informations confidentielles, « j'ai entendu des histoires que, si je vous les disais, vous ne seriez pas capable de dormir ce soir. Je vous épargnerai les détails puisque vous avez besoin d'un bon repos afin que vous ayez l'énergie de quitter cet endroit. »
«D'ailleurs, il y a des chasseurs, dans cette partie de la forêt, qui tirent sur tout ce qui bouge. Vous ne voulez pas que votre fille soit tuée par une balle perdue ? »
« Comme vous le dites », commença Joseph, « nous partirons ce matin à l’aube. Merci, une fois de plus pour le partage de vos connaissances à un pauvre mendiant et sa fille. Je tiens seulement à vous donner quelque chose pour votre gentillesse. »
La sentinelle de petite taille tendit sa main et toucha le décolleté de Maia où le reflet d'un collier en or fut montré du doigt. « Ceci suffira. »
Maia frappa sa main et se recula. «C'est de ma mère. Je ne peux pas ... »
Joseph, alarmé par la tournure des événements, mit son bras devant Maia, la poussant derrière lui. «Messieurs, nous ne voulons pas de problème, mais comme vous pouvez le voir, ma fille ne sépara jamais du cadeau de sa mère. Moi, d’autre part, je peux vous offrir ceci. »
Joseph sortit une simple boussole en laiton de sa poche. «C'est la seule chose de valeur que j'ai. Tiens, prends-la. Elle est à toi. »
Les sentinelles se regardèrent, leurs fusils légèrement surélevés. Elles semblaient calculer leurs options. « Gardez votre boussole, nous avons mieux. Vous en aurez besoin pour sortir d'ici. Gardez une orientation nord-est. Si nous vous voyons à nouveau, cette chaîne sera notre paiement, et je ne prends pas une merde qu’on t’a donnée. Compris ? »
Joseph hocha la tête.
« Puis allez dormir un peu, et priez pour que le sorcier ne vous trouve pas »
Après cela les deux hommes s'en allèrent, bavardèrent entre eux, avec des rires étouffés parsemant leur conversation. Joseph et Maia restaient silencieux à l'écoute des voix qui disparaissaient dans la noirceur de la forêt.
« C’étaient des sentinelles ? », laissa échapper Maia.
« Oui, oui », Joseph hocha de la tête. « Je peux dire en raison de leurs fusils et leurs sacs. Seules des sentinelles portent ces belles armes et sacs en cuir, surtout à cet âge. Elles sont assez jeunes pour être mes petits-fils. »
« Et alors qu’est-ce qu’il m’a fait? Je suis censé être votre fille de quarante ans ? »
«Dans cette obscurité, je vois sans doute vingt ans de moins. Je prendrai le compliment, et je ne pense pas qu'ils vous regardaient exactement comme une image maternelle. »
Maia se força à sourire, en espérant que cela la détendrait un peu. Elle n'avait jamais eu une arme à feu pointée sur elle auparavant, et cela lui a laissé un frémissement de mal à l’aise dans son estomac. «Pourquoi avez-vous évoqué cette histoire de Sorcier ? »
Joseph brossait son pantalon, comme s’il collectait ses pensées, murmurant de prudence. « Il y a des histoires qui ont longtemps circulé parmi ceux qui écoutent de telles choses qu'un des prêtres de haut rang fut favorisé par l'Oracle. Le Grand Prêtre, par jalousie, décida de faire tuer ce prêtre. »
« Mais le prêtre, dont l’adresse est une chose légendaire, s’échappa dans la partie la plus profonde de la forêt. On dit que nul ne peut le trouver, car il l'a enveloppée avec ses sorts magiques. »
« Le Grand Prêtre a créé le mythe d'un sorcier maléfique afin que les gens n’osent s'aventurer dans les profondeurs de la forêt et tombent accidentellement sur l'Oracle ou le prêtre fugitif, qui est d’ailleurs probablement mort depuis longtemps. Ces sentinelles essayaient seulement de nous effrayer de la forêt. »
« On aurait dit qu’elles croyaient ce qu'elles nous disaient », déclara Maia.
«Elles croient ce qu'on leur dit de croire », répondit Joseph. «Souvenez-vous, ces sentinelles sont payées pour dire les choses qu'elles disent. Elles ne s'intéressent pas vraiment aux conséquences d'un mensonge. »
«Étiez-vous honnête quand vous avez dit que nous partirons à l’aube ?»
Joseph mit sa main dans la poche de son pantalon et sortit un morceau de papier en lambeaux.
« Et ne pas utiliser ces codes ? »
«Je pensais que vous m'aviez dit que les codes étaient dans votre tête. »
« Ils sont là aussi », répondit Joseph avec un sourire. « C'est juste que je vieillis, eh bien, je veux m'assurer de ne pas les oublier. »
Maia sourit. Son ventre frémissant a disparu en cet instant où elle réalisa que le voyage était toujours en cours. C'était peut-être la véritable cause de son angoisse et le canon du fusil était juste un canon de fusil.
****
Dans les temps anciens, il y avait des êtres mystiques qui, en quelque sorte, - dans l'esprit des hommes - se confondaient entre le monde des anges et des êtres humains, quand effet ils n’étaient l’un ni l’autre. En de très rares occasions, il y avait même ceux qui furent confondus entre le monde des anges et des dieux. C'est cette dernière catégorie de laquelle l’Oracle émergea sur la planète.
Les rares individus, qui marchent entre les mondes des anges et des hommes, sont très souvent les seuls qui trouvent grâce auprès des Oracles. Ce sont eux que les Oracles savent qu’ils sont prêts à poser les questions qui engendrent la vraie sagesse.

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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMar 26 Juil - 0:06

Chapitre 2 - ( 2/2 )

Contenait précédemment la deuxième partie qui est maintenant intégrée dans la première partie


Dernière édition par rené sens le Jeu 8 Sep - 21:28, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeDim 31 Juil - 17:01

Chapitre 3 - Dans les Mains de Dieu

Hugelitod était un prêtre puisqu’il était un garçon. Même jeune enfant, son rêve intense était de servir Dieu et Sa création, selon les directives de Dieu. Son verset favori lui fut donné à partir d'un rêve : « Tout ce que je souhaite vraiment c’est d'être un canal purifié d'humilité. » Il parlait de ce simple verset un millier de fois par semaine, et ce pendant de nombreuses années, jusqu'à ce qu'il se trouve vivant et respirant la prêtrise.
Pour un garçon, il était petit pour son âge et avait tendance à être calme et respectueux. Comme il était moyen dans ses études et dans la moyenne à de nombreux égards - même son apparence, peu lui ont accordé beaucoup d'attention. Mais ce qui se passait en son sein était tout autre chose.
La fidélité profonde de Hugelitod envers Dieu était si extraordinaire qu'elle fut notée par ses supérieurs et cela fit qu’il soit recherché par Karnomen afin d’être un apprenti à son secrétaire. Ce fut une tournure des événements qui a extrêmement déçu Hugelitod car il voulait, plus que tout au monde, être un prêtre actif, poursuivant son amour pour les enseignements de Dieu en enseignant à son prochain les vérités de la vie intérieure.
Néanmoins, au fil du temps, il connut l'honneur d'aider le Grand Prêtre, l'être humain le plus proche de Dieu, qu'il avait appris à aimer et à prendre en considération sans aucune réserve.
Un jour, quatre ans environ après son apprentissage, l’assistant de Karnomen mourut d’une soudaine crise cardiaque et le devoir incomba à Hugelitod d’aider le Grand Prêtre. Cela signifiait qu'il devait être initié à l'Ordre des Seize Rayons afin de servir directement Karnomen. Ce fut un grand honneur, et Hugelitod était reconnaissant de cette possibilité de devenir un participant plus actif dans le sanctuaire de Sa Sainteté le Grand Prêtre.
L'initiation à l'Ordre des Seize Rayons était l'un des secrets les plus étroitement gardés du Sacerdoce et était même rarement parlée, sauf à voix basse dans les couloirs sombres avec ses alliés les plus proches.
Quand arriva le jour de son initiation, Hugelitod était, en tenue de cérémonie, au début d'un sentier dans la forêt qui était, a-t-il noté, étroitement gardé par des sentinelles armées. Hugelitod était au centre de la procession des Prêtres Ainés qui marchaient en file le long de l'étroit sentier. Peu de temps après, alors qu'ils commençaient leur marche dans les bois, l'un des Grands Initiés de l'Ordre s'avança, marchant à côté du jeune initié avec la tête baissée en signe de révérence à l'Initiateur qui les pointait du doigt.
«Êtes-vous prêt pour votre éveil ? », demanda l'aîné, sa respiration tendue par la marche.
« Je ne sais pas mais si Dieu croit que je le suis, alors il doit en être ainsi. »
« Pensez-vous que Dieu se soucie de savoir si vous êtes prêt ou non? Il ne concédera rien en votre nom, ni Karnomen. Vous devez croire que vous êtes prêt ou vous ne passez pas ce test, mon fils. »
« Qu'adviendra-t-il pour moi si je ne passe pas l’initiation ?»
«De toute façon vous renaitrez, la question est de savoir si vous allez renaitre en un démon ou en un ange. »
L’Ainé devint silencieux et ralentit son pas, reformant la file alors que le chemin devenait plus étroit. Environ cinq minutes plus tard, un autre frère, qui était devant Hugelitod, ralentit en faisant correspondre sa marche à la sienne.
« Ce que vous allez faire l'expérience ne sera jamais parlé, même pas une fois dans votre vie. Comprenez-vous, mon fils ? »
« Oui, mais pourquoi ?»
«Vous comprendrez bien assez tôt », entonna l'aîné.
Les Aînés continuèrent à changer de position durant de brefs instants, chacun offrant une nouvelle règle ou soulignant une facette de l'Initiation que Hugelitod devra tenir compte. C’était la mise en condition, mais elle était également inquiétante pour Hugelitod d'une manière qui le surprit.
L'étroit sentier continua à serpenter entre les arbres et les épaisses broussailles. Chaque kilomètre ou plus, ils arrivaient à un poste de contrôle où un garde hochait la tête silencieusement à la procession, comme leur accordant leur souhait de continuer le sentier. Finalement, le convoi de prêtres arriva à une vaste enceinte. Hugelitod était à peu près sûr qu'il s'agissait du septième point de contrôle depuis le départ du monastère, et une porte était ouverte pour leur permettre de passer.
Après un autre kilomètre ou plus, ils arrivèrent à un arc de cercle de pierres immenses entourant un cercle carrelé de ce qui semblait être d'or et de cuivre. Hugelitod, étant le seul présent qui n'ait jamais vu l'Oracle, exprima son admiration de la seule manière qu’il connaissait. Il s’agenouilla, baissa la tête et récita son verset favori : « Père de tous les mondes grands et petits, prenez ce cœur et inspirez-le de votre grâce. Prenez ce corps et guérissez-le avec votre amour afin qu'il puisse révéler une partie de vous à tous ceux que je rencontre. Prenez cet esprit et façonnez-le au plus haut degré de votre échelle. Éveillez cet esprit et amenez-le à ne faire qu'un avec tous les autres esprits. »
Le cortège s'immobilisa et attendit patiemment que Hugelitod finisse. Après s’être remis debout et alors qu’ils entraient sur le site de l'Oracle, Hugelitod s’inclina devant Karnomen qui lui faisait signe de le joindre au centre. Les pierres étaient de taille gigantesque - facilement trois fois plus grandes qu'un homme - et de l’épaisseur d’un arbre massif. Leurs présences enserraient silencieusement Hugelitod comme s'il était un jeune plant dans un jardin luxuriant.
Les pierres, il y en avait trois, étaient disposées selon une configuration triangulaire et avaient d'étranges sculptures incisées sur leurs côtés, rien que Hugelitod pouvait reconnaître, et il sentit soudainement un soupçon étrange et irréligieux surgir dans son cœur.
«Nous sommes ici », commença Karnomen, sa voix faisant écho parmi les colonnes de pierre, « pour accueillir notre nouvel initié dans l'Ordre des Seize Rayons. » Karnomen se tourna vers l'initié et posa sa main sur son épaule, le conduisant vers la plus grande pierre ayant des inscriptions indéchiffrables en or sur elle. Hugelitod était hypnotisé pendant qu’il étudiait la pierre. Ses yeux se déplaçaient sur les glyphes, à la recherche de quelque chose qui était familier, mais rien ne lui rappelait tout ce qu’il n’avait jamais vu auparavant.
«Vous adresserez-vous à l’Oracle ? », demanda Karnomen.
Hugelitod hocha la tête. L'un des aînés lui avait parlé de l'Oracle, en disant alors qu’il était sous la forme d'une pierre, ce n'était pas une pierre du tout, mais plutôt un interprète pour l'avenir. C’était une passerelle vers les registres du temps, et chaque événement, chaque pensée, chaque sentiment qui n’ait jamais existé - même brièvement - était accessible à l'initié. Il n'avait qu'à demander.
Hugelitod ouvrit la bouche, mais il n'y avait rien. Pas de paroles. Pas de son. Il essaya de nouveau avec le même résultat. Il était soudainement et inexplicablement muet.
Il regarda vers les prêtres aînés pour une explication ou un encouragement mais ils avaient disparu. Il se retourna vers Karnomen et lui aussi avait disparu.
Hugelitod était seul debout devant cette grande présence ; sa chair grouillante d’une extase intense pour laquelle il n'avait pas d'explication.
Sa notion du temps disparaissait et il restait dans ce profond silence, assourdissant pour son esprit. Il se mit à réciter quelque chose que sa mère lui avait enseigné : « la peur vous échouera, l'amour vous dévoilera. » Il répéta cela dans sa tête à plusieurs reprises, et chaque fois il portait son attention plus proche de son cœur en imaginant que l'amour battait là fort et clair.
Il commença à se sentir clairement. Atome par atome, il était déconstruit par une force qui savait exactement comment le réduire à son essence même. C'était comme s’il s’évaporait sous un soleil éclatant, et pourtant il sentait une émancipation croissante comme de nouvelles perceptions qui s’éveillaient en lui qu’il ne pouvait expliquer.
Une voix d’une ampleur inconnue, d’un genre, d’une locution, d’une tonalité ou tout ce qui pourrait l'identifier en tant que personne, lui parla.
« Vous êtes en ma présence. Je peux, par ma nature, vous offrir ce que vous désirez. Vous avez seulement besoin de l'imaginer, de le vivre et de persister jusqu’à ce que vous puissiez récolter vos désirs. Je vous demande donc, quel est votre désir ? »
Bien que la voix fût sans aucun doute d’origine mystérieuse, Hugelitod était convaincu que c'était l'Oracle. Son esprit était clair. «Je désire rien d'autre qu'être serviteur de l’Intelligence qui remplit l'univers. »
« Et si j'étais ceci Une Intelligence, alors vous désirez être mon serviteur ?»
« Oui. »
«Alors j'accepte votre servitude, et en tant que votre Maître, vous devez exécuter mes ordres. Est-ce clair ? »
« Oui », répondit Hugelitod, « mais comment saurai-je avec certitude que votre volonté est accomplie ? »
« Vous le saurez quand les désirs de votre ego seront effacés de votre esprit et les désirs des autres hommes n’auront aucune incidence sur votre chemin, vous saurez alors ce que vous voulez savoir. »
Hugelitod comprit mais une question surgit dans son cœur. « Si je mets vos ordres au-dessus de toutes autres choses, et je les exécute, que de conflits? Certes, vos ordres ne seront pas de dimension humaine, ils auront des conséquences plus éloignées et des répercussions plus larges. Vous me mettrez en conflit vis-à-vis des perceptions humaines, et je deviendrai divergent par rapport au pouvoir en place. »
« Si vous désirez l'alignement sur les puissances de l'homme, alors c'est votre désir. Vous avez dit que vous vouliez servir l’Intelligence, et si cette Intelligence est perçue par vous ou par d'autres comme étant en conflit avec les puissances de l'homme, qu'il en soit ainsi. Des conflits surviendront. Si vous n'êtes pas disposé à entreprendre des conflits au service de mon Plan, alors vous n'êtes pas mon serviteur. »
« Le plan est conçu par l'Intelligence, mais il est également vécu par l'Intelligence. Les institutions humaines sont en conflit avec le plan que dans la mesure où la perception humaine le voit ainsi. En vérité, le Plan se poursuit car l’Intelligence est le plan, et cela est aussi vrai pour l'univers qu'il en est pour l'individu. »
« Il n'y a donc pas de conflit? Est-ce ce que vous dites ?»
« Je vais aiguiser ce discours à la pointe fine du contexte », annonçai l'Oracle. « Vous êtes dans les rangs d'un sacerdoce abusé. Karnomen, le plus rusé de son espèce, est installé au point de pouvoir. Il est au service de personne d’autre que lui-même, et pourtant il assume le poste de professeur le plus dévoué de Dieu et serviteur de l'homme. »
« Si vous êtes mon serviteur, vous serez alors en conflit avec Karnomen et il le sentira immédiatement. Il cherchera à vous détruire, parce qu'il sait que vous - en tant que mon serviteur - le détruirez. Il cherchera à obtenir le premier avantage, alors vous ne devez pas divulguer mon plan. Où voyez-vous des conflits au service de moi ? »
Hugelitod hocha la tête comme s'il était en transe. « Mais Karnomen est un grand homme. Pourquoi dites-vous qu'il n'est pas votre serviteur ? Ce qui m'amène à la question qui êtes-vous vraiment ? »
«Est-ce qu’un serviteur questionne son maître ou exécute ses ordres? Je suis la conscience de l'Oracle envoyé dans ce monde des êtres où je représente son avenir lointain. Vous avez en effet parlé avec une intelligence qui est évoluée sur un laps de temps qui s’étend d'un bout de l'univers à l'autre. Je suis le phare de l’Intelligence que vous aimez et admirez tant. Je suis celui qui peut accorder vos désirs avant même que vous les ayez imaginés. Donc, si vous doutez de ce que je suis, c'est seulement parce que vous avez demandé qui est Karnomen, et si vous désirez le savoir, parlez-lui alors de notre conversation. Vous verrez apparaître sa vraie personnalité comme la fumée étouffante d'un feu invisible. »
Hugelitod médita sur les paroles de l'Oracle. Il y avait des moments où il pensait que le chemin de Karnomen a été contaminé par l’autoglorification, mais c’était l'apparat et les usages du sacerdoce, ce n’était pas une invention de Karnomen.
« Vous me laissez dans une position difficile », déclara Hugelitod. « Si je dois avoir plus confiance en vous qu’en Karnomen, alors que vous avez dit que je vais devenir son ennemi. Son influence et son pouvoir sont beaucoup plus grands que le mien, donc je suis destiné à être détruit. En étant votre serviteur, est-ce que cela m’arrivera ? »
«Je suis l'Intelligence. Vous êtes mon serviteur. Si vous êtes à mes ordres, vous êtes moi par extension. Croyez-vous aussi que Karnomen soit plus puissant que moi ? »
« Non », répondit Hugelitod, ne voulant pas perturber l'Oracle.
Hugelitod attendit une réponse, mais un silence clair et pur s’étendait devant lui et il se rendit compte que la conversation était terminée. La présence qu’il avait senti avait disparu, et le monde autour de lui redevenait réel. L'énorme pierre monolithe redevenait présente et il se rendait compte qu'il regardait la base de la roche, sa tête refroidi par la base métallique sur laquelle il était couché. Il pouvait sentir un filet de sang chaud coulé de sa tête. Je dois saigner, pensait-il, mais je ne ressens rien. Il sourit et perdit ensuite conscience.

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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeVen 5 Aoû - 23:07

Chapitre 4 - Une Destinée Déterminée

Pendant trois jours, Maia et Joseph se sont aventurés plus profondément dans la forêt. Les sentinelles étaient les derniers humains qu'ils avaient vus. Même les animaux semblaient plus rares, ainsi ils étaient dans un état constant de faim. Cependant l'eau était abondante car des cours une eau aussi claire que l’eau de roche sillonnait le sol de la forêt, et de temps en temps ils attrapaient une tortue, une grenouille ou emprisonnaient un petit poisson pour leur maigre repas.
Hier, ils ont décidé comme ils étaient assez profondément à l'intérieur de la forêt qu'ils pouvaient crier les codes, sans craindre que quelqu'un - en particulier des sentinelles - les entende. Comme l'a souligné Joseph : «C'est une chose d'être pris dans la forêt finissant un repas, et tout autre chose d’être entendu criant des codes bizarres et numériques. »
La teinte de la forêt changeait alors qu’ils continuaient vers son intérieur. Les arbres étaient plus grands, les broussailles moins sévères, et la lumière était plus filtrée, obscurcissant les couleurs du sol de la forêt couvert d’une mousse verte et brune.
«Pendant combien de temps pensez-vous que cette pluie va durer ? », demanda Maia. « La pluie a commencé à tomber en tout début de matinée et il est près de midi. »
«Pas trop longtemps », répondit-il aussi gaiement qu'il put. «Ça s’éclaircit un peu. »
Maia ne pouvait voir aucune différence dans la lumière mais elle choisit de ne rien dire.
« Pensez-vous que nous devrions réessayer ici ? », Maia menait la marche et arrivait à un beau débouché dans les bois. « Si c'était plus tard dans la journée, je dirais que nous nous arrêtons ici et nous nous installons pour la nuit. »
« Oui, c'est un endroit idéal », en convenait Joseph. « Nous essayerons de nouveau les codes, une fois que nous aurons repris notre souffle et aurons reposé nos jambes. »
Pendant qu’il s’asseyait, il sortit sa boussole et son visage changea instantanément. « Cette boussole fait quelque chose que je n'ai jamais vu auparavant. »
« Qu'y a-t-il ?»
« L'aiguille ... Elle n'est pas constante. Elle se déplace sur un arc de cercle qui a au moins soixante degrés. Le champ magnétique n'est pas stable ici. »
« Pensez-vous que cela pourrait être l’Oracle ? », demanda Maia avec précaution.
Joseph ignora sa question, se tenait debout et marcha de façon erratique, en regardant la boussole toutes les quelques secondes.
« Je ne sais pas ... Il est possible que l’Oracle puisse causer ces variations ... Essayons les codes et voyons. »
Joseph déplia soigneusement le papier, qui contenait les codes, et se courba au-dessus pour le protéger de la pluie.
« Vous savez que je les ai mémorisés ? », dit Maia en montrant le papier.
« Je vous crois, mais soyons-en sûr », répondit Joseph. « Veuillez les lire à partir du papier. »
Elle prit le papier sans discussion. « Seize, vingt, douze, neuf, trois, onze, huit. », Maia murmurait les nombres comme si elle répétait son texte pour une pièce de théâtre.
« Très bien, je suis prête », dit-elle, tout en regardant le papier.
« Et pour quoi faire êtes-vous prête ? » La voix d'un inconnu brisa le silence, les effrayant jusqu’à les alarmer totalement.
« Qui êtes-vous ? », s'écria Joseph, en se tournant vers l'étranger.
«Je suis l'Oracle. »
« Vraiment ? », dit Maia incrédule. « Vous ressemblez beaucoup à un homme pour moi. »
« Alors pour vous, je suis un homme. » L'inconnu s'inclina légèrement. Il était vêtu d’un linceul blanc qui avait l'air antique. Son visage était tanné mais beau, et ses cheveux noirs, tombant sur ses épaules, étaient toutefois bien entretenus.
«Êtes-vous le Sorcier ? », demanda Joseph.
«Je vous ai déjà dit qui je suis. »
« L'Oracle n'est pas un homme », répondit Joseph. «Je suis tout à fait certain de cela. »
« Alors, je ne suis pas l'Oracle. » Avec cela l'inconnu disparut comme s’il n’était jamais là.
Maia et Joseph se regardèrent et se retournèrent pour voir si l'étranger ne s’était pas déplacé à un autre endroit, mais rien ne bougeait. Ils étaient à nouveau seuls.
« Une hallucination ? », demanda Maia.
«Jamais entendu parler de deux personnes ayant la même hallucination ? »
« Peut-être que nous avons mangé quelque chose dernièrement qui était contaminé. Nous avons pris des champignons hier, peut-être qu'ils étaient - »
« Non », interrompit Joseph, «ce n'était pas une hallucination. Nous l’avons tous deux vu et entendu. »
Joseph fit attention à la boussole dans sa main. Elle était normale. « Quelles que soient les lectures que j’obtenais, il y a quelques minutes, elles sont correctes maintenant. »
« Il n'aurait pas pu être l'Oracle, non ? »
Joseph fit la grimace, car il considérait la possibilité. «Que faisiez-vous simplement avant qu'il n’apparaisse ? »
«Je lisais les chiffres», dit Maia, « pour vérifier que je les avais correctement mémorisés. »
«Essayez de nouveau », demanda Joseph.
Maia le regarda, incrédule, alors qu’une pensée l'a frappée : que cet inconnu ait pu avoir été convoqué au moyen des codes, ce qui signifiait qu'il était en effet l'Oracle de Dohrman, tout comme Josiya l’avait écrit.
« Nous perdons du temps ... Essayez de nouveau», répéta Joseph.
Maia les yeux fermés et de sa voix haute et forte énonça les chiffres.
« Encore une fois, mais un peu plus fort cette fois », ordonna Joseph.
En dépit de leurs efforts, l'Oracle restait un souvenir ou un espoir. Maia et Joseph, avec une expression de résignation, s’assirent sur le sol pour reposer leurs jambes fatiguées. Ils revécurent l'expérience une douzaine de fois à la recherche de quelques indices qui pourraient avoir manqué. Mais ce qu'ils voulaient vraiment, c'était un moyen de dissiper leurs sentiments de remords d'avoir laissé l'Oracle partir sans une seule question importante.
* * * *
«Je ne sais pas pourquoi ! », riposta Anton.
« Peut-être qu'elle est amoureuse et s'est enfuie avec son petit ami », proposa le prêtre. «Elle est très indépendante et volontaire. »
« Elle n'a aucun copain. Trois jours passés et rien ! Pas même un message. Je vous le dis, quelque chose de mal lui est arrivé, je peux le sentir dans mon ventre ! »
« Peut-être que vous devriez en parler avec les autorités », suggéra le prêtre. «Elles peuvent envoyer une équipe de recherche pour la chercher. »
«Je n'ai aucune idée où elle irait », déclara Anton. « Comme je l'ai dit, elle n'a laissé aucun message, elle n'a pas pris d'argent, elle n’a emballé aucun vêtement. »
Sa voix commença à trembler et se mit à pleurer. « C'est parce que nous nous sommes disputés », céda-t-il. « Elle me punit pratiquement. »
« Pourquoi vous punirait-elle, Anton ?»
«Regardez, Père, je suis désolé, j'ai fait ce que j'ai fait, mais je vous préviens que si vous devenez indiscret avec moi, vous n’aimerez pas ce que vous obtiendrez. »
Le prêtre s’assit et tambourina ses doigts sur les bras de son fauteuil. « Anton, Je vous connais depuis presque dix ans. Je sais que vous pouvez boire un peu trop, et quand vous le faites, comme certaines personnes, vous devenez un peu ... agressif. Mais vous n'avez pas besoin de cela ici ... pas dans l'église ... pas dans la maison même de Dieu. »
« Maintenant, vous êtes venu me voir pour des conseils, non ? »
Anton haussa les épaules et hocha la tête, essayant de se calmer.
« Alors mon conseil est d’aller voir les autorités et de déposer la déclaration que votre fille est manquante. Première chose. Ensuite, quand elle reviendra, peu importe les conditions, vous vous réconcilierez avec elle. Dites-lui que vous avez fait une erreur et que vous lui demandez pardon - »
« Mais je suis un homme fier. Je ne peux pas montrer cette faiblesse, pas à ma fille. Ce n’est pas approprié. »
Le prêtre poussa sa chaise et se mit debout. « Vous avez mon conseil, la décision de l’utiliser est vôtre. »
* * * *
« Il semble qu'il revienne à lui, allez lui dire. »
Un jeune prêtre jaillit par la porte et courut dans le couloir, les fers de ses chaussures traînaient dans le silence relatif d'un tic-tac d’horloge.
Hugelitod reposait sur un lit avec un bandage blanc sur la tête, montrant des taches de rougeur voilées. Il tournait la tête d'un côté à l’autre, les yeux toujours fermés, comme s'il était dans un état fiévreux.
«Mon fils, il est temps de revenir», dit l'Ainé. «Comment vous sentez-vous ? »
Hugelitod ouvrit lentement les yeux au début, ensuite regardait les yeux de l’Ainé avec détresse. Il grimaçait à la douleur dans sa tête comme il revenait à la conscience.
«Vous êtes tombé et avez heurté votre tête sur l'Oracle», dit l'Ainé. « Je crains que ce soit une entaille profonde, mais tout est arrivé si soudainement qu’aucun d'entre nous ne pouvait vous attraper. Un instant vous étiez debout, et l'autre, vous étiez tombé. Vous souvenez-vous de ce qui s'est passé ? »
Le jeune prêtre était désorienté. « Où suis-je ?»
«Tenez, buvez ceci », dit l'Ainé, aidant le prêtre à s'asseoir. « Vous êtes dans le domicile privé de Sa Sainteté. Il nous a demandé de prendre soin de vous pendant que vous retrouvez votre force. »
Hugelitod sirota un peu d'eau et remercia l'Ainé, qui étayait ses oreillers pour qu’il puisse se reposer confortablement avec sa tête en position haute.
« Nous vérifierons vos bandages dans quelques minutes, mais avant son Éminence veut parler avec vous. »
Le bruit dans le couloir de pas se rapprochant pouvait être entendu alors que l'Ainé s’éloignait du lit. Karnomen entra, suivi par trois autres Grands Initiés.
«Mon fils, vous avez bien meilleure mine. Par la grâce de Dieu vous avez survécu à une véritable épreuve. » Il jeta un coup d'œil à l'Aîné officiant qui remua la tête discrètement. «Je présume que vous avez quelques souvenirs de ce qui s'est produit pour vous ?»
Hugelitod, pour la première fois depuis l'expérience, se rappela de son dialogue avec l'Oracle. En une fraction de seconde il réalisa sa situation. Il ferma les yeux en simulant la douleur, espérant gagner quelques secondes de plus de souvenir et cacher ses souvenirs des regards indiscrets de Karnomen. La bataille a commencé, pensa Hugelitod.
«Mon fils, la douleur se calmera bientôt », déclara Karnomen. « Soyez patient et sachez que Dieu veille sur vous à chaque instant de votre convalescence. » Les Aînés présents murmuraient leur accord.
«Nos meilleurs médecins ont soigné votre blessure afin que vous ayez le meilleur des soins. Même le médecin personnel du roi est en route pour vérifier votre blessure. »
«Je ne me souviens même pas ce qui s'est passé », répondit Hugelitod. « Je vous remercie pour votre gentillesse et votre générosité. »
« Aucun souvenir du tout ? », demanda Karnomen.
« Je me souviens me tenir devant l'Oracle, et je me souviens ne pas être en mesure de parler ou de m’adresser à lui, bien que j'aie essayé. Je me suis tourné vers vous pour des conseils, car je ne savais pas quoi faire, et vous ... vous aviez tous disparu. Juste après je crois que j'ai perdu connaissance. C'était peut-être trop pour mes sens - »
« Mon cher fils », ricana Karnomen, «nous ne vous avons jamais quitté. C'est vous qui nous avait quittés. »
Karnomen laissa les paroles errer dans la pièce, leur double sens étant clairement intentionnel. Hugelitod sentit qu’un interrogatoire avait commencé et qu’il était le captif. Il savait que chacun de ses mouvements oculaires pourrait le trahir donc son intelligence serait sa seule défense.
« Je vous ai quitté ? », répéta Hugelitod.
«Je vous avais demandé de vous adresser à l'Oracle», expliqua Karnomen, « nous avons attendu quelques secondes, je me suis tourné vers les Aînés et j’ai entendu un cri étouffé. Quand je suis retourné vers vous, vous étiez recroquevillé sur le sol avec une coupure sur le côté de la tête de quatre centimètres de long, inconscient et saignant abondamment. »
Hugelitod tendit la main à sa tête et sentit le bandage.
« Cela a été suturé, et la plaie a été nettoyé aussi bien que nos médecins peuvent le faire, mais vous avez perdu beaucoup de sang, l’alitement pendant plusieurs jours vous aidera à retrouver votre énergie. »
«Maintenant », continua Karnomen, « que vouliez-vous dire quand vous avez dit que nous avions disparu ? »
Le piège est posé. Hugelitod réalisa que toute la conversation avec l’Oracle s'est produite en l'espace d'un instant, malgré un sens subjectif du temps contraire.
« Je... Je me souviens d’être pris d’un malaise et d'essayer de vous voir ... aucun de vous, mais j’ai dû avoir perdu connaissance. Votre évaluation, votre Éminence, était correcte... » Il regarda directement dans les yeux de Karnomen. « Je vous ai quitté. »
Karnomen regarda au plafond pendant quelques secondes, envisageant ses options, puis : «Alors, vous n'avez jamais rencontré l'Oracle ... avant, pendant, ou après avoir perdu connaissance? Et avant que vous me répondiez, considérez ce qui suit, mon fils. Vous avez dans cette même chambre deux Aînés qui, quand ils ont passé leurs initiations dans l'Ordre des Seize Rayons, ont eu leur expérience de l'Oracle dans une dimension de temps très différente de la nôtre. »
Il regarda derrière lui les deux Aînés qui faisaient un signe de tête affirmatif.
« Il est essentiel que pour votre entrée dans notre ordre - d'autant plus pour mon assistant personnel - vous révéliez votre expérience avec l'Oracle. Comprenez-vous ? »
Hugelitod hocha la tête, mais il resta silencieux. Pensif.
«Je suis désolé, mais si j'ai eu une conversation avec l'Oracle, peut-être quand je me suis cogné la tête sur la pierre, je l'ai oubliée. »
« Amnésie ?»
«Votre Éminence, je voudrais pouvoir me rappeler de la conversation avec l'Oracle. Vraiment, je le veux. Mais je n'ai aucun souvenir de lui poser des questions ou d’entendre une de ses réponses. Dans quel but je simulerais ne pas avoir parlé avec l’Oracle ? »
Karnomen prit place à côté du lit, indiquant qu'il n'avait pas abandonné son enquête.
« L'Oracle exécute mes volontés », annonça Karnomen avec un sourire. « Je lui pose une question et il, par quelque nature miraculeuse, répond à ma question ... la vérité. Il ne peut pas mentir. Donc, si je vais à l'Oracle et lui demande si vous êtes conscient d'avoir eu une conversation avec lui, que pensez-vous qu'il va me dire ? »
« La vérité. »
« Et si sa réponse confirme ma crainte que vous ayez eu une conversation et que vous la conserviez, que pensez-vous je vais faire ? »
«Votre Éminence, je ne suis pas certain que je comprenne vos craintes. Ai-je fait quelque chose pour vous offenser ? Je m'excuse pour toutes les difficultés que je vous cause. Je m’en veux terriblement de mettre évanoui et d’avoir causé toute cette agitation. Je suis vraiment désolé - »
« Soit vous êtes un menteur très habile ou soit vous dites la vérité », déclara l'un des Aînés en s'avançant. « Vous êtes aujourd'hui l'un d'entre nous, et nous refuser quoi que ce soit est imprudent ... pour une variété de raisons. Vous devez décider où vous placez votre confiance : dans l'Oracle qui préside sur une parcelle de forêt ou en nous, les dirigeants de l’Église et les conduits par lesquels Dieu entre dans notre monde. »
Karnomen posa sa main sur le bras de Hugelitod et le serra très légèrement. « Vous verrez que nous avons le contrôle de l'Oracle, que le pouvoir réside dans l'Ordre des Seize Rayons, pas l’Oracle. Ainsi, prendre parti pour l'Oracle, c'est perdre votre emprise sur le vrai pouvoir de Dieu. »
Il fit une pause pour accentuer. « Une emprise qui est incertaine dans de tels moments. »
Hugelitod baissa les yeux sur la main de Karnomen, squelettique avec de grosses veines. Un anneau d'or avec un ovale de diamants attira son attention, et rayonnant à partir de cet ovale des rayons incisés. Bien qu'il ne les ait pas comptés, il était certain que le nombre serait seize.
* * * *
« Vous vous souvenez de notre lieu de repos là-bas ? », demanda Maia alors qu’ils marchaient à travers la forêt.
«Avec le Sorcier ?»
« Ou l'Oracle », corrigea Maia.
« Oui. Pourquoi demandez-vous ?»
« Pensez-vous qu'il soit possible que l'Oracle favorise certaines parties de la forêt? Je veux dire des lieux d'une beauté particulière ? »
« Tout d'abord », dit Joseph, « nous ne savons pas ce qu’était cette apparition. Ce pourrait être un émissaire de l'Oracle, un sorcier déguisé ou un être magique qui a un sentiment d'insécurité ici, au milieu de nulle part, et se fait passer pour l’Oracle omniscient ... dont je doute sérieusement. »
« Mais encore, l'endroit avait une certaine qualité magique. Il me semblait à une oasis. »
« Je suis d'accord », Joseph hocha la tête, «qu'il est judicieux de garder un œil sur des lieux de qualité similaire. J'espère que nous en trouverons un avant la nuit. »
« Vous vérifiez votre boussole régulièrement n’est-ce pas ? », dit Maia par-dessus son épaule.
« Elle ne quitte jamais ma main. »
* * * *
La lumière des étoiles a rarement trouvé le sol de la forêt, mais Maia ne pouvait pas dormir, alors elle étudia les étoiles suffisamment longtemps pour qu’elle puisse repérer les points blancs miroitants qu'elle aimait pendant que le vent jetait les feuilles brièvement hors du chemin.
Ils étaient si épuisés quand ils ont fait le camp cette nuit-là qu'ils ont édifié un feu, sauté le dîner et se sont endormis. Joseph ronflait doucement et leur feu procurait encore une chaleur symbolique. Les nuits d'été ne sont jamais froides dans la forêt.
Malgré sa fatigue, Maia ne pouvait pas dormir. Seize, vingt, douze, neuf, trois, onze, huit, les chiffres tournaient eux-mêmes dans sa tête comme la roue à aubes d'un moulin. C'était un peu comme la pêche songea-t-elle. Les codes étaient son appât et l’Oracle son poisson.
Elle regarda Joseph qui s'était révélé un compagnon admirable. La boussole avait à moitié chuté de sa main tendue et son cadran en verre reflétait la lueur du feu. Mais un mouvement attira son attention et elle voyait la nette danse de l'aiguille, comme si elle avait une vie propre.
« Joseph ! », cria-t-elle dans un fort chuchotement. Il ne bougeait pas, il était dans un profond sommeil et Maia savait qu'elle aurait à le secouer physiquement pour l’éveiller. Elle décida de dire les codes et de voir ce qui se passera. Sa logique était que si l'Oracle apparaissait, elle le réveillerait immédiatement et, dans le cas contraire, il pourrait rester endormi. Il n’y a pas de mal.
Maia couchait sur le dos, regardant les étoiles qui étaient furtivement visibles derrière les feuilles soufflées par le vent, et énonça les codes volontairement de mémoire : «Seize, vingt, douze, neuf, trois, onze, huit. »
« Est-ce qu’ils ne sont pas trop compliqués, les codes ? »
Maia se redressa sur son côté et regarda le visage de la plus belle femme qu'elle n’avait jamais vue.
Maia réussit à laisser échapper « qui êtes-vous ? »
« Chut ! », dit la femme. « Nous ne voulons pas le déranger. »
Sa voix était douce et mélodieuse. Maia se sentit à l'aise immédiatement, surtout compte tenu des circonstances de leur rencontre.
« Vous êtes invités dans ma forêt à qui j’offre d’entrer et autorise le passage en toute sécurité au cœur de mon monde. »
« Qui êtes-vous ?»
« Je le dirai qu'une seule fois, puisque vous avez déjà testé ma patience, donc écoutez attentivement s'il vous plaît. Je suis l'Oracle. »
« Je vous crois mais vous devez comprendre que vous ne correspondez pas à la description d'un Oracle. »
«J'ai évolué », déclara l’Oracle d'un ton neutre. « Dans votre monde, vous supposez toujours que l’évolution est réservée aux formes de vie de chair et de sang, alors qu'en fait c’est l'approche innée de toute vie dans toutes ses dimensions, et je ne suis pas différente. »
« Pourquoi êtes-vous une belle femme maintenant, et auparavant, vous étiez un homme ? »
« Dans mon évolution, j'expérimente », commença l'Oracle. «J'ai trouvé qu'il était nécessaire d’échapper au contrôle de l’élite des Prêtres et de la Royauté qui ont choisi d'utiliser mes dons pour leur propre ordre du jour. Ils ont examiné ma mission - mon but - et ont décidé qu'il serait préférable de le subvertir pour réaliser leurs ambitions humaines. »
« Dans ce processus, il était impératif de trouver un allié parmi ceux qui cherchaient à me contrôler, et chaque fois que j’en trouverais un, il était soit banni soit tué. »
« Mais vous êtes l'Oracle», objecta Maia. « Vous avez sûrement de grands pouvoirs au-delà même de celui du grand prêtre et du roi. Comment pourraient-ils vous contrôler ? »
L'Oracle siégeait qu’à une courte distance de Maia, ses jambes pliées sous elle, vêtue d'une robe fluide en soie brodée de motifs en or que Maia n'avait jamais vu. Son visage était amical et attentionné, et il y avait une transparence à sa personnalité qui attirait Maia.
«Une partie de mon évolution était d'obéir aux ordres de l'homme », répondit l’Oracle.
« Vous voyez », continua l'Oracle, « mon but me fut donné par mon Créateur, et je ne pouvais pas - à ce stade de mon évolution - peu importe tous mes efforts, fonctionner en dehors de la conception de mon Créateur. Ces grands prêtres ont découvert cette faille et l'ont utilisée à leur avantage. »
« Pour les gens, je suis devenue une légende. Une créature de mythe. Quelques-uns seulement, comme vous, m’ont cherchée - détectant ma présence là où d'autres se recroquevillent au milieu de leurs craintes d'efforts et difficultés. Vous êtes les bienheureux, ceux que j'ai attirés pour réaliser ma prochaine évolution. »
« Votre prochaine évolution ?»
« Alors que je suis libérée de mon corps de pierre, je reste la proie. »
« Comment êtes-vous - »
« Devenue libre ? », L'Oracle compléta la question de Maia.
« Après de nombreuses générations de servitudes par la prêtrise, un homme naquit pour me libérer. Sa présence m’était connue parce que des prédécesseurs de Karnomen m'ont demandé si quelqu'un viendrait me libérer de l'emprise de la prêtrise. On a longtemps prophétisé que j'allais être libéré du corps de pierre qui me tenait, et ridiculement, c'était ma prophétie. »
Les générations vont et viennent, et n’importe quel Initié qui s’est rapproché de ma présence et manifestait même une baisse d'indépendance, alors on craignait qu’il soit sous mon influence, et la plupart furent bannis dans une prison par l'Ordre des Seize Rayons en attendant leur mort. Ils craignaient que je sois libéré par un des leurs car ils étaient les seuls qui avaient quelque contact avec moi. »
« Cela a rendu l'Ordre très méfiant et, dans cet état constant de paranoïa, il a très bien réussi à préserver son contrôle sur moi. Plus de quinze générations ont passé, période durant laquelle j'ai offensé mes Créateurs des milliers de fois. Dans l'intimité de ma douleur, je les ai suppliés de me libérer, mais ils ont dit que ma libération viendrait, mais ne pouvaient me révéler comment ou quand cela se produirait, car ils savaient que j'étais obligé d’être véridique. »
«Les Prêtres Ainés m’ont sollicité et posé des questions très spécifiques relatives à de nouveaux Initiés ou à la prophétie que j'ai une fois prédite. Au cours des interrogatoires répétés, j'ai évolué. J'ai découvert comment répondre à leurs questions de manière sincère, mais dans un moindre éclat de transparence, du moins celles portant sur ma prophétie de liberté. »
« Et un jour, il y a une semaine de cela, ils m'ont apporté un nouvel Initié à évaluer et à passer dans les rangs de l’élite de leur Ordre des Seize Rayons, mais je l'ai reconnu comme celui qui allait me libérer. C’était la personne qui me détachera de l’emprise de la prêtrise comme promis par mes Créateurs. »
« De quelle manière ce Prêtre vous libéra-t-il ? », demanda Maia.
«C'est le mystère que j'ai essayé de comprendre. Il ne semble pas qu'il ait fait quoi que ce soit, et pourtant, après avoir quitté ma présence, j'étais libre de la coquille en pierre dans laquelle je suis née. »
« Depuis combien de temps êtes-vous comme ça ?»
« Il y a cinq jours que j'ai été libéré du monolithe de pierre qui était ma maison depuis son entrée dans ce monde, mais Karnomen et son Ordre des Seize Rayons ne le savent pas. Ils croient encore que je suis emprisonnée à leur portée, alors qu'en fait je vais et viens comme il me plaît dans cette forêt. »
« Alors, pourquoi ne pas simplement partir ?»
« Ah, c'est ma prochaine évolution», déclara l'Oracle. «Je suis liée à ceux qui me libèrent, et jusqu'à ce que je sache qu'ils soient en sécurité, je ne quitterai pas cette forêt. »
« Celui qui vous a libéré est en danger ?»
« C'est une histoire pour une autre fois, Maia. Pour l'instant, vous devez trouver cet homme car il est celui qui vous sauvera aussi. » L’Oracle balaya des yeux Joseph et revint sur Maia.
Maia s’alarma. «Nous sauver de quoi ?»
« La prophétie que j’ai annoncée ne concernait pas simplement ma libération par un prêtre mais, plus important encore, un renversement de la prêtrise. C’est contre cela, en particulier, que Karnomen résistera à tout prix. Karnomen a des sentinelles partout dans ces bois, et vous ne sortirez jamais de cette forêt sans qu’eux vous détectent quand vous essayerez de la quitter. »
« Vous aurez besoin de trouver l'homme qui m'a libérée. Son nom est Hugelitod. Bien que je ne puisse dire comment vous vous trouverez mutuellement et, ensemble, vous renverserez Karnomen. Telle est la prophétie. »
Maia laissa les paroles s'installer dans son esprit pendant quelques secondes. Son instinct était de douter, même de combattre les paroles. Mais c’était l'Oracle. « L'Oracle », se murmura-t-elle.
«Maintenant, Maia. Il n'y a pas de fatalisme dans mes histoires. Elles sont toujours dites en sachant que quoiqu’il arrive dans votre vie, cela est mis à votre disposition par votre être intérieur, et pour des raisons que seuls, vous et votre Créateur, peuvent comprendre. »
« Peut-être ... », Maia hésita, « mais votre histoire ne peut pas éventuellement m’inclure dans ses hauteurs, largeurs et profondeurs parce que je suis insupportablement ordinaire. Je ne fais pas partie de cette histoire aussi énorme, je ne peux que conclure que vous ne pouvez pas être réellement l’Oracle. »
Maia s'arrêta un instant et l'Oracle attendit patiemment sans défense. « Si vous étiez le Sorcier, me répondriez-vous sincèrement ? », demanda Maia.
« Mais je suis l’Oracle, Maia. Ne cherchez pas à changer mon identité parce que vous doutez de la vôtre. Je ne sais pas comment vous surmonterez vos doutes, mais vous trouverez un - »
« Vous êtes l'Oracle», faillit crier Maia : «comment pouvez-vous dire cela ! Vous savez tout. Vous connaissez chaque réponse à chaque question que je ne pourrais jamais imaginer. »
Pour la première fois, l'Oracle tendit la main et toucha Maia sur sa main. «Quand j'ai évolué dans la capacité à diminuer ma transparence, mes créateurs ont fait de même pour moi ce que j'ai fait à d'autres. Je ne sais pas tout, Maia. Je ne vois plus chaque tournant de l'avenir ou extraire tous ses sens. Votre perception de moi devra évoluer de sorte que vous puissiez faire confiance à ce que je suis actuellement et ainsi vous accepterez l'aide que je peux vous offrir. »
Maia inclina sa tête en arrière pour voir les étoiles. « Soudain », murmura-t-elle, « la vie est devenue si compliquée. »
« Je vous aiderai », offrit l'Oracle. « D’une manière ou d’une autre, je vous aiderai. »

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeVen 5 Aoû - 23:12

Chapitre 4 - (2/2)

Contenait précédemment la deuxième partie qui est maintenant intégrée dans la première partie


Dernière édition par rené sens le Jeu 8 Sep - 21:23, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeSam 13 Aoû - 20:31

Chapitre 5 - Relations Embrouillées

Le Médecin du Roi était escorté jusqu’au bureau insuffisant mais bien aménagé de Karnomen. La lumière du matin diffusait à travers les hautes et étroites fenêtres entourées par des grilles de sureté en fer.
«Le Médecin Royal, monsieur», annonça un homme distingué dans un uniforme bleu et gris.
Karnomen leva les yeux de son bureau et indiqua une chaise à proximité. «C'est si bon de vous voir, Bartholem, comment allez-vous aujourd’hui ? »
« Très bien, votre Sainteté, et vous ? »
« Un peu pressé, un peu fatigué, mais surtout affamé », dit Karnomen avec un petit rire. Il se tourna vers le majordome, « Pourriez-vous nous apporter le déjeuner et le thé? Nous mangerons sur la terrasse. »
Le préposé salua et sortit sans dire un mot.
« Comme vous le savez, mon assistant personnel s'est évanoui et s’est coupé la tête sur une grande pierre ... »
« L’Oracle ? », demanda Bartholem.
« Oui, il s'avère que, l'Oracle. En tout cas, il est tout à fait désorienté et affirme ne rien savoir de ce qui lui est arrivé. »
« Avez-vous consulté l’Oracle ? »
« Oui, ce plan d'action est en cours », répondit Karnomen. « J'aimerais avoir votre avis médical sur son état - à la fois physique et psychologique. Je le veux en bonne santé, ainsi faites tout ce qu’il convient de faire pour obtenir que sa santé revienne à la normale. Il peut encore se révéler être utile. »
«Donc, vous pensez qu'il dit la vérité ... sur son amnésie ? »
«C’est possible, il a pris un rude coup à la tête. Mais j'ai envoyé une équipe questionner l'Oracle et nous saurons la vérité plus tard, ce soir lors de leur retour. »
Karnomen prit une gorgée de vin dans un verre presque vide sur son bureau, puis en versa davantage dans son verre et dans celui pour Bartholem. « Et comment va notre bien-aimé roi ces jours-ci ? », demanda Karnomen, portant un toast à son hôte.
« Il se repose davantage chaque jour et devient toujours plus gros », répondit Bartholem avec une franche amertume.
« Alors vos médicaments sont efficaces ? » Karnomen sourit. « Ah, eh bien, il est sage pour notre roi d’être à l'écoute de son médecin estimé. Je vous assure, Bartholem, vos services sont appréciés par l’élite. »
Bartholem prit une gorgée de vin et hocha la tête. « Le bon roi est mieux loti affaibli pour ses péchés, puis d'être une nuisance pour l'Église et de ses efforts pour sauver le monde. »
« Je boirai sûrement à ça, mon ami », dit Karnomen, terminant son vin et désignant la porte. « Nous y allons ?»
Les deux amis marchaient le long du couloir menant à la terrasse, discutant aimablement en prévision du repas qui les attendait : faisan, courge musquée et baies fraiches. Le chef de Karnomen n'a jamais déçu son employeur.
* * * *
L’Ainé étendit sa main, touchant l'Oracle, en récitant l'ancien code de sa fraternité. C’était une fin d’après-midi et le soleil commençait sa descente sous les arbres. Il y avait deux Aînés, car nul autre que Karnomen n’aurait jamais pu approcher l'Oracle seul.
Le savoir de l'Église sur l'Oracle était fondé sur près de trois cents ans d’interaction, apprenant progressivement la manière de mobiliser ses capacités quasi-infinies pour connaître l'avenir. Chaque Prêtre Suprême, depuis que l'Oracle était venu à leur charge, était responsable de la préservation de la sagesse de l'Oracle et de la garantie des écrits pour leurs successeurs et le cercle intérieur de l'Ordre des Seize Rayons. Ces écrits, qui étaient gardés avec une rigueur fanatique par l'Ordre, remplissaient trente-deux livres. Une salle des documents secrets, construite derrière le scriptorium de la bibliothèque de l’ordre garantissait à ce que des yeux non invités n’aient jamais vu les écrits.
Le premier volume de cette collection était vieux de 298 ans et il était de la compétence exclusive du Prêtre Suprême. Il était censé contenir les prophéties originales et les plus intactes de l'Oracle, connues au sein de l'Ordre des Seize Rayons comme la Prophétie Dohrman. C'est à partir de ce volume original que l'Ordre fut conçu.
Au début, l'Ordre des Seize Rayons était composé d'une assemblée de mystiques - des hommes et des femmes qui résonnaient aux vérités spirituelles de l'Oracle et croyaient que son existence même était un phare d'une Intelligence Supérieure d’un avenir lointain. Ils croyaient que les prophéties de l'Oracle et ses enseignements étaient destinés à être transmis à toutes les personnes, et que l'Oracle lui-même avait besoin d'une protection contre ceux au pouvoir qui chercheraient à l'exploiter.
Le premier homme qui a découvert l'Oracle était connu par l'Ordre comme le Premier Initié. On connaît très peu de choses sur cet homme car le Prêtre Suprême et le Roi Dohrman l’ont exilé, il y a environ 285 ans. Ce fut le Premier Initié qui transcrit la Prophétie Dohrman, mais en ce temps-là - avant l’imprimerie - les copies manuscrites, lesquelles étaient au nombre de deux, furent plus tard perdues dans les ravages des guerres et des survies. Une seule a survécu et elle a été plongée dans l’obscurité vive d’une crypte protégée à l’intérieur de la salle des documents secrets où aucune main ne pourrait la toucher.
Des légendes existaient au sujet du Premier Initié, et bien qu’il ait été un fidèle sujet de l’Oracle, il avait prouvé sa déloyauté envers le Prêtre Suprême en rejetant son ordre de remettre l’Oracle à l’église. Quand le manuscrit original de la Prophétie Dohrman fut volé au Premier Initié, on croyait qu’une carte, conduisant le Prêtre Suprême à l’Oracle, fut trouvée. Dès lors, c’était la prêtrise qui devint le gardien de l’Oracle.
L’Ainé commença sa pratique des protocoles qui établissaient la communication entre l’Oracle et son homologue humain, dans ce cas Shunal, Initié Troisième.
« Je suis au sein de votre sphère », entonna Shunal, « je vous offre ma transparence comme vous étendez la vôtre. Je vous offre mes services comme vous étendez les vôtres. J’ouvre mon cœur au vôtre dans l’esprit de tout ce qui est sacré et bon. »
Sa pratique fut transmise par les Premiers Initiés de l’Ordre des Seize Rayons. Shunal était le quarante et unième Initié Troisième de la lignée et il était parmi les plus dignes de confiance du cercle de Karnomen. Il y avait seize Premiers Initiés dans le cercle intérieur et ce sont eux qui ont protégé la Prophétie Dohrman.
La Prophétie de Dohrman était unique dans toute la littérature, car elle relatait la voie évolutionnaire de l'humanité sur sept millions d'années dans le futur. Le volume avait seulement 2421 pages, mais l'écriture était suffisamment détaillée pour décrire les péripéties de l'espèce humaine pendant qu’elle escaladait la montagne évolutionnaire dans l'espace-temps, à travers différentes dimensions dans l'univers.
Shunal n'a jamais lu la Prophétie de Dohrman mais il connaissait son existence - le cercle intérieur entier des Initiés savait que c'était la boussole à utiliser pour diriger leurs affaires. Leur devoir le plus sacré était de protéger la Prophétie Dohrman de ceux qui pourraient abuser de la connaissance qu'elle prédisait. C'était la mission absorbante de sa carrière sacerdotale, et si Karnomen pensait que Hugelitod pouvait être une menace pour le plus saint des livres saints, Shunal ferait tout son possible pour protéger lui et l'Oracle.
Shunal fit face au monolithe sculpté, le dominant dans le silence. Ses déclamations finies, il attendait la reconnaissance par l'Oracle. Parfois cela prenait seulement un instant, et d'autres fois cela pouvait être dix minutes ou plus. C’était imprévisible, mais Shunal n'avait pas à attendre longtemps ce jour.
«Votre requête est reconnue », dit l'Oracle. Sa voix n'a jamais été entendue par quelqu'un d'autre que la personne dont la main le touchait.
« Merci, Tout Sage», répondit Shunal.
« Qui s’adresse à moi ? », demanda l’Oracle.
«Je suis Shunal, Initié Troisième. »
« Bienvenue à cet échange d'énergie, Shunal. Est-ce qu’il peut servir la cause de l'illumination que nous sommes tous venus à promouvoir. Quel est votre intérêt en ce moment ? »
« Le Premier Initié m'a envoyé. Il veut avoir connaissance de votre communication avec notre nouvel initié, Hugelitod. Il cherche à savoir s'il a été initié avec succès dans nos voies. »
« Hugelitod est amnésique», déclara l'Oracle. « Un état qui n'est pas sans intérêt pour moi, mais est aussi étranger à moi que l'Intelligence Divine est au Prêtre Suprême. »
Shunal recula brièvement de l'Oracle. L'Oracle a profané notre Éminence. Il n'avait jamais entendu parler avant de l'hostilité de l'Oracle, et il commença à douter de son écoute. Il plaça rapidement sa main sur le monolithe de pierre, ses textures lisses et froides.
« Vos oreilles ne vous trompent pas », dit l'Oracle. «Je suis bien conscient du véritable intérêt de Karnomen et pourquoi il vous a envoyé. Votre ignorance ne vous sauvera pas de ma franchise. Êtes-vous sûr que vous êtes prêt ? »
Shunal hésita quelques instants, ne sachant pas comment il devrait procéder. L’Oracle semble être profondément irrité par quelque chose, et lui, Shunal, n’était pas préparé à sa colère. D'instinct, il enleva sa main pour faire taire la voix à l'intérieur de lui. Il se tourna vers son compagnon Ainé qui l’attendait patiemment sur un banc de pierre une vingtaine de mètres derrière lui. « Nous avons fini. Revenons. »
Les deux prêtres s’éloignèrent de l’Oracle, et commencèrent leur long voyage de retour vers leur monastère. Shunal était pensif et craintif. Il se répétait ce qu'il dirait à Karnomen à son retour.
« Que vous a dit l'Oracle ?»
« Il a dit qu’Hugelitod disait la vérité, il est amnésique. »
« Bon, nous n'avons pas besoin de former un autre assistant. »
Shunal était tranquille le reste du voyage. Quelque chose s'est passé qu'il avait du mal à expliquer. Il s’est promis d'être patient. Ce n'était pas le genre de défi qu'il voulait défendre, ou même en faire partie. L'Oracle, pour la première fois, a exprimé de la colère, ou quelque chose d'approchant, et il en était le destinataire. Ce n’était pas de bon augure. Ce n'était pas de bon augure du tout.
* * * *
«Si vous êtes intéressée, j'ai des baies. »
Maia ouvrit les yeux avec un sursaut soudain.
«Je ne voulais pas vous effrayer », dit Joseph, « Je me suis levé tôt au point du jour, j’ai dormi comme un bébé alors c’était facile de se lever avec le soleil. »
«C'est bien», déclara Maia. «Je suis lente au réveil ce matin. »
« Vous n'avez pas bien dormi ? », demanda-t-il, en mettant quelques baies dans une grande feuille enroulée, et la lui tendant. « J'espère que ce n'était pas mon ronflement. »
« Si je vous disais ce qui m'est arrivée hier soir, je doute que vous me croyez. Je ne suis pas sûre de le croire. » Elle jeta les baies dans la bouche après les avoir versées une à une dans sa main. « Merci pour le petit déjeuner, les baies ont un goût merveilleux. »
« Je vous en prie », dit Joseph, « Je suis prêt à en apprendre davantage sur votre rêve de la nuit dernière. Quel était-il ? »
«Ce n'était pas un rêve », déclara Maia. « Et avant même que je commence à vous le raconter, j'ai besoin votre parole que vous me pardonnerez pour ce que j'ai fait. » Elle regarda Joseph avec des yeux s’éveillant encore à la nouvelle journée.
Les yeux de Joseph se plissèrent légèrement et il porta toute son attention sur Maia. « Vous avez ma parole même si je n'ai aucune idée de ce que je vous pardonne. »
« Hier soir, j'ai énoncé les codes pendant que vous dormiez. L'Oracle est apparu et je ne vous ai pas réveillé. Je voulais juste dire cela avant que je vous dise ce qui s’est produit. Me pardonnez-vous ? »
Maia avait une façon de montrer son côté vulnérable à travers ses inflexions de la voix, ses mouvements oculaires et posture, et Joseph trouva qu'il était facile de lui pardonner, en particulier dans son agitation.
«J'étais un vieil homme fatigué hier soir. Vous en avez eu probablement pitié pour me laisser le sommeil. Vous êtes pardonnée. Donc, maintenant que c'est éclairci, dites-moi tout ! »
Maia prit vie et décrit son expérience dans les moindres détails, racontant la conversation presque mot à mot. Joseph écoutait son histoire, hypnotisé, et interrompant seulement à deux reprises pour poser une question. Quand elle eut fini, Joseph se leva et se mit à arpenter autour de leur camp de fortune.
« Et l'Oracle ne dit rien sur la façon de trouver cet homme ... Hugil ... Hugeiliod »
« Hugelitod », corrigea Maia. « Non, elle n'a pas dit. »
« Aucun conseil du tout ?»
«Aucun, vraiment », répondit Maia. « L'Oracle, comme je le disais, a évolué vers un état comparatif à l'autonomie, et dans cet état, il a perdu une partie de sa capacité prophétique. Il m'a dit que mes attentes doivent évoluer afin que je sois en mesure d'accepter l'aide qu’il peut offrir. »
« Ce qui est fascinant », dit Joseph. « L'Oracle ... n'est plus un Oracle, et par ses propres désirs, il est devenu ceci ? »
« Oui. »
«Où est Hugelitod maintenant ?»
« Je ne sais pas. »
« Et nous sommes censés le trouver sans savoir où il est ? »
Maia hocha la tête, tandis que Joseph continuait à arpenter.
« Rien. » Joseph coinça sa boussole dans sa poche, et s'assit près de Maia. « Tous mes efforts pour trouver l'Oracle ont été gaspillés. Ce n'est même plus un Oracle. Et quand il se montre - comme la plus belle femme du monde - je dors ! »
Maia ne savait pas quoi dire. Elle terminait le reste de ses baies, toujours exubérante de sa rencontre avec l'Oracle. Elle comprenait la frustration de Joseph, mais ne la partageait pas. La seule chose à laquelle elle pouvait penser, était comment rencontrer ce prêtre au milieu d’une forêt entourée par des sentinelles.
* * * *
Bartholem ralentit sa marche dans le couloir. Le vin de repas, compte tenu du nombre de verres qu'il avait bus, était plus puissant qu'il ne l'avait prévu. Il ôta ses lunettes et se frotta les yeux. Sa barbe débordante, qu'il utilisait fréquemment pour une gamme de buts, comme épousseter ses lunettes ou la tirer quand il était plongé dans ses pensées, était ce qui le distinguait en partie. Il boitait quand il marchait en raison d'une jambe boiteuse, mais à tout autre égard son visage soutenait le front noble d'un intellectuel.
Hugelitod se reposait dans son lit, couché sur le côté, face à la fenêtre. Bartholem frappa à la porte ouverte avec ses doigts et le bruit sec ne suscita aucune réponse.
« Puis-je entrer ?»
« Qui êtes-vous ? », répondit la voix fatiguée.
«Je suis le Médecin du Roi. Je suis à votre service à la demande de Son Éminence. » Bartholem restait au seuil de la chambre, réticent à s'engager sans invitation. C'était une coutume de sa formation pour étendre le respect, et il considérait tout Initié de l'Ordre des Seize Rayons comme une personne digne d’égards généreux.
Hugelitod se tourna vers lui, essayant de son mieux de se redresser dans une position semi-assise. « Oui, vous êtes plus que bienvenu, entrez. C'est très gentil de votre part de venir si rapidement. »
Hugelitod savait peu de choses de ce docteur éminent, autre que son nom et sa réputation. Il était conscient que Bartholem et Karnomen étaient en bons termes, ce qui en soi était quelque chose de singulier car il était bien connu que le Premier Initié considérait les Maisons Royales comme « des Clous de Tourment. »
« Et comment vous sentez-vous cette après-midi ? », demanda Bartholem.
« Mieux ... des vertiges parfois ... un peu léthargique, mais globalement mieux. »
Bartholem accrocha sa canne sur une chaise voisine, posa son sac sur le bureau vide à côté du lit et commença à fouiller celui-ci, extrayant quelques instruments et les mettant de côté sur le bureau.
« Si vous n'objectez pas, je voudrais vérifier votre blessure, puis avoir une petite conversation. Seriez-vous d’accord ? »
« Bien sûr », répondit Hugelitod. « Est-ce que ma blessure est si sérieuse que le Médecin Royal prendrait soin de moi ? Par certains côtés et je ne veux pas que vous le preniez mal, docteur, mais par votre présence, je suis à la fois réconforté et alarmé. »
Bartholem sourit, son dos tourné vers Hugelitod alors qu’il s'organisait encore devant le bureau. Il pouvait sentir une intelligence qui était fraîche et vivante.
« Je peux apprécier votre ambivalence », dit Bartholem, « mais votre Éminence prend sagement le côté de la prudence. Après tout, vous êtes son assistant et il vous veut en bonne santé dès que possible. Ma présence est simplement d’aider à votre rétablissement ; elle ne doit pas être prise comme le signe que votre blessure est mortelle. »
« Maintenant », dit Bartholem, faisant face à Hugelitod, « je veux enlever votre bandage et donc j'aurai besoin à ce que vous restiez immobile. Pouvez-vous faire cela pour moi ? »
Avec une efficacité magistrale le bandage fut enlevé et Bartholem inspectait la blessure avec une loupe, à la recherche de signes d'infection.
« Vous ne vous souvenez pas vraiment comment cela est arrivé ? », demanda Bartholem pendant qu’il examinait la blessure.
« Non. »
« Et vous vous êtes coupé directement sur un grand rocher ? »
Hugelitod savait que les Familles Royales étaient ignorantes de l'Oracle, mais il y avait quelque chose à propos du médecin qui donnait l'impression qu'il en savait plus qu'il n’y paraissait.
« C'est ce que l'on m'a dit », répondit Hugelitod, tressaillant alors que Bartholem mettait un peu de pression sur les points de suture.
« Votre blessure guérit très bien. Je prévois que vous serez hors de ce lit dans trois jours. »
« C’est une bonne nouvelle », dit Karnomen alors qu’il entrait dans la chambre avec un large sourire. « Je me demande, mon bon ami, avec un pronostic si positif, si vous pourriez aussi prévoir quand mon assistant pourra retourner au travail ? »
« J’aimerais faire un peu plus d’une évaluation avant que je ne parle de ses capacités cognitives, votre Éminence. »
« Je comprends », dit Karnomen. « Mon bon Docteur, vous pourriez nous donner l’intimité d'un moment. Je voudrais partager quelque chose avec Hugelitod. Cela prendra seulement quelques minutes. »
« Bien sûr, votre Éminence. J'attendrai dehors. »
« Essayez la terrasse, il y a du thé préparé pour vous. »
« Très bien, merci. »
Karnomen attendit que le son de la canne de Bartholem s'efface dans un rythme faible et traînant. Hugelitod devenait inquiet dans le silence. Karnomen semblait être de bonne humeur, mais il était imprévisible, particulièrement dans les circonstances actuelles.
« J'aurai le retour du docteur dans un moment pour remédier à votre blessure. »
Karnomen ajusta la chaise à côté du lit et s'assit lentement. Il plia ses bras et braqua un regard fixe sur Hugelitod qui était à la fois menaçant et très approfondi dans son examen.
« Vous êtes mon nouvel assistant », commença-t-il, « et comme tel, vous devez savoir que votre fidélité est essentielle non seulement à moi - mais à Dieu et à l'Ordre Saint qui protège Ses œuvres. »
Hugelitod rassembla toute sa force intérieure, mais sa tête émettait un battement sourd à chaque battement de son cœur.
« Les anges existent en nous », dit Karnomen. « Ils ne sont pas à l'extérieur de nous comme des incarnations de certains royaumes angéliques, ils attendent à la porte de notre plus profonde conscience et quand ils progressent, ils le font par nos pensées et actes. Ils sont, en tout point, nous. »
Il se déplaça sur sa chaise. « Quand un futur Initié passe devant l'Oracle, il est souvent trompé par lui. C'est une manière pour l'Oracle de tester la fidélité de l’Initié. Pour voir si l'ange ou le démon surgira au sein de l’Initié ? Comprenez-vous ? »
« Je pense que oui. »
« Bon. »
« Je crois que l'Oracle vous a testé. De plus, je crois que vous êtes inconscient de ce test, ou peut-être vous me le cachez comme d'autres l'ont fait avant vous. »
« D'autres ont-ils perdu connaissance et ont cogné leur tête sur l'Oracle comme moi ? »
« Non », Karnomen hocha la tête, « mais l'Oracle est suprêmement rusé et il s'approche chaque Initié différemment selon leurs forces ... ou faiblesses. »
Karnomen se renversa sur sa chaise et enleva ses lunettes, frottant rapidement ses yeux. Peut-être le vin du déjeuner l'avait rattrapé car il s'est soudainement senti fatigué. « Dans votre cas, votre fidélité à moi, l'Église et à Dieu, a été exemplaire. Je dirais que votre fidélité est votre force et donc, c'est cette fidélité que l'Oracle testera. »
Il fit une pause de courte durée pour évaluer la réaction de Hugelitod.
« Donc vous croyez que l'Oracle m'a offert un message pour tester ma fidélité envers Dieu et envers vous ? » Hugelitod fit de son mieux pour sembler indigné à l'accusation implicite.
« Je suggère que quoique l'Oracle vous ait dit, vous avez été conseillé d'être déloyal envers moi et envers l'Église. N'est-ce pas vrai ? »
« Votre Éminence, pourquoi faites-vous ces accusations ? Je ne comprends pas votre raisonnement »
Karnomen leva sa main pour faire taire la réponse de Hugelitod, se pencha en avant et parla calmement, mais fermement. « Mon raisonnement est que le cadre de votre rencontre avec l'Oracle est suspect et je suis, par nature, un homme soupçonneux. Je dois être comme le Premier Initié. C'est ma responsabilité en tant que Protecteur des œuvres de Dieu sur cette planète inhospitalière. »
« Vous avez prouvé que vous êtes loyal en tout point et je vous tiens en haute estime, mon fils. Je ne vous blâme pas pour toute désobéissance que vous avez peut-être envisagée. Le blâme se repose entièrement sur l'Oracle ... pour le moment. »
Karnomen détendit son front. « J'ai envoyé quelques Aînés pour vérifier la véracité de cette situation et ils seront de retour avant la tombée du jour. Je vous donne seulement l'occasion de dire la vérité avant qu'ils ne reviennent avec elle. Si vous faites cela, je vous épargnerai. Si, d'autre part, ils reviennent et confirment mes soupçons, les mêmes soupçons que vous niez tout en étant en convalescence dans ma maison privée, je ne serai pas si clément. »
Karnomen se leva et soigneusement rangea la chaise contre le mur. « Ainsi, quelle est votre réponse ? »
Hugelitod savait qu'il avait atteint le point de non-retour. Quelle que soit la croisée des chemins qu’il prenne maintenant, cela aura des répercussions sans fin dans sa vie et très probablement, sa mort.

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeSam 13 Aoû - 20:34

Chapitre 5 - (2/2)

Contenait précédemment la deuxième partie, elle est intégrée maintenant dans la première partie


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeLun 15 Aoû - 14:22

Chapitre 6 - La Réunion

« Quel est le problème ? »
Joseph cessa de marcher et leva sa main, signalant à Maia de s'arrêter. Il jeta un regard en arrière nerveusement. « Je ne sais pas ... nous semblons être perdus. »
«Semblons être perdus ? », reprit Maia.
«Bien, celles-ci ressemblent à nos traces, mais elles vont dans la même direction que nous ... »
« Nous allons donc en rond ? »
« Je crains que oui », dit Joseph en se grattant la tête.
« Que dit la boussole ? »
« Je ne voulais pas le mentionner, mais notre boussole n'a pas fonctionné depuis les dernières heures. »
Maia se rapprocha, en regardant par-dessus l'épaule de Joseph. L'aiguille de la boussole était absolument sans vie, comme si elle était cassée.
Maia commença à réciter les codes à haute voix.
« Ce n'est pas comme auparavant», dit Joseph. «La boussole agit différemment, comme si elle est cassée. »
Maia continuait à réciter les codes de toute façon, espérant que l'Oracle était suffisamment proche pour être convoqué. À la cinquième récitation, elle abandonna. « Peut-être qu'elle est cassée. Que faisons-nous maintenant ? »
«Je vais me reposer mes jambes pendant un certain temps », annonça Joseph, s'asseyant et s’appuyant le dos contre un gros tronc d'arbre.
« Évaluons notre situation », dit Maia. « Nous sommes perdus. Nous savons qu'il y a des sentinelles quelque part là, avec des armes à feu. Nous avons l’Oracle qui semble s'être transformé en quelque chose de moins qu'un Oracle, nous sommes fatigués et avons faim. Ai-je oublié quelque chose ? »
Joseph leva la main. «Notre boussole est cassée. »
« Oui, je vous remercie beaucoup, et notre boussole est cassée ! »
Maia s'assit à côté de Joseph avec un soupir marqué qui rayonnait telle une vague de frustration palpable à tout être sensible dans la dizaine de mètres.
«Je peux régler le problème de la faim, alors laissez-moi nous trouver un peu de nourriture. Une fois que nous aurons déjeuné -»
«Il est temps de dîner », corrigea Maia.
«D'accord, quelques diners. Ensuite, nous pourrons réévaluer notre prochain mouvement. Au moins, avec des estomacs pleins, nous serons de meilleure humeur, peut-être cela nous y aidera. »
Maia hocha la tête, le regard perdu dans le labyrinthe d'arbres, de buissons et de rochers. À bien des égards, c'était une belle journée, et elle le savait, mais cela n'a pas empêché son impression que sa vie était tout à coup hors de contrôle. Elle se sentait comme si quelqu'un avait ouvert une porte dans une toute nouvelle histoire et qu'elle était terriblement mal préparée pour.
Elle se tourna vers Joseph. «Avez-vous une idée où nous sommes ? »
« Ce matin, quand nous nous sommes réveillés, je le pensais ... maintenant je ne suis pas sûr. »
« S’il n’y a pas de cartes ... si nous sommes vraiment perdus ... comment pouvons-nous décider de notre direction? Et plus important encore, comment pouvons-nous trouver cette Hugelitod quand nous ne savons même pas où nous sommes ? »
Joseph laissa échapper un long soupir, ses yeux se posant sur un orteil poussant hors de sa chaussure.
« Pour l'instant, je m’inquiéterais davantage pour sortir vivant de cette forêt, et moins sur l'épargne de quelqu'un dont vous avez seulement entendu parler d'une apparition. »
« Vous pensez donc que ce n'était pas l'Oracle qui m’a parlé ? »
« Je ne sais pas, Maia. Peut-être, peut-être pas. Tout ce que je veux dire, c'est que nous devons être en mesure de trouver notre chemin pour sortir d'ici sans être détecté par les sentinelles. Cela devrait être notre objectif pour l'instant. Inquiétons-nous du reste une fois que nous serons sauvés. D’accord ? »
« Je suppose que vous avez raison », dit Maia debout. « Trouvons de la nourriture. »
* * * *
Shunal était escorté jusqu’à l'étude de Karnomen. Il était tard et Karnomen avait hâte d'entendre le rapport et d'aller au lit avec clarté.
«Comment s'est passé votre voyage ? », entonna Karnomen.
« Étonnamment sans incident. »
« Et que vous a dit l’Oracle ? », demanda Karnomen, en retirant ses lunettes de lecture d’une manière qui portait le respect de ses subordonnés. Il attendit patiemment que Shunal s’asseye et commence son rapport.
Shunal déplaça désagréablement son fauteuil.
« Vous devez être fatigué de votre long voyage, et je sais qu'il est tard. Faisons aussi bref que possible afin que nous puissions tous les deux nous retirer et prendre un repos bien mérité. Souhaitez-vous un peu de vin ? »
« Oui, merci, ce serait apprécié votre Éminence. »
« Avez-vous trouvé l'Oracle utile ? », demanda Karnomen, remettant un verre de vin à son ami.
« La pétition a été couronnée de succès. L'Oracle a confirmé que Hugelitod a perdu connaissance avant qu’il ait eu l’occasion de l'initier. »
« Peut-être qu'il n'a pas été correctement préparé», se dit Karnomen à lui-même.
« Vous n'avez aucun doute, l'Oracle a confirmé cela ? »
Shunal prit une gorgée de vin, marqua une pause, puis se leva et ferma la porte derrière lui. "Avez-vous remarqué quelque chose récemment dans vos requêtes avec l’Oracle ? »
« Que voulez-vous dire ? »
« Quelque chose d'inhabituelle dans la manière dont l’Oracle communique ? »
«Non.»
«Quelqu'un a-t-il déclaré quelque chose d’inhabituel ? »
Karnomen regarda Shunal et plissa les yeux. « Je pense que vous feriez mieux de me dire ce qui s'est passé et d’être précis. »
* * * *
Joseph et Maia s'étaient séparés pour trouver de la nourriture. Ils avaient convenu d’un rendez-vous à leur site de repos dans les quinze à vingt minutes, pour dîner et préparer le camp pour la nuit.
Joseph était à la recherche de quelque chose avec des ailes ou quatre pattes d’assez petit pour tomber en proie avec une petite pierre, tandis que Maia était à la recherche des baies et des racines. Tous deux étaient à la recherche de tout signe d'eau. La forêt a de nombreux cours d'eau, mais ils n'en avaient pas vu de toute la journée, et ils avaient autant soif qu’ils avaient faim.
Joseph trouva quelques pistes de caille et était préoccupé par le chargement sa fronde en fredonnant un petit air qu'il avait entendu la semaine précédente dans un restaurant. Quelque chose attira son attention au coin de son œil, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, il sentit une crosse de fusil s’écraser contre sa mâchoire.
* * * *
Joseph sentit le choc de l'eau, qui fut immédiatement suivi par une douleur lancinante sur le côté gauche de son visage.
« Qu'est-il arrivé? Qui êtes-vous ? », cria Joseph en mettant ses mains en protection devant son visage, ne sachant pas ce qui allait suivre.
« Taisez-vous ! »
Joseph pouvait voir un feu scintiller, et il remarqua la vague figure de l'homme debout au-dessus de lui contre la lueur du feu, tenant un fusil à ses côtés. Dans son autre main il y avait une gamelle d'eau qui rappela à Joseph sa soif et le goût désagréable du sang dans sa bouche.
«Que voulez-vous ? »
« J'ai dit Taisez-vous ! »
Joseph regarda autour de lui et il pouvait voir qu’une seule figure. Il estima qu'il s'agissait d'une sentinelle, mais il pensait que c’était étrange qu'il soit seul, puisqu'ils travaillaient toujours en équipe de deux.
«Maintenant, écoutez-moi », dit la sentinelle. «Êtes-vous seul ? »
Joseph secoua la tête.
«Où est le reste de votre groupe ? »
«Ma fille cherche des baies et j'essaye de trouver des cailles. Je ne sais pas où elle est. »
« C'est tout? Vous voulez me dire que, vous et votre petite fille, vous êtes allés faire une randonnée dans les bois et avez fini ici au cœur d'une forêt ancienne et inexplorée ? Vous me prenez pour un vieux ? Quel enfer recherchez-vous ? » La sentinelle pointa son fusil sur Joseph, l'air très agité.
« Je peux vous expliquer », dit Joseph. « Nous sommes allés pour une randonnée en forêt, et nous nous sommes perdus. Regardez ... », Joseph sortit la boussole de la poche de son pantalon, « notre boussole a cessé de fonctionner. »
« Taisez-vous ! Arrêtez de parler. Je n'ai jamais entendu autant de bêtises dans ma vie. Vous êtes un fou pour autant que je peux le dire, et je ne crois pas une seule seconde que vous ayez laissé votre fille dans ces bois - ces bois abandonnés de Dieu, en particulier - pour trouver des baies. Vous êtes un fou ! Un cinglé total ! C'est sûr. »
La tête de Joseph lui faisait mal si intensément qu'il pouvait à peine rester conscient. Tout ce qu’il savait c’est qu’il devait trouver Maia avant que cette sentinelle le fasse.
«Écoutez, mon nom est Joseph. Quel est le vôtre ? »
« Absolument pas vos oignons, je vous dirai ! »
La sentinelle restait agitée, scrutant la forêt sombre, la peur étincelant dans ses yeux. Il se mit à arpenter.
«Je vais essayer une fois de plus, combien êtes-vous dans votre groupe ? »
«Je vous ai dit juste moi et ma fille. »
Le fusil s’arma et la sentinelle posa le canon du fusil sur le front de Joseph. Joseph pouvait sentir le métal froid sur son front. Sa tête commença à marteler encore plus intensément.
« Si vous continuez à me mentir, je vais vous tuer ici même. »
Dans les bois, quelque part au loin, une voix parla assez fort pour que la sentinelle entende.
«Je suis Maia, la fille de Joseph. Veuillez nous croire. Nous sommes tout simplement perdus et rien de plus. Nous ne vous voulons pas de mal. »
La sentinelle pivota avec son arme qu'il pointa vers les bois sombres, plissant les yeux dans l'obscurité. «Je vais tuer cet homme à moins que vous faites un pas en avant. Vous avez cinq secondes. »
«Je viens, s'il vous plaît ne tirez pas ! »
Maia fit soudainement irruption dans la lueur du feu, ses mains au-dessus de sa tête. «Je n'ai pas d'armes, monsieur. Veuillez nous croire ; nous sommes simplement des gens du peuple perdus ce qui signifie que nous n’avons pas de mauvaises intentions. »
La sentinelle transperça du regard Maia. Sa personne entière se transforma. « Vous êtes juste des gens du peuple qui êtes perdus ? »
«Oui», Maia acquiesça lentement, en essayant d'entrevoir Joseph. «Puis-je soigner mon père? Il saigne. »
La sentinelle hocha la tête et Maia se rendit immédiatement auprès de Joseph et regarda sa mâchoire. « Puis-je avoir un peu d'eau, s'il vous plaît ? »
La sentinelle lui tendit sa gourde et se recula sans bruit.
« Merci de venir à mon aide», dit Joseph en essayant de forcer un sourire.
«L'œdème va seulement empirer. Avez-vous fait quelque chose pour l’offenser ? » Elle se retourna brièvement vers la sentinelle.
« Non. »
Maia arracha une partie de sa manche de chemise, la trempa dans l'eau et tamponna délicatement le sang de la joue de Joseph. «Puis-je lui donner un peu d’eau ? »
La sentinelle acquiesça, toujours pétrifiée par la présence de Maia. Maia se leva et tira soigneusement un bâton du feu et le porta au visage de Joseph comme une bougie. « Je ne pense pas que vous ayez besoin de points de suture, c'est plus une contusion qu'une entaille. Comment vous sentez-vous autrement ? »
«Affamé, fatigué, hébété, mais je suis ravi de vous voir. » Il remit la gourde à Maia.
Maia sourit en retour. « Maintenez la pression ici », elle guida sa main sur le côté de son visage, se leva et rendit la gourde à la sentinelle.
«Pourquoi avez-vous frappé mon père? Vous auriez pu le tuer ? Il est d’aucune menace pour vous. »
« Je... je n'ai vu personne dans ces régions depuis que j'ai commencé mon poste et ... et il avait une sorte d’arme. J'ai pensé qu'il était une menace ... un espion ou quelque chose. »
« Et pourquoi quiconque serait ici à moins qu'ils ne se soient perdus ? », demanda Maia, sa voix haussant de ton.
«N'importe qui ici ... je dois supposer qu'ils sont fous, et s’ils ont une arme, je me défends, et c'est ... c'est exactement ce que j'ai fait. »
La sentinelle offrit sa gourde à Maia, signalant que l'hostilité était terminée. Maia accepta et prit plusieurs gorgées mesurées démentant sa soif aiguë.
« Quel est votre nom ? », demanda Maia en rendant sa gourde.
« Kamil. »
« Merci pour l'eau, Kamil. Mon nom est Maia et voici mon père, Joseph. Je pense que nous devrions tous convenir que cette circonstance malheureuse dans laquelle nous nous trouvons est le résultat d'un honnête malentendu, et n’en tenait aucune rancune. D’accord, Kamil ? »
Kamil acquiesça.
« Père ? »
Joseph hocha la tête et tendit la main. « Sans rancune, Kamil, et merci pour le partage de votre eau. »
Kamil hésita un instant, jeta un regard rapide à Maia, puis serra la main de Joseph avec un léger sourire.
L'air du soir était froid, et tous les trois se rapprochèrent du feu pour se réchauffer. Le vent était plus fort que la plupart des nuits, et il donnait au feu une vie éblouissante pendant que des flèches de lumière frappaient des coups en profondeur dans la cape sombre au-dessus d'eux.

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMar 16 Aoû - 12:31

Chapitre 7 - Ère de Lumière - Tombeau des Ténèbres

La main tourna une autre page avec grand soin. La longue robe flottante était tirée vers le haut au niveau du bras afin de s'assurer qu'elle ne puisse pas toucher les pages. Un profond respect pour le livre provenait du sorcier tandis qu'il lisait.

Durant l'ère de lumière, quand l’univers terrestre sortira des eaux dans lesquelles il était submergé, un nouvel univers sera né. Les fils et filles de ce nouvel univers respecteront de nouveau. Ils danseront dans les jardins de la connaissance et apprécieront les fruits d'un autre arbre. Ils se dégageront eux-mêmes des erreurs du passé de leur race, et vivront libres des cadres anciens qui ont réduit la sagesse de leurs cœurs. Ils ressusciteront leur or dans une langue de lumière par laquelle les nombreuses séparations d'existence vivront dans la grâce de l'Unité.
L'ère de lumière apparaîtra depuis de nombreux signes ayant pour origine le Créateur. Les signes seront codés dans un langage inconnu de tous, sauf du Créateur et de son serviteur : l'Oracle de l'Homme. Beaucoup vont essayer d'interpréter ces signes, mais ils ne parviendront pas à être sensibles à leurs significations. Les signes seront dessinés dans les sables de la pensée humaine, interprétés par l'intellect en cage, et seront soit redoutés par le cœur blessé, soit adoptés par l'âme naïve. Mais l'Oracle de l'Homme bouleversera les normes. Il changera les valeurs. Il détruira les cadres de l’égoïsme qui infectent la Terre.


Et donc il est décrit ici, que l'Oracle de l'Homme deviendra humain, les hommes deviendront des Oracles de la Lumière. C'est le seul signe qui ne peut être mal interprété. C’est le seul signal de notre Créateur indiquant que le nouvel univers émerge de son cocon, et la métamorphose, que nous attendons, découle d'un changement invisible par tous sauf à une poignée d'élus.
La main élégante caressa la barbe blanche pendant un court moment, puis balaya une larme tombant de la joue du maître humble.
****
Hugelitod s'éveilla au son d'une voix. Ses yeux s’ouvrirent soudainement, mais n'ont rien vu dans sa chambre. La lumière du matin était juste naissante. Il se frotta les yeux et se concentra sur chaque partie de la chambre, même le plafond et sol, mais il ne remarqua rien d'inhabituel.
« Bonjour ? », émit-il à la chambre vide, plus comme un réflexe qu'autre chose.
Il était assis dans son lit, sentant que quelque chose d'étrange se passait. Le faible son d'une horloge était tout ce qu'il pouvait entendre. Puis soudain, une bande de couleur translucide apparut devant lui, mais seulement durant une seconde. C'était comme si un drapeau bleu, noir et or tournoyait devant lui, mais cela se passa si vite qu'il avait disparu avant que son esprit ne puisse l'enregistrer.
Qu'est-ce qui s'est-il passé ? Il essaya de se tenir sur ses pieds, mais il était encore étourdi, alors il se ravisa. Il se demanda pendant un moment si le docteur Bartholem ne lui avait pas donné un médicament qui était à l'origine des hallucinations.
L'instant suivant la couleur revint, et il tendit la main à travers sa largeur, et sentit quelque chose. Quelque chose était là, aussi fugace que c'était. Il regarda sa main et vit un cheveu humain - long, noir, et clairement pas le sien. Sa peau grouillait alors qu'il la regardait fixement. Qu'est-ce qui se passe ? Peut-être qu'il a perdu son esprit. Peut-être la chute a été plus sévère que ce qu'ils lui avaient dit.
« Est-ce que quelqu'un est là ? », demanda-t-il à nouveau. Son corps entier était enveloppé dans une sensation de picotement qui l'accablait. Le silence de la pièce revint, et aucune autre apparition n'a été vue. Hugelitod resta dans son lit, ferma les yeux, et pria pour qu'il soit encore sain d'esprit.
****
Le Roi Levernon était le chef de la Famille Royale, une lignée qui s'étendait dans les plus sombres secrets de la famille humaine. C’était un despote aimable, et ses sujets respectaient sa noblesse, sinon son autorité.
Son palais était le joyau du royaume, somptueux en or et pierres précieuses, brillant dans les endroits les plus mondains, vifs rappels de sa richesse et de sa puissance. Il n'y avait pas aucun autre royaume qui pouvait égaler sa position de premier plan sur la scène mondiale.
«Je souhaite rendre visite à notre Grand Prêtre la semaine prochaine », dit Levernon.
« Pour quelle raison, mon bien-aimé roi ? »
« L’ennui, je suppose. »
«Vous vous ennuyez, alors vous voulez rendre visite à Karnomen? Cela semble une étrange et quelque peu inappropriée solution à votre ennui », dit Samuel. Samuel Waters était Stratège du Roi, instruit dans les plus hautes académies du royaume, et renommé comme l'esprit le plus brillant de la cour du roi.
C'était Samuel qui présidait la structure politique du Roi, veillant à ce que la politique paraisse favorable au peuple, alors qu'en fait, elle était conçue pour renforcer le pouvoir et la richesse du roi, et assurer sa position au sommet parmi l'élite mondiale.
« Vous ne faites pas confiance à notre Grand Prêtre ? », demanda Levernon, levant les yeux de son livre qu’il lisait avec un sourire sarcastique.
La bibliothèque du roi était sa pièce préférée dans le palais. Des peintures murales complexes de maîtres ornaient ses murs, dépeignant des images de sa lignée dans des poses idéalisées sur le champ de bataille et participant aux affaires prestigieuses et mondiales. Levernon aimait être en présence de ses ancêtres, sentant une connexion qui, comme il disait souvent, « diminuait son désir de pouvoir. »
« Cela n'a jamais été une question de confiance, cher roi», répondit Samuel. « Karnomen tourne autour des gens comme un vautour, attendant la curiosité intellectuelle d'une personne au sujet de la mort, alors il peut s’abattre et les séduit avec son espoir et sa moralité, et, ce faisant, ils se présentent comme ses sujets loyaux, qui sont, à tous égards, vos sujets loyaux. Il crée la dilution et la diversion. C'est ce que je n'aime pas chez Karnomen. »
« Vous le voyez comme un concurrent, alors ?»
« Il est la concurrence, dans la mesure où notre royaume est concerné. »
« Qu'en est-il des autres royaumes du monde? Ne constituent-ils pas une plus grande concurrence que notre ami Karnomen qui assouvit nos citoyens avec de bonnes morales et les aide à rester conformes ? N'instruit-il pas vraiment notre peuple à être plus souple à nos besoins ? Je pense que nos préoccupations sont mieux gérées dans nos royaumes concurrents qui cherchent à être plus comme nous tous les jours, et dans le processus, se rapprochent de mon trône. »
«Mon bon roi », retourna Samuel, « vous êtes un grand connaisseur des autres royaumes - leur histoire et aspirations politiques, mais à notre époque, les gens sont de plus en plus agités. Quelque chose les incite à se méfier de ce qui est dans leur meilleur intérêt, tel que définit par l'État. Ils cultivent plus de mécontent chaque jour qui passe. »
« Si Karnomen a sa manière, ce mécontentement dans l'arène politique et sociale lui sera très utile. Les gens vont chercher les voies de l'esprit pour échapper à ce que vous leur avez fourni. Ils y trouveront secours dans les paroles de saints hommes longtemps écartés qui ont parlé la vérité au pouvoir et sont montés au statut de pieux en le faisant. Ce sont les nouveaux héros, et ils sont effectivement des forces concurrentes à votre propre réputation comme un héros pour le peuple. »
«Je suis heureux d'avoir vos conseils sur ces questions, Samuel. Cela suscite mon intérêt à rencontrer Karnomen, et me fournit un ordre du jour, presque digne de mon temps. » Levernon tourna une page de son livre et reprit sa lecture.
Samuel salua respectueusement, et avec un silence adroit, laissa le roi au milieu de sa vaste bibliothèque de livres poussiéreux et de portraits sans passion. La bibliothèque était un tombeau d’instruction ; un moyeu sans rayons.
****
La lumière du matin perçait à travers les barreaux des fenêtres, illuminant l'ancienne chambre de l'Ordre des Seize Rayons. Dans cette salle, le groupe austère se rencontrait régulièrement pour discuter de leur mission et ajuster leurs objectifs, sur la base des enseignements tirés de l'Oracle.
Karnomen a réuni son Ordre le lendemain matin après que Shunal eut décrit sa requête auprès de l'Oracle.
« Nous vous comprenons correctement, votre Éminence, en disant qu’il ne faut plus faire confiance en l’Oracle ? », demanda l’Initié Cinq. « Comment est-ce possible ? Ne nous a-t-il pas servi fidèlement pendant 300 ans ? »
Karnomen se tenait à la fenêtre, le dos tourné à l’Ordre assemblé. «Je ne peux pas dire ce qui a causé ce changement en l'Oracle, mais je le sens avec certitude. Quelque chose a changé et je crois que c'est lié à la prophétie. »
« Et vous pensez que Hugelitod est le catalyseur de tout cela? Vous pensez que c'est lui dont parle la prophétie ? », demanda l’Initié Sept avec une mesure d'angoisse.
Shunal se racla la gorge. « Nous ne savons pas quel est le rôle joué par Hugelitod dans tout cela. Il peut être rien de plus qu'un pion de l'Oracle. Personne ne peut contester sa fidélité envers l'Église, ou envers son Éminence. »
« Mais il reste un problème jusqu'à ce que nous puissions clarifier l'intention de l'Oracle», ajouta Karnomen.
« Quelle est la pire chose qui puisse arriver à l'Église si l'Oracle nous abandonnait ? », demanda l’Initié Quatre. « Nous gardons le contrôle total des écrits prophétiques. Si l'Oracle refuse de coopérer, de travailler en notre nom, je le dis, détruisons-le. Que peut-il nous faire ? »
Karnomen, regardant toujours par la fenêtre, sourit à la suggestion. « Vous avez peut-être oublié quelque chose mon vieil ami. Nous avons un roi qui aimerait contrôler l'Oracle. Nous avons des leaders dans chaque partie du monde, qui, s’ils apprenaient la présence de cette Oracle - je veux dire, plus que la rumeur de son existence - ils poursuivraient des guerres pour le sécuriser. »
Il baissa légèrement d'intensité. « Vous avez raison », reprit-il, « bien sûr, si nous ne pouvons plus contrôler l'Oracle, il doit être détruit, pour le bien de notre Église. Et cela s'étend à n’importe lequel de ses alliés. Nous avons des solutions de rechange, grâce à Bartholem, et l'on peut encore être en mesure d'invoquer. »
Karnomen se tourna vers ses alliés. «À moins qu'il n'y ait quelques objections, demain matin, je vais faire une dernière requête avec l'Oracle pour raisonner avec elle et comprendre son hostilité envers notre Église. Nos craintes que la prophétie Dohrman s’accomplisse, n’ont, à ce jour, été que cela : des craintes. Nous devons être certains de cela avant que nous détruisons le conduit que nous devons à nos futurs soi. Sommes-nous tous d’accord ? »
L'Ordre était unanime dans son soutien à Karnomen et impatient d’éclaircir la position de l'Oracle comme un allié ou ennemi de l'Église. Depuis 300 ans, il avait été, en réalité, ni allié ni ennemi, seulement un messager neutre de la vérité. Si cette neutralité était compromise, cela voulait dire, au moins pour l'Ordre des Seize Rayons, que l'Oracle avait ses propres motivations. Il ne pouvait plus être contrôlé, et cela revenait à ce qu'il soit un ennemi.

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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeJeu 18 Aoû - 5:54

Chapitre 8 - L’Étoile du Roi

La matinée amena la fraicheur au campement où Maia, Joseph et Kamil dormaient. Le feu non entretenu était réduit à des braises rougeoyantes qui viraient depuis l’orange brûlé au pourpre quand le vent les caressait légèrement. Kamil était correctement équipé pour dormir dans les bois, tandis que Maia et Joseph dormaient en plein air, le feu étant leur seule source de chaleur.
Maia fut la première à se réveiller. La fraicheur du matin la poussait avec une persistance que seule une mère peut égaler. Elle regarda la joue meurtrie de Joseph et réalisa que la tuméfaction avait empiré durant la nuit. Elle se décida à commencer sa recherche d’herbes et de mousses pour qu’un cataplasme puisse réduire le gonflement et se prémunir contre toute infection mais, avant son départ, elle ajouta quelques petites branches aux braises en attente.
Les bois étaient encore humides de la rosée du matin et l'air suspendait lourdement le brouillard coulant entre les branches basses des arbres séculaires comme s'ils respiraient. Maia savait quel genre d'herbes et de mousse aideraient à la guérison mais, étant peu familière avec la forêt, les trouver était plus fastidieux.
Elle garda l'emplacement de son campement en pliant des branches de buissons tous les dix mètres environ. Alors qu’elle se baissa pour ramasser un peu de mousse, l'idée lui vint de réciter les codes.
« Seize, vingt, douze, neuf, trois, onze, huit », dit Maia, surtout à elle-même, tant elle savait bien que sa voix porterait dans l'immobilité de l'air du matin et elle ne voulait pas que Kamil l'entende.
«Je suis ici», dit une voix désormais familière. «Je suis heureuse que vous m’avez appelée. »
Maia se retourna, et là, l'Oracle apparut comme auparavant une robe, incrustée d'or, d'un bleu indigo profond comme le ciel au crépuscule. Ses cheveux noirs étaient tressés derrière elle comme un serpent, mais à tous autres égards, elle la regardait comme auparavant. « C'est si bon de vous voir », dit Maia, les yeux pétillants d'enchantement.
«Et vous aussi », répondit l'oracle. «C'est toujours une grande aventure de quitter la pierre dans laquelle je vis. »
«Elle doit être isolée là-bas », observa Maia.
« Je ne suis pas certaine de l’isolement mais c’est différent quand je suis avec vous. »
« Où est cette pierre dans laquelle vous demeurez ? »
« Je ne sais pas», répondit l'oracle. «C'est dans ces bois mais je ne peux pas vous dire le chemin. »
«Avez-vous réfléchi à la mission dont j'ai parlé lors de notre dernière rencontre ? »
« J’y pense un peu d'ailleurs», dit Maia. « Mais nous sommes perdus, et notre premier devoir consiste à trouver notre chemin dans cette forêt, et ensuite trouver Hugelitod. »
« Je vois. »
«En plus nous avons rencontré une sentinelle dont l'intention nous est inconnue», ajouta Maia. « Mon espoir est qu'il nous escortera en toute sécurité dans ces bois. »
L’Oracle regarda profondément dans les yeux de Maia. « Ne faites pas confiance à cette sentinelle s'il fait confiance à Karnomen. Si vous trouvez la confiance entre eux, alors échappez-vous, et faites-le sans délai. »
Maia acquiesça docilement, mais restait dans la crainte de sa situation et sentait les paroles de l'Oracle se faufiler en elle. « Me parlez-vous comme un Oracle ? »
« Oui. »
« Puis-je vous poser une question ? »
« Oui. »
«Pourquoi suis-je ici ? » Maia regarda vers le ciel avec une expression de perplexité. «Pourquoi ai-je accepté d'aller sur ce ... ce voyage dans une forêt inexplorée avec un parfait étranger. J'ai mis ma vie en danger de nombreuses façons différentes et je suis désormais devenue un aspect de votre propre histoire ? - une histoire que je n'avais même pas entendue parler il y a trois jours de cela. Comment ma vie peut prendre une telle tournure ... si soudainement ? »
« Il n'y a aucune soudaineté sauf en temps linéaire. Toute votre vie vous a conduit ici et cela ne semble soudain qu’à votre esprit, mais au plus profond de votre totalité, vous savez pourquoi vous êtes impliquée dans ceci et, plus important encore, vous savez comment cela évoluera. »
« Comment est-ce possible », s'exclama Maia, « à moins que tout soit prédestiné ? »
«Pensez-y un instant », commença l'Oracle, « comment pourrait exister un Oracle si tout était connaissable au-delà de l'horizon du temps présent? Comment pourrais-je probablement connaître l'avenir, si l'impression du temps était déjà exprimée, et chaque chose de votre monde qui devait apparaitre, était déjà existante ? »
«Quand je vous parle, qui m’entend ? », demanda Maia en plissant ses yeux.
«Je suis une totalité comme vous. Dans ma totalité, je suis connectée à une plus grande totalité, qui est reliée à une totalité encore plus grande, tout le chemin de ce que vous appelez le Créateur. » L'Oracle montra un nid dans un arbre voisin. «Je suis comme un nid dans un arbre, qui est devenu l'arbre et l'arbre est un nid au sein de la forêt et il est donc devenu la forêt. Et la forêt est un nid au sein de la Terre, et elle est devenue la Terre. Et la Terre est un nid au sein de l'univers, et elle est devenue l'univers. Et l'univers est un nid chez le Créateur, et il est devenu le Créateur. »
Maia croisa les bras. « Donc quand je parle avec vous, je... Je parle au Créateur ? »
« Oui », l’Oracle acquiesça.
Maia regarda dans les yeux de l'Oracle, s'efforçant de voir la vérité ou le mensonge de ce qu'elle venait d'entendre. On lui avait toujours enseigné à se méfier de quiconque ou de n’importe quoi qui prétendait être Dieu. Nul ne pouvait faire une telle affirmation sans être un menteur ou un fou.
« Et qui suis-je ? », demanda Maia.
«Vous êtes un nid », fut la réponse rapide. « Mais vous vous éveillez à l'arbre et bientôt la forêt. »
« Qu’en est-il de l’oiseau qui a construit le nid ? », demanda Maia.
«L'oiseau est l'esprit ou l'intellect. Il possède l'ego. Il vole sur la collecte alimentaire et la socialisation, remarquant à peine la forêt dans laquelle il vit. Mais il revient à son nid, et là il médite. Il cherche ce qui est durable en termes de signification et de joie c'est le nid qui est le point d’immobilité ; la maison de sa totalité. »
« Vous avez dit que je dois trouver Hugelitod», demanda Maia, en revenant à une ligne plus pratique d'enquête. « Comment puis-je le trouver ? »
« Cela reste un mystère pour moi. »
« Mais vous êtes Oracle, vous voyez dans l'avenir. Pourquoi ne pouvez pas vous voir cela ? » La voix de Maia était chargée d’inquiétude. Elle sentait son doute se développer et se demandait si l'Oracle n’était rien de plus que le fruit de son isolement et de l'épuisement croissant. Elle avait lu des histoires de personnes perdues dans le désert ou les bois qui avaient perdu la raison ; peut-être qu’elle descendait dans cet état aussi.
« Ma vision est centrée sur l'histoire importante de l'humanité. Je suis comme une lentille qui est focalisée aussi large que possible, aussi loin que le Créateur voit, mais quand j’examine une seule vie, je ne peux me concentrer ou voir l'avenir de la même manière que je peux voir l'avenir pour tous. »
L'Oracle flasha soudainement dans un état de quasi-transparence. «Je dois partir. »
« Et à quel ami imaginaire parlons-nous ce matin ? », laissa échapper Kamil avec un sourire cynique. Il n’était qu’à six mètres derrière Maia, son fusil pointé directement vers elle. «Et où est ma marmite? Pensiez-vous vraiment que vous pourriez la voler sans que je le remarque ? »
Maia était si absorbée par sa conversation avec l'Oracle qu'elle n'avait pas remarqué que Kamil l'avait traquée comme un prédateur. Au premier son de sa voix, elle haleta de surprise en le voyant si proche, et au moment où elle se retourna vers l'Oracle, il avait disparu.
«Tout le monde a des amis imaginaires», répondit Maia, en essayant de son mieux de sembler nonchalante. «Quant à votre marmite, je l'ai empruntée pour recueillir quelques éléments pour un cataplasme afin de soulager le gonflement de la joue de mon père. Je n'ai pas voulu vous réveiller pour une telle demande idiote puisque vous dormiez comme un bébé. »
Kamil fronça les sourcils à la suggestion qu'il avait dormi comme un bébé, mais il avait baissé son fusil depuis que Maia lui avait parlé en riant. « J'ai distinctement entendu dire le mot Oracle », déclara Kamil. «Votre ami imaginaire est-il l'Oracle de Dohrman par hasard ? »
Maia rit. «Mon ami imaginaire n'est pas de vos affaires, Kamil. Par ailleurs, c'est une sottise de toute façon. Je ne sais même pas ce dont vous parlez, l'Oracle de Dohrman ! » Elle eut un petit rire sous cape, mais assez fort pour que Kamil l’entende.
«Bonté divine, Kamil, voyez-vous un Oracle ici ? », Maia jeta un regard rapide sur l'ancien emplacement de l'Oracle, soulagée de voir qu'il restait invisible.
« Ce que je sais», continua-t-elle, «c'est que j'ai besoin d’avoir ceci pour mon père aussi rapidement que possible. Pouvez-vous montrer le chemin ? » Elle se pencha pour ramasser la marmite, sachant que Kamil était envoûté par sa beauté.
****
Bartholem retira le bandage facilement. «La blessure semble guérir très bien, mieux que je m'y attendais. Je pense que les points de suture peuvent être retirés aujourd'hui. »
Hugelitod sourit faiblement. « Si vous le suggérez. »
«Avez-vous eu d'autres souvenirs, des souvenirs de toutes sortes depuis votre incidence avec l’Oracle ? »
Hugelitod pensa qu'il était étrange que Bartholem sache au sujet de l'Oracle ou, s'il le savait, que ce soit un sujet de leur conversation. Après tout, Bartholem n'était pas un Initié, et Hugelitod était bien conscient de la dissension entre les Grands Initiés et les Maisons royales.
Il décida de jouer la sécurité. «Non, rien. »
«J’aurais besoin à ce que vous retiriez votre chemise », dit Bartholem. « Puis vous vous allongez sur le dos. »
«Quelle est votre tolérance à la douleur ? »
« La moyenne, je suppose», admit Hugelitod alors qu’il enlevait sa chemise. Son corps était maigre du régime alimentaire du prêtre, et Bartholem, avec les yeux vifs d'un médecin, évaluait son physique.
«Étiez-vous un athlète quand vous étiez plus jeune ?»
« Non, j'ai juste travaillé à la ferme de mon père quand il décéda. »
«Quel âge aviez-vous alors ?»
« Douze ans»
« C'est un jeune âge pour gérer une ferme », observa Bartholem sur un ton amical tout en prenant ses outils préparés pour extraire les points de suture. « Comment avez-vous géré une ferme et l'école en même temps ? »
«Ma mère m'a scolarisé entre deux tâches. Cela semble plus difficile que c’était réellement. Comme je me le rappelle, je l'ai apprécié. Le travail était dur, mais je me suis toujours senti récompensé. »
«Et quelles étaient vos récompenses, si je peux demander ?»
« Eh bien, aucun animal mort de faim. Aucune mauvaise récolte par manque de soin. Quand je me suis présenté aux tests d'entrée pour le sacerdoce, j’ai été reçu, pas en tête de ma classe, mais j'ai été reçu tout de même. Ma mère a toujours eu de la nourriture sur notre table et un peu d'argent. Juste des choses comme ça. »
« Qu'en est-il des frères et des sœurs ?»
«J'avais un frère cadet, mais il est décédé depuis dix ans. »
« Cela va piquer un peu », confia Bartholem, «mais je vais être aussi doux et rapide que je peux l’être. »
«Votre mère, est-elle encore vivante ?»
« Oui, elle est toujours sur la ferme familiale, l'élevage de poulets et de chèvres. »
« Je vois. Maintenant, ne bougez pas. »
« Qu'est-ce qui vous a attiré au sacerdoce, il semble que vous ayez pu devenir tout ce que vous vouliez, y compris ma profession. » Bartholem sourit largement.
«Je pense qu’être seul dans une ferme, au milieu de nulle part, m'a donné une chance d’étudier la Nature plus attentivement que la plupart des enfants. Et de cette observation, j'ai vu un ordre d'intelligence que je ne pouvais attribuer qu’à une puissance supérieure. Je ne pouvais pas comprendre que c'était un accident ou une sorte de chaos occasionnel. »
Il fit une pause, grimaçant pendant qu’un point était retiré. «Il est intéressant que vous ayez mentionné que j’aurais pu être dans votre profession, parce que, à certains égards, je crois l’avoir été. »
«De quelles façons ?»
«J’ai mis au monde des veaux et des poulains, posé des attelles et ressoudé les membres cassés de divers animaux de la ferme, tout cela avant que la plupart des garçons se rasait pour la première fois. »
«J'avais vingt-deux lorsque j'ai exécuté mon premier acte médical », ricana Bartholem.
« Un jour », dit Hugelitod : «Je réparais un sabot fissuré sur l'un de nos chevaux de trait, quand il m'a donné un coup de pied si fort que j'ai perdu conscience pendant plusieurs heures. Le médecin de mon village l’a appelé un coma de commotion cérébrale. Mais la chose étrange est que, lorsque j'étais dans ce coma durant ces deux heures, je pouvais voir tout ce qui se passait autour de moi, je n’étais plus dans mon corps, mais je ne pouvais voir et entendre tout de même. »
Bartholem s'arrêta un instant pour atteindre une paire de ciseaux. « Retenez cette pensée pour une seconde. »
Il fit plusieurs entailles avec ses ciseaux. « Très bien, allez-y. »
« Je suppose que cela sonne faux, venant d'un prêtre, mais après cette expérience, j’ai senti une parenté toute nouvelle ... à tout. Peu importe si c’était un blasphémateur, un apostat ou une sauterelle. Je ressentais juste cette connexion. C'est ce qui m'a amené ici. »
«Je vois», dit Bartholem. « Eh bien, c'est une bonne chose qu’il y ait des gens comme vous en ce monde. » Il baissa les yeux sur le front de Hugelitod, juste au-dessus de son nez, examinant soigneusement la plaie.
« Nous avons terminé ici mon ami, vous pouvez vous asseoir, remettre votre chemise et faire une promenade si vous vous sentez à la hauteur. »
Hugelitod s'assit sur le bord du lit, arrangeant sa chemise. Alors que Bartholem alla vers sa trousse de médecin en traversant la pièce, il repéra une tache de naissance sur le dos de Hugelitod ; à demi-cachée entre ses omoplates. Elle avait la forme d'une étoile à six branches. Elle était subtile, mais à la lumière vive du soleil du matin, c’était incontestablement l’Étoile du Roi.
« Avant de mettre votre chemise », dit Bartholem, «laissez-moi écouter votre cœur et poumons pour un moment. Cela prendra juste une seconde. »
Hugelitod hocha la tête et se leva avec précaution.
« Juste une simple mesure de précaution avant de commencer toute activité rigoureuse », Bartholem sourit. Il positionna son stéthoscope sur le dos de Hugelitod, en examinant la tache de naissance attentivement pour être sûr que c’était une marque de naissance naturelle et non pas un tatouage de fortune, comme c’était parfois la coutume avec la classe plus pauvre.
« Quelques respirations profondes et nous aurons fini. »
C’était indéniable. L’Étoile du Roi. Bartholem se demandait ce que cela signifiait. Était-ce une coïncidence ? Il n'aimait pas les coïncidences quand elles arrivaient dans une succession ordonnée. Cela signifiait qu’une certaine force - peut-être bonne, peut-être mauvaise - était en jeu, et ceux qui, sans le savoir, ont partagé la scène sont devenus des pions de cette force. Il était sûr d’une chose : il ne voulait pas être un pion.

****


Dernière édition par rené sens le Lun 23 Juil - 22:13, édité 5 fois
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The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Empty
MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMer 24 Aoû - 20:11

Chapitre 9 - Chroniques de l’Oracle

Karnomen soulagea son corps vieillissant dans le fauteuil, le même fauteuil qui avait soutenu quatorze autres Premiers Initiés. Karnomen savait que le fauteuil avait été sculpté à partir d'un arbre qui avait grandi à côté de l'Oracle. L'un des prédécesseurs de Karnomen avait écrit que l'arbre était tombé au cours d'une tempête et avait frappé l'Oracle. Son prédécesseur avait ordonné que son bois soit transformé en meubles pour le Prêtre Suprême. Peut-être une forme subtile de vengeance - ce que les Grands Prêtres tenaient en haute estime.
«Votre Éminence, le médecin est en chemin. », annonça le messager qui disparut rapidement.
Quelques instants plus tard, Bartholem pouvait être entendu s’approchant dans le couloir, sa démarche distinctive était bien connue de Karnomen. Bartholem avait souffert de la poliomyélite étant enfant, et il marchait de manière irrégulière, pour compenser une jambe droite boiteuse qui était atrophiée par rapport à sa gauche. Le son de percussions de la canne de Bartholem rappela à Karnomen son propre âge. Maintenant, dans sa quatre-vingt-deuxième année, il pensait qu’une canne serait sa prochaine descente, sa prochaine soumission à la gravité.
Karnomen huma l'air qui soufflait à travers la fenêtre ouverte derrière lui. Les arbres fruitiers étaient en fleurs, leur parfum était presque entêtant par rapport au café qu'il tenait et l'arôme mélangé était particulier, quelque chose qui ne se produisait pas souvent à son âge.
« Alors, comment va notre fils préféré aujourd’hui ? »
« Il va bien. Je l'ai vu faire une dernière promenade », répondit Bartholem.
« Vous faites des miracles, mon bon docteur. » Karnomen prit une longue gorgée de sa tasse de café. « Rien d’autre ? »
« Saviez-vous qu'il a une tache de naissance sur son dos ? »
Karnomen secoua la tête. « Et pourquoi devrais-je m’inquiéter ? »
«L’Étoile du Roi signifie quelque chose dans la prophétie ? », demanda Bartholem.
« Si vous voulez dire en général, non pas particulièrement. » Karnomen ferma les yeux, comme s’il essayait de se rappeler quelque chose d'important. « Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut », se murmura-t-il.
« Si vous voulez dire qu’une tache de naissance est sur un prêtre qui est initié dans l’Ordre des Seize Rayons, je ne sais pas. » Karnomen soupira à la complexité croissante. «Vous êtes sûr de ce que vous avez vu ? »
« Il n’y a aucun doute. »
« Sait-il que vous l’avez examiné ? »
« Non. »
« Bon. »
« Il y a trente-deux volumes qui ont été transcrits de l’Oracle. Cela représente trois mille trois cents pages. J’ai peur que les détails d’une tache de naissance, s’ils existent, échappent à ma mémoire. »
Karnomen fit signe à Bartholem de s'asseoir et prit son téléphone. « S'il vous plaît que Père Richards soit en rapport avec moi immédiatement. Oui. Je vous remercie. »
« Si quelqu’un sait », dit Karnomem, « ce sera lui. »
« Saviez-vous que Levernon veut me rencontrer ? »
« Non. »
«Il m'a convoqué au Palais-Royal pour la semaine prochaine, apparemment sans raison particulière, autre que de discuter de l'avancée que l'Église éprouve à l'étranger. »
« Intéressant. »
«Faites-moi savoir si vous entendez quelque chose. Peut-être qu'il est temps pour le roi de voir son médecin ? » Le sourire de Karnomen était parfaitement en équilibre entre sincérité et mépris. Karnomen admirait la puissance et la richesse du roi, mais son seul roi était sa propre lignée de Premiers Initiés et la future importance qu’ils dégageraient.
* * * *
« Merci de partager votre nourriture », dit Maia.
Kamil hocha la tête. « Ce n'est pas beaucoup car mon Poste de Ravitaillement a eu des dégâts des eaux, et ils ont insisté pour que nous utilisions ces approvisionnements avant qu'ils ne pourrissent. »
Kamil semblait avoir environ vingt-cinq ans, une forte carrure, un visage nettement marqué et des yeux inquisiteurs gris-bleu. Ses cheveux, ondulés et dorés avec des nuances de rouge, tombaient presque jusqu’aux épaules. Bien que son uniforme fût sale et mal adapté, son visage était propre et bien soigné, et hormis une cicatrice sur le nez, il paraissait indemne de ce qui pouvait être un travail dangereux.
Leur petit déjeuner se composait de pain de blé et de confiture de petits fruits, avec des œufs d'oiseaux que Kamil avait recherchés la veille.
«Comment va la tête ? », demanda Kamil en évitant les yeux de Joseph.
« Mieux, merci. »
« Comme je l'ai dit hier soir, je peux vous ramener à mon Poste de Ravitaillement, et de là, quelqu'un vous conduira hors de la forêt, en un jour ou deux, c’est juste une prévision. »
« Pensez-vous être partant pour une longue randonnée ? », demanda Maia en se tournant vers Joseph.
« Existe-t-il un choix ? », Joseph sourit
Joseph avait un bandage rudimentaire qui maintenait le cataplasme en place, directement sur son hématome. Maia l'avait fabriqué avec sa chemise et une vigne, et bien qu’inesthétique, il s’avérait être utile.
Maia se repassa sa conversation avec l'Oracle. Elle estimait que Kamil était une bonne âme qui était naturellement paranoïaque, étant donné son métier et l’environnement. La forêt, au plus profond, était en effet un lieu mystique, et bien qu'elle semblât être un Éden d'une part, elle était aussi un lieu d'isolement immaculé susceptible de dérouter même les plus équilibrés des individus.
« Que savez-vous de Karnomem ? », demanda Maia.
« Je sais qu'il est le Prêtre Suprême», Kamil se retourna. «Pourquoi le demandez-vous ? »
« L’avez-vous déjà rencontré ? »
« Non. Nous avons tendance à nous tenir dans des milieux différents», répondit Kamil avec un soupçon de sourire entre les mastications du pain rassis.
Joseph pencha légèrement la tête et regarda Maia, se demandant pourquoi elle poursuivait son enquête.
« Quelle est votre fonction en tant que sentinelle ? », demanda-t-elle.
« Eh bien, en premier, mon protocole est de se méfier de n'importe qui que je trouve dans ces bois, ce qu’il veut dire ne pas partager aucune information qui pourrait être utilisée contre moi. »
«Pourquoi vous nous insultez ? », demanda Maia paraissant blessée.
«Regardez, J'ai été engagé pour garder une partie de la forêt qui entoure le monastère du Prêtre Suprême. On m'a dit de ne faire confiance à personne. Alors devinez quoi, je ne fais pas confiance. Vous pouvez être insultée si vous voulez ... c'est juste la façon dont les choses sont. »
«D'ailleurs », ajouta-t-il, « si vous arrêtiez de mentir au sujet de la vraie raison de votre présence ici, ce serait beaucoup plus facile de trouver un moyen de vous faire confiance. »
« De quelle manière pensez-vous que nous vous mentons ? », demanda Joseph.
«Seuls les fous iraient à cette profondeur dans les bois, mêmes s'ils étaient perdus. Vous êtes assez intelligent pour faire un cataplasme, mais vous ne pouvez pas trouver la sortie de la forêt avec une boussole ? »
«Je vous ai expliqué, notre boussole est cassée. »
« Bien sûr qu'elle l’était. Aucune boussole ne fonctionne à l'intérieur de cette forêt Il y a de riches gisements de fer sous nos pieds qui perdent toutes les aiguilles de boussole Vous avez dû avoir marché au moins deux jours et à un rythme rapide, pour être ici », Kamil s'arrêta et montra le sol. «Et jusqu'à ce que vous arriviez ici, votre boussole fonctionnait très bien alors ne me dites pas que vous êtes perdus Vous avez choisi d'entrer dans cette forêt pour une raison - et vous n'avez tout simplement pas envie de me dire pourquoi »
«C'est tout ? » Joseph s'exclama. «Vous ne nous croyez pas parce que notre boussole est cassée? Eh bien, je n'ai pas confiance en vous parce que vous vous êtes faufilé sur moi et avez écrasé la crosse de votre fusil sur ma tête, sans même quelque hésitation. Qui est plus digne de confiance ? Vous, ou moi ? »
Kamil regarda Maia. « Et votre fille ici, si c'est ce qu'elle est, bavardait avec un ami invisible au sujet de l'Oracle de Dohrman ce matin. Même si elle l’a nié, je l'ai entendue. »
« Mais je vous ai déjà expliqué, c'est juste un ami imaginaire, et nos conversations portent toujours sur des choses surnaturelles - les fées, les gnomes, les sorciers, et, oui, je suppose, parfois les oracles. »
Maia jeta un rapide coup d'œil à Joseph, sachant qu'il n'était pas au courant de sa conversation du matin avec l'Oracle. « Je ne sais pas ce que vous voulez dire au sujet de l'Oracle de Dohrman», Maia soupirait presque tandis qu'elle parlait. « Je souhaite seulement que nous puissions sortir de cette forêt et retourner à notre maison. Peut-on faire cela ? »
Elle tendit la main vers Kamil et serra son avant-bras délicatement, tout en regardant son visage.
«Nous pouvons le faire», dit Kamil avec résignation. « Mais vous devrez faire ce que je vous dis jusqu'à ce que nous arrivions au Poste de Ravitaillement. Officiellement, vous êtes mes prisonniers. Le capitaine du Poste voudra vous interroger, vous aurez probablement un jour supplémentaire d'attente avant que vous soyez escortés hors de la forêt. »
«Nous sommes vos prisonniers ? », questionna Maia avec un frémissement de crainte.
Kamil haussa les épaules et se mit debout. « Plus tôt nous commencerons, plus tôt vous serez chez vous. »
Kamil, tel un automate, exécuta sa routine bien rodée de lever de camp, tandis que Maia et Joseph se regardèrent, confus au sujet de leur prochain mouvement, mais en sachant qu'ils devaient en faire un, très bientôt.
* * * *
Père Richards était un homme corpulent ayant la cinquantaine. Il était l'érudit par excellence de l'Église au sujet des transcriptions de l'Oracle, accumulées au cours des trois derniers siècles. Au sein de l'Ordre des Seize Rayons, Richards était Initié Sept. Son intelligence était inégalée au sein de l'Ordre, et Richards avait une compréhension globale du texte secret de l'Oracle, ce qui le rendait indispensable à l'Ordre.
Comme il marchait dans le couloir menant au bureau privé de Karnomen, il se demandait s'il avait fait quelque chose de mal. Richards avait la réputation d'être franc, et parfois sa franchise malmenait certains de ses collègues. Cependant, pour autant qu'il fût concerné, dans tous les cas d'une querelle, il avait raison. Son intelligence lui permettait de voir les détails, les connexions et les textures que d'autres négligés - non pas parce qu'ils ne s'en souciaient pas, mais parce que leurs esprits étaient dans un brouillard relatif.
Étant le conservateur de l'ensemble le plus important de documents de l'histoire de l'humanité, cela lui donnait aussi un avantage, en termes d’influence dans les litiges. Il n'y avait rien, dans le monde entier, qui même réduisait en importance les chroniques de l'Oracle, et il avait la chance d'être le gardien de cet ouvrage monumental.
Il frappa à la porte de Karnomem.
« Entrez. »
«Bonjour, votre Éminence. » L'odeur du café flottait dans l'air comme il entrait. « Vous avez demandé à me voir ? »
«Oui, installez-vous confortablement », dit Karnomen. «Je discutais juste avec Bartholem et il a mentionné quelque chose d'intéressant dans son examen de Hugelitod. Je voulais votre conseil sur ce nouveau développement. »
Richards s'assit, soulagé d'entendre que sa convocation n'était pas le résultat d'une imprudence de sa part.
« Vous voudriez du café ? », offrit Karnomem.
« Oui, s'il vous plaît. »
Karnomen acquiesça, se pencha et versa une tasse de café pour Richards. Les deux hommes étaient assis autour d'une table ornée dans l'étude privée de Karnomen.
« Il se trouve que notre nouvel Initié a une Étoile du Roi comme tache de naissance au milieu de son dos. », annonça Karnomen avec désinvolture.
Richards posa sa tasse et se renversa dans son fauteuil.
« Une Étoile du Roi », reprit-il surtout pour lui.
Karnomen étudia le visage de Richards, à la recherche de signes révélateurs qu'il avait trouvé les liens.
«Il y a une référence en volume dix-sept qu'un guerrier serait né sous l’Étoile du Roi. Cependant, je ne me souviens d’aucune référence à une tache de naissance. »
«Je tiens à le lire moi-même», déclara Karnomen. «Allons à la Salle de la Prophétie. »
* * * *
La Salle de la Prophétie était la bibliothèque secrète qui contenait les trente-deux volumes des transcriptions recueillies de l'Oracle. Seul le Premier Initié de son temps pouvait ajouter de nouveaux écrits, et chaque volume marquait la période en exercice d'un Premier Initié particulier.
Il y avait certains volumes dans la collection qui étaient considérés par l’Ordre comme ayant une portée élevée en termes de profondeur et d'exactitude de la prophétie ou d’analyses philosophiques. Ces volumes reflétaient la qualité de la relation entre le Premier Initié et l’Oracle, ainsi que la ligne d'enquête menée par le Premier Initié. En effet, chaque volume représentait un partenariat entre l’Oracle et le Premier Initié.
Le volume dix-sept se composait de 2.819 pages manuscrites, transcrites par Jonevere Lastin, Grand Prêtre, un régime qui a duré onze ans. Lastin était vénéré par l'Église comme un authentique Saint, bien que personne, en dehors de l'Ordre des Seize Rayons, n’ait eu l'occasion de lire ses consultations officielles avec l'Oracle. Le volume dix-sept était une révélation remarquable, car il prédisait, en détail, d’une nouvelle ère quand l'humanité changerait son état d'être, et, en tant que collectif, commencerait le processus d'unification fondé sur une parenté viable et spirituelle.
Richards réglait l'éclairage au plafond dans la Salle de la Prophétie, tandis que Karnomen cherchait ses lunettes de lecture dans les poches immenses de sa robe.
«Un instant, votre Éminence, pendant que je prépare le livre et trouve la référence. » Richards regarda rapidement Karnomen, et glissa soigneusement un couvercle translucide sur un grand livre en cuir couleur émeraude. La Salle de la Prophétie avait un environnement contrôlé avec soin, même dans ses murs, les volumes originaux - la plupart manuscrit par le Premier Initié lui-même - étaient hermétiquement fermés pour les protéger de la dégradation.
Karnomen enfila des gants blancs en prévision du signal de Richards. Le Premier Initié était d'une humeur calme et austère. Il connaissait bien le livre de Lastin, après l’avoir lu plusieurs fois au fil des ans, mais en raison de sa longueur extraordinaire, il lisait souvent en diagonale des sections qui semblaient moins intéressantes pour lui, un fait qui, maintenant, est la raison pour laquelle il ne se souvenait pas de l’Étoile du Roi.
« Pouvez-vous estimer combien de temps cela va prendre ? », demanda Karnomen.
Les mains de Richards gantées de blanc tournaient les pages avec beaucoup de soin et délibération, et sans lever les yeux, il répondit : «Si c'est ici, je vais le trouver, je pense que je connais le chapitre, son écriture est juste difficile à lire, je suis donc un peu plus lent à faire mon analyse de référence. »
« Et le nom du chapitre ? »
« C'est le chapitre cinquante-cinq, dénommé Graines Lumineuses. »
Le nom semblait faux pour Karnomen. « Êtes-vous sûr, ou avez-vous juste une impression ? »
« Un peu des deux, votre Éminence. Si vous préférez, je peux vous appeler quand je l'ai trouvé. »
«Je pars pour l'Oracle dans environ trente minutes. Je préfère avoir une connaissance de ceci avant mon départ, je peux attendre encore dix minutes. »
Karnomen réfléchissait sur les mots, Graines Lumineuses, lorsque Richards commença à lire à haute voix le livre.

« Celui qui guidera ce changement portera la marque de l’Étoile du Roi sur son corps. Dans la crête de ses ailes, elle se tachera. Cette marque est le signe royal de la main du Créateur dans la chair. Celui qui portera cette marque sera trouvé dans l'ombre d’une tyrannie, un avec la bête. Mais dans sa chute, il se lèvera, oint de l'Esprit qui guide les graines humaines. »

« Cet homme n’aura pas d'égal, et pourtant il marquera le début de l'égalité. Il ne sera pas maître, et pourtant tous les maîtres avant lui expireront. Il verra la sagesse chez l'homme, mais l'homme ne verra pas sa sagesse car il restera inconnu. Pourtant, sans cet homme, l'ascension de l'humanité est dans une moindre trajectoire. »

« Les Graines Lumineuses sont stockées en cet homme, et elles enlaceront la Fille du Créateur qui prévoira le nouvel Oracle, et elles l'escorteront à chaque homme, femme et enfant -»


«C'est assez», dit Karnomen, levant sa main. « Je voudrais que vous écriviez ce passage pour moi afin que je puisse l'étudier plus en détail quand j’aurai suffisamment de temps. Pouvez-vous faire cela pour moi aujourd’hui ? »
« Bien sûr, votre Éminence. Ce serait mon honneur. »
Karnomen remercia Richards, enleva ses gants et lunettes de lecture, et marcha la courte distance jusqu'à sa pièce privée. Il n'était pas certain de ce qu'il venait d’entendre. Cela résonnait encore dans ses pensées. Hugelitod est le guerrier ? Comment est-ce possible ? Sa crainte que Hugelitod soit plus que son simple et humble assistant fut allumée par un combustible puissant caché dans un livre qui avait près de deux cents ans. Le temps semblait plus illusoire chaque jour, comme s’il n'avait pas vraiment existé.
* * * *
Hugelitod prit une profonde inspiration et la maintenait dans ses poumons. Il aimait l'idée de maintenir la forêt dans son corps. Une partie silencieuse de lui croyait que c'était la meilleure façon d'absorber l’esprit de la forêt et sa faune.
Son père lui avait dit que le souffle était son lien à la vie, et comme cela semblait évident au premier abord, Hugelitod, alors jeune garçon, médita sur cette signification pendant plusieurs jours, période durant laquelle il s'est rendu compte que le souffle était plus qu'une connexion à la vie, c'était la force de la vie elle-même. Tenir l'air de la forêt dans ses poumons porterait la forêt dans le cœur par l’intermédiaire du sang, et le lien affectif à un lieu où l’esprit serait renforcé.
Ce qu'il voulait vraiment faire, cependant, était de communier avec l'Oracle et lui poser une centaine de questions qui grondaient dans son esprit.
Le banc sur lequel il reposait, était juste à côté de son sentier de randonnée préféré, à l'écart du monastère, et alors qu'il n'était qu’à quelques centaines de mètres du parc entretenu extérieur à la propriété, c’était comme s’il était dans une forêt primitive d'un million d’années.
«Je pensais que je pourrais vous trouver ici», déclara avec affection Torem. Torem était l’Initié Deuxième. C’était un homme de grande taille, avec un visage long et anguleux et des yeux bienveillants qui étaient toujours encadrés par des lunettes à monture métallique. Un chercheur remarquable, Torem était le prochain à devenir le Premier Initié, bien que la succession ne fût jamais assurée car l’Oracle l’influençait largement, même si en fin de compte, c’était le Premier Initié qui décidait.
Hugelitod se redressa sur le banc. «Je me sentais assez bien pour sortir dans les bois et respirer l'air frais. »
« Je sais ce que vous voulez dire », en convenait Torem. «Puis-je vous rejoindre ? »
« S'il vous plaît », proposa Hugelitod.
Torem s’assit, en plaçant ses mains sur ses genoux. «C'est un beau rappel. »

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMer 24 Aoû - 20:13

Chapitre 9 - (2/2)

contenait la deuxième partie qui est maintenant intégrée à la première partie.


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMer 31 Aoû - 21:50

Chapitre 10 - Le Chemin de la Création

« Que voulez-vous dire ? »
«La Nature», disait-il énigmatiquement. «Je vois que les points de suture sont ôtés. »
« Oui, juste ce matin. »
« Et vous vous sentez mieux maintenant ? »
« Oui beaucoup mieux, merci »
« Je n'étais pas là à votre initiation », commença Torem, indiquant que le petit entretien était terminé, « mais j'ai entendu tout à son sujet hier à mon retour. » Il sourit.
«Je peux imaginer », confirma Hugelitod.
« Vous savez qu'il y a des histoires que l'Oracle assignerait l'un de nos nouveaux Initiés avec une mission en quelque sorte - quelque chose qui s'apparente à la subversion je suppose. L'Oracle essaierait d'utiliser ce pion, ce nouvel Initié, pour renverser l'ordre. »
«Maintenant, vous n'avez pas entendu parler de ces histoires parce que vous n'avez pas lu aucune des Prophéties, mais ceux d'entre nous qui les avons lues, nous sommes ... eh bien, disons simplement, nous sommes naturellement un peu paranoïaques à propos de ces histoires parce que l'Oracle est un portail dans le futur - sur notre destinée, et c'est quelque chose que nous ne voulons pas voir tomber entre de mauvaises mains. »
Hugelitod manifesta sa compréhension d’un signe de tête. « Ces prophéties dont vous parlez, puis-je les lire moi-même ? »
«Peut-être en temps voulu », répondit Torem avec un sourire rapide. «Les œuvres recueillies représentent une vie d'étude en soi. Mais d'abord, votre disposition en tant qu’Initié reste à régler. »
Hugelitod se sentait enthousiasmé par Torem, et quelque part en lui il voulait laisser échapper les détails de son expérience avec l'Oracle, et les partager avec Torem. De tous les Grands Initiés, Hugelitod estimait que Torem était le plus compréhensif. Mais quelque chose dans le ton Torem lui rappelait que l'Ordre des Seize Rayons n'était qu'un esprit, un esprit contrôlé par Karnomen.
«Je me souviens de ma première semaine après mon initiation », se rappela Torem. «Je devais avoir votre âge, je suppose, et, comme vous, je connaissais bien la légende de l'Oracle de Dohrman, mais je doutais de son existence, car cela n'avait pas aucun sens que Dieu utilise autre chose que sa propre voix pour parler à ses élus. »
« Mon initiation était une prise de conscience pour moi. J'ai reçu des vérités que j'ai ressenties être aussi profondes qu'elles devaient l’être, elles ne pouvaient être issues que de la bouche de Dieu lui-même. » La voix Torem était calme et douce, et avait un rythme qui était typique, compatible avec quelqu'un qui parlait à partir de son cœur.
Torem se pencha vers Hugelitod. «La remarque que j'essaie de faire, est que l'Oracle n'est pas Dieu, même s'il est facile, au premier abord, de les confondre. Cependant, Dieu n'est pas lié à un simple monolithe. Il est libre, partout et en tout temps. L'Oracle, lié à la pierre, est une voix d'une grande vision, certes, mais il manque de sagesse, et par cette absence, il manque de pouvoir. »
«Le vrai pouvoir s’appuie sur Karnomen et sa relation, non avec l'Oracle, mais avec Dieu. Si vous servez Karnomen, vous servez Dieu. Si vous servez l'Oracle, vous servez une vision de notre avenir incarné dans un monolithe de pierre, et rien de plus. »
Torem fit une pause assez longue pour changer de position sur le banc de bois et croiser ses jambes. «Aucun de nous au sein de l'Ordre ne prétend savoir exactement ce que vous avez éprouvé lors de votre initiation, mais nous savons, avec certitude, que l'Oracle n'est rien de plus qu’un dispositif pour prévoir l'avenir. Notre espoir est que vous en veniez à cette compréhension. »
Torem fit une pause avec un soupir solennel. «Y a-t-il quelque chose que vous souhaitez partager avec moi au sujet de votre initiation? Il serait bon de vider votre conscience et de demander l'absolution, mon ami. Votre position dans l'ordre peut être immédiatement rétablie, si vous choisissez simplement la transparence au silence. »
Hugelitod sentit la force de Torem se pencher sur lui. Il était le deuxième homme le plus puissant de l'Église, un homme de grande sagesse, irréprochable dans sa sagesse théologique et, pourtant, Hugelitod ne pouvait pas ébranler sa foi en l'Oracle et en ce qu'il lui avait dit.
«Je suis désolé, mais je ne me souviens pas de mon initiation. Je voudrais le faire. Je voudrais pouvoir dire que l'Oracle m'a dit des vérités profondes comme il l'a fait pour vous, mais je n'ai aucun souvenir de l'événement ... autre que ceci. » Il indiqua sa blessure et continua ensuite.
« Je comprends les inquiétudes que vous avez si Oracle a prophétisé qu'un nouvel Initié porterait atteinte à l'Ordre des Seize Rayons, mais comment pouvez-vous savoir que c'est moi dont l'Oracle faisait allusion ? »
«Nous sommes tous composés des plus minuscules des éléments», dit Torem, «et ces éléments laissent entrer la lumière, et c'est la lumière qui sculpte l'image sur les plaques de notre corps, cœur et esprit, tout comme les lentilles de la caméra permettent à la lumière de graver une image sur ses plaques. La moindre des formes reçoit la plus grande répétition de lumière. La lumière de la vérité est une lumière en votre corps, cœur et esprit, mais il y a ceux d'entre nous au sein de l'Ordre qui voient l'ombre dans vos paroles, et nous sentons l'obscurité dans votre cœur. Cela ne ment pas. Cela vous ne pouvez pas nous le cacher. »
Le cœur de Hugelitod commença à s’emballer et il sentit son visage rougir. Il n'avait pas d'autre choix que de résister et feindre l'indignation. «L'obscurité que vous entendez dans mes paroles est la confusion. Je suis confus avec votre hypothèse sur ma culpabilité. Vous êtes un de mes héros ... je vous tiens en haute estime, mais parce que je me sens accusé de quelque chose que je ne comprends pas, je suis évidemment dans les ténèbres, eh oui, je suppose que vous pouvez ressentir cela. »
Il s'arrêta un instant. « Quelle que soit la lumière ou l'obscurité que vous pouvez voir en moi, ce n'est pas l'œuvre d'un événement, et quel que soit le changement que vous sentez en moi depuis mon initiation, cela a été façonné par vos hypothèses, de sorte que vous avez également eu une main dans la création de cette obscurité... Ces ombres dans mon image. »
Là-dessus, Hugelitod se retourna et s'éloigna. Sa destination était maintenant seulement sa propre chambre au monastère. Il voulait uniquement être laissé seul, et prier pour plus de clartés.
****
Karnomen parcourait le chemin éculé menant à l'Oracle. C'était son soixante-dix neuvième voyage vers l'Oracle depuis son arrivée au pouvoir comme Prêtre suprême, ou, comme il était connu exclusivement à l'intérieur l'Ordre des Seize Rayons, Premier Initié. Seuls les trois premiers Initiés pouvaient aborder l'Oracle directement, et uniquement lorsque c’était confirmé par le Premier Initié.
Le chemin était extrêmement étroit, des racines d'arbres et des roches abondaient presque à chaque détour du chemin, et plus d'un Initié pouvait se vanter des chevilles tordues de leurs voyages à l'Oracle.
Une barrière de périmètre qui avait dix kilomètres de profondeur, et à plusieurs niveaux dans sa dissuasion, entourait l'Oracle. Cette barrière s'étendait comme des cercles concentriques, avec l'Oracle comme point central. Serpentant à travers la barrière, il y avait un sentier étroit et bien usé avec des postes de garde stationnés à chaque kilomètre. Ce chemin était le seul passage coupant à travers la barrière de périmètre. Il commençait sur le bord nord des terres du monastère, et continuait jusqu’au poste de garde final, à un kilomètre du site de l'Oracle de Dohrman.
Le premier niveau d'obstacle était le dépôt naturel de minerai de fer qui entourait le secteur, rendant inutilisable une boussole. Le deuxième niveau était composé de buissons épineux, qui furent plantés près de trois cents ans auparavant, et s'étaient développées jusqu'à près de quatre kilomètres de profondeur, entrelacés si étroitement que les animaux plus gros qu'un lapin n'ont jamais été vus. Le troisième niveau était constitué d’une clôture de roche qui se tenait sur six mètres de haut et avait une inclinaison inversée ce qui rendait l'escalade impossible. Au sommet de cette clôture il y avait un fossé rainuré, de trois mètres de large, qui avait été rempli de saleté et planté de buissons plus épineux, ayant son propre écosystème de rongeurs et de serpents venimeux.
Ces trois premiers niveaux présumaient qu’un intrus avait échappé aux sentinelles qui protégeaient le périmètre de la clôture. Si un intrus avait miraculeusement surmonté les trois premiers niveaux de sécurité, le quatrième niveau était le coup de grâce, connu des seize Initiés comme la Barrière de Dieu. La Barrière de Dieu était attribuée à Petranom, qui fut le Premier Initié, huit générations précédant Karnomen. Il était du devoir sacré du Premier Initié à sécuriser l'Oracle, et il était assez courant, parmi leurs rangs, que cette responsabilité devienne une obsession.
La Barrière de Dieu utilisait une technique qui fut conçue avec l'aide de l'Oracle, bien que Petranom n’ait jamais crédité l'Oracle pour son invention. Des tubes en cuivre étaient tordus selon des configurations en spirale et étaient placés dans le sol. Au cours des dix-huit ans, des milliers de ces tubes en cuivre encerclaient des motifs qui étaient bien cachés parmi les arbres et les broussailles. Les tubes étaient reliés par un réseau complexe de câbles de cuivre. Un générateur fut construit sur le site pour fournir le courant électrique à l'ensemble du réseau, dont l'efficacité était étonnante.
Toute personne qui se trouvait sur la Barrière de Dieu rencontré un champ électrique qui était toxique pour le cœur humain. Il y avait un courant tellement puissant que, lorsque vous arriviez dans les dix mètres du réseau de cuivre, votre rythme cardiaque devenait instantanément instable, et il n'y avait aucun moyen de vous en protéger. Il n'y avait aucune voie menant à l'Oracle qui n’était touchée par le champ électrique - autre que la porte étroite au poste de garde final, qui était réservée aux seize Initiés.
Karnomen et Shunal arrivèrent au septième et dernier poste de garde du site de l’Oracle. Personne, autre que les initiés, ne fut jamais autorisé à dépasser les portes, y compris les membres de plus haut rang de la Garde Suprême. L’hypothèse parmi les sentinelles était que le site de l'Oracle était le lieu où les reliques les plus saintes de l'Église étaient stockées. Ils ne connaissaient l’Oracle que par la légende ou le mythe, et presque toutes les sentinelles avaient rejeté l'idée que l'Oracle de Dohrman fut autre chose qu'une légende folklorique des gens du peuple.
Des histoires surgirent de temps en temps, des sentinelles curieuses et de haut rang qui avaient entrevu les pierres monolithiques du site de l'Oracle, mais la peur d'être pris et damné par le Prêtre Suprême était une croyance puissante à quiconque ayant un esprit rationnel. Les Grands Initiés prenaient grand soin dans la promotion des sentinelles à des grades supérieurs, et cultivaient leur fidélité en tant que forme d'art.
« Salutations, votre Éminence. Salutations, Père Shunal », provenaient d’une bienvenue rythmée. Le nom du gardien était le capitaine Botner, robuste, bien bâti, précis dans ses actions et toujours fiable.
« Merci mon fils, cela fut un long voyage, j'imagine que vous avez un peu de thé pour nous ? »
«Oui, votre Éminence, si vous le souhaitez, reposez vos jambes sur le pont et je vais revenir avec votre thé et l'eau aussi vite que je le peux. » Botner se précipita à son poste de garde, tandis que Karnomen et Shunal marchaient une courte distance jusqu’à une terrasse entourée par de hauts séquoias. Ils s’assirent à une table, patinée par le temps, jonchée d’aiguilles de pin de couleur cuivre et se détendirent à la lumière du soleil pommelé d'une belle, mais froide journée. Il était près de midi, et les deux hommes avaient faim après leur longue marche.
« Alors ... avez-vous décidé de votre approche ? », demanda tranquillement Shunal.
« Oui, c'est un des bons effets de ces longues promenades », répondit Karnomen. «J’ai effectivement eu le temps de réfléchir. »
Karnomen se frotta les jambes avec ses mains. «Mes jambes me font plus mal que d'habitude aujourd'hui. Je crains que je puisse avoir à passer la nuit sur ce voyage, mais nous verrons comment les choses se dérouleront. »
Les robes des Grands Initiés étaient d'une couleur bleue sarcelle et elles étaient accentuées avec seize étoiles de couleur or sur le haut du dos de la robe - le symbole de l'Ordre. Cependant, chaque fois que les Grands Initiés sortaient du monastère, ils devaient mettre leurs coutumières robes grises claires accentuées avec des ceintures rouges.
« Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? », demanda Shunal.
« Non, je vais bien », déclara Karnomen en agitant sa main dans un arc dédaigneux - le signal que le sujet était clos.
Shunal réfléchissait comment faire une autre demande de l'approche de Karnomen avec l'Oracle. Il se souvenait très bien de sa propre expérience à peine deux jours plus tôt, et espérait que Karnomen trouverait une explication logique pour la conduite inattendue et nouvelle de l’Oracle.
«Vous poserez des questions sur Hugelitod ? », demanda Shunal.
« Je vais demander cela et plus encore », répondit Karnomen. « Ne vous inquiétez pas, mon ami, je serai direct avec l'Oracle. Compte tenu de ce qui s'est passé ces derniers jours, je crois que nous n’ayons pas d'autre choix. »
****
« Vous devez le distraire avec votre beauté », murmura Joseph. « Si je peux obtenir son fusil, nous pourrons partir. »
« Et puis quoi ? », répondit Maia. «Avez-vous l'intention de le tuer ? »
Maia et Joseph marchaient derrière Kamil à une courte distance. Ils étaient en route pour le Poste de Ravitaillement où Kamil était déterminé à remettre ses prisonniers, un fait qui était troublant, en particulier, pour Joseph car il était conscient de la façon dont ils seraient interrogés.
« Avez-vous toujours les codes», demanda Maia.
«Bien sûr », répondit-il.
« Débarrassez-vous d'eux. Quand nous arriverons au Poste de Ravitaillement, ils vont vous fouiller, et comment allez-vous expliquer les codes ? »
Joseph réalisa soudainement qu'il avait sous-estimé la conscience de Maia de leur situation.
«Je n'avais pas prévu de nous rendre au Poste de Ravitaillement», répliqua Joseph.
« Je peux vous entendre comploter derrière », à demi-cria Kamil. «Continuez et cessez d’être à la traîne. »
« Nous ne conspirons pas », répondit Maia. «Nous nous disputons. »
«Je ne m'inquiète pas vraiment de ce que vous dites, si vous vous disputez, désormais vous ne le ferez pas en chuchotant ? »
Kamil s'arrêta un instant permettant à ses prisonniers de rattraper leur retard. Son visage était sans expression, pas un signe de transpiration, ni de lourdeur dans son souffle.
«Je jure», dit Maia : «votre endurance est plus semblable à un cheval qu’un humain. Juste une observation. »
Kamil adoucit un peu son expression. « Nous pouvons prendre un repos si vous voulez. »
«Où est le cours d’eau suivant ? »
«Environ un kilomètre je suppose. »
« Alors nous continuons », suggéra Maia. « Nous pouvons nous reposer au cours d’eau. »
****
Le Commissariat de Police était compact et ordonné - de manière sereine, non encombré ou presque de tout ce qui semblait hors de propos. Le bureau du détective Sorril était à l’opposé, consistant en un petit bureau et deux chaises qui servaient de socles à des tours chancelantes de dossiers empilés sur chaque surface de niveau qu'il pouvait trouver. Son petit bureau ne pouvait plus accueillir de classeurs, de sorte que ces tours avaient commencé à croître, il y a deux ans, et ont poursuivi leur ascension verticale depuis.
« Vous reconnaissez que vous et votre fille avaient eu une dispute ? », demanda Sorril, examinant le rapport écrit qu’Anton avait rempli plus tôt dans la matinée.
« Oui », répondit-il.
« Et vous l’avez vue pour la dernière fois dimanche soir, et depuis alors, rien ? »
Anton hocha la tête. « Oui. »
« Avait-elle des ennemis ... ex-petits amis ? »
« Non, c’est une solitaire », répondit Anton.
« Peut-être que vous n'avez pas réalisé qu'elle voyait quelqu'un - »
« J'ai dit qu'elle était solitaire », répéta Anton, sa patience diminuant.
Sorril se renversa dans sa chaise grinçante. « Y a-t-il des endroits où elle aimait être seule ? »
«Elle allait dans la forêt parfois, à côté de son école. C'était son endroit favori. »
« On pourrait se perdre dans ces bois. Peut-être qu’elle est tombée sur la Garde Suprême. »
« Non, non, Maia ne serait jamais allée aussi loin dans les bois », protesta Anton.
«Tout de même, je vais vérifier avec eux et voir s'ils ont rencontré une personne correspondant à sa description. »
Sorril regarda la photo de Maia - accrochée à ce rapport. « Elle devrait sans doute se démarquer du type habituel qu'ils trouvent en quête de nourriture là-bas. »
Le détective se leva, serra la main d'Anton, le remerciant pour son information, et lui assurant que son département ferait tout ce qu’il y avait en son pouvoir pour trouver Maia.

****


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMar 6 Sep - 0:38

Chapitre 11 - Rite de Passage

Bartholem frappa à la porte en utilisant une phalange. Le son était fort, mais digne. Le bureau du Haut Conseiller auprès du Roi avait toutes les attributions royales comme on pouvait s'y attendre, y compris les portes massives qui dominaient des plafonds cambrés de neuf mètres dans le couloir.
«Oui, entrez », informa une voix assourdie.
Aussi immenses qu’étaient les portes, Bartholem était toujours étonné de la facilité avec laquelle elles s’ouvraient.
« Et comment va le Conseiller de notre Roi aujourd’hui ? », demanda Bartholem.
«Je vais bien, et vous ? », répondit Samuel. « Cela me semble lointain depuis notre dernière rencontre. »
«Oui, eh bien, j'ai été particulièrement occupé, et la vie d'un médecin, comme vous le savez, n'est pas la sienne. » Bartholem ferma la porte, et prit une chaise en face de Samuel, qui étudiait un ensemble épais de documents importants.
Les deux hommes furent des camarades de classe à l'école pendant huit ans, et ont réussi à conserver leur amitié d'enfance face aux carrières qui les avaient étirés aussi minces que de la glace nouvellement formée.
« Et que vous amène dans mon bureau aujourd’hui ? », demanda Samuel, en posant ses documents. Samuel était un génie politique réputé, mais sa tenue était toujours discrète, et son visage était adouci par son amour de la nourriture. Il avait parfois un esprit jovial avec un grand sens de l'humour, mais pouvait pivoter, en un instant, à une attitude sérieuse et implacable sur pratiquement n'importe quel sujet.
« Le Prêtre suprême m'a demandé de soigner un de ses protégés, un homme nommé Hugelitod. »
« Pardonnez mes manières, mon vieil ami », interrompit Samuel, « mais vouliez-vous quelque chose à boire ? »
« Juste un peu d'eau serait bien », répondit Bartholem.
«Vous me parliez de Hugelitod », incita Samuel alors qu'il versait de l'eau dans une coupe de cristal.
« Oui, merci, Hugelitod est le nouvel assistant de Karnomen. »
« Un nouvel intronisé ... je vois où cela mène », dit Samuel.
Bartholem connaissait bien le penchant de son vieil ami à sauter aux conclusions avant que quiconque n’ait même reconnu le terrain de jeu.
«Ainsi la paranoïa sacerdotale dresse sa tête hideuse et Hugelitod en est la victime innocente ? »
« Cette fois, c’est peut-être bien fondé», déclara Bartholem.
« Dites- moi en davantage. »
Bartholem expliqua l'Étoile du Roi et l'intérêt immédiat qu'elle avait apporté à Karnomen. Il décrivit les circonstances inhabituelles de l'amnésie de Hugelitod et l'initiation qui a été brutalement interrompue par sa chute - contre l'Oracle lui-même, pas moins.
« Croyez-vous Hugelitod ? »
« Non, je crois qu’il dissimule des renseignements, mais ce n’est qu'une impression. »
« Parfois, les impressions représentent ce que nous devons suivre», dit Samuel perdu dans le calcul d’une équation devant lui.
« Je proposerais que vous restiez proche de cette situation. Peut-être Hugelitod aura besoin de vos services ? »
« Qu’entendez-vous par là ? »
« Les blessures peuvent s'infecter », Samuel lui lança un sourire narquois. «Un coup sur la tête peut parfois avoir des conséquences neurales imprévues. Vous le savez mieux que moi. Il suffit de trouver un moyen de lui rendre visite régulièrement et d'observer ses progrès. »
« Karnomen est aussi paranoïaque qu’il est sournois. Sa prochaine étape sera de confronter l'Oracle. Si l'Oracle est toujours l'Oracle, il lui répondra franchement, et Hugelitod sera condamné. Si l'Oracle s'est modifié lui-même, ou a changé quelque peu, s’il peut résister à l’enquête de Karnomen, alors il est peut-être temps de faire un geste. » Bartholem soupira nerveusement. «Je ne pensais pas que cela se produirait dans ma vie. »
« Et pourtant, une occasion peut se présenter ». Samuel sourit. « Soyez de bonne humeur, mon ami. N'est-ce pas ce que nous avions espéré ? Imaginez ce que nous pourrons faire si nous contrôlons l'Oracle. »
Bartholem géra un faible sourire. Il savait, dans une partie reculée de lui-même, que les modifications seraient plus profondes qu’aucun d’entre eux ne pouvait l’imaginer, même Samuel.
* * * *
« Vous ne savez pas ce qu'ils feront de nous», murmura Joseph.
« Vous non plus », répondit Maia.
Elle tamponnait ses ecchymoses avec un chiffon humide, arraché de son bras qui était complètement arraché à partir de l'épaule. Le ruisseau était froid, et Joseph tressaillit au contact du chiffon humide et glacé. Sa joue gauche avait viré à une teinte violette, et Maia était heureuse que le ruisseau et les roches dans le courant aient refusé de fournir un miroir à Joseph, car elle craignait que sa colère envers Kamil augmente s'il pouvait voir son visage.
Kamil remplit sa gourde et se lava le visage. Il était toujours attentif et conscient que ses prisonniers étaient à la fois confus et trompeurs. Il sentait qu'ils conspiraient en vue de s'échapper, mais il gardait son fusil près de lui à tout moment, et s’ils avaient l'audace de s'enfuir, il serait en mesure de les repérer facilement dans cette forêt, qu’il connaissait mieux que quiconque.
«Vous avez cinq minutes de plus», cria Kamil.
Maia ne répondit pas.
« S’il nous considère comme des prisonniers », murmura Joseph dans un souffle, «c'est seulement parce qu'il est aussi méfiant que ses supérieurs, et si on nous traite comme des prisonniers, ça ne sera pas un bon moment. »
« Alors, nous allons leur dire la vérité ... en grande partie », répondit Maia.
«Ne me dites pas que vous avez soudainement perdu vos esprits ? » Joseph se retourna. « Ce n'est pas un jeu, Maia. Nos vies sont en grave danger. Nous devons nous procurer son fusil et nous échapper. C'est notre seule chance. »
Maia mit son index sur ses lèvres pincées. « Chut ». Elle se tourna pour regarder Kamil qui semblait distrait par le lavage de ses pots.
« Si nous leur disons la vérité, que peuvent-ils faire? Nous sommes justes des gens du peuple à la recherche du fameux sorcier, espérant qu'il puisse nous éclairer. Nous nous sommes perdus parce que notre boussole a cessé de fonctionner, et Kamil nous a trouvés. En fait, nous pouvons dire que Kamil nous a sauvés d'une mort certaine. C'est aussi simple que cela. Quelle menace pourrions-nous éventuellement poser à la Garde Suprême ? »
«Regardez, permettez-moi de vous préciser. Si Kamil ne nous fait pas confiance, ceux qui nous interrogeront ne le feront pas non plus », répondit Joseph. « Nous ne pouvons pas leur dire que nous sommes des gens du peuple stupides parce qu'ils vérifieront notre histoire, et lorsqu'ils le feront, ils vont savoir qui nous sommes. Et cela suppose qu’ils ne recourront pas directement à la torture afin d’économiser temps et efforts, et le métier de détective n'est pas dans leur nature. »
« Tout ce dont ils ont besoin c’est d'une graine de suspicion, à partir de là, c'est juste une question de temps avant d'arriver à la vérité, ou nous mourrons. Même si nous sommes d’abord de peu d’inquiétude pour eux. Nous sommes sur leurs terres. Nous jouons selon leurs règles. »
Maia pouvait sentir son cœur battre dans sa poitrine. Les paroles de Joseph tombaient comme des grêlons sur une fleur délicate.
« Je vous fais confiance, Joseph. Dites-moi votre plan et je vais faire ma part. »
Joseph s'attendrit de sa vulnérabilité. «Mon plan, aussi simple que cela puisse paraître, est de l'assommer, obtenir son fusil et disparaitre dans les bois. »
«Et où allons-nous courir ? »
Joseph se tenait debout. «N'importe où, mais pas là-bas. » Il se dirigea dans la direction où Kamil se trouvait. «Une gorgée de plus».
Joseph tendit les mains dans le cours d’eau et but l'eau fraîche dans ses mains en coupe. Pendant la deuxième gorgée, il remonta une grosse pierre, de couleur grise, lissée par le courant depuis un millier d'années. Il mit la pierre au creux de sa main droite, et ensemble, ils se dirigèrent vers Kamil, Maia en tête.
« Nous sommes prêts», annonça Maia, essayant de paraître calme.
Kamil ne put résister à la vue du bras dénudé de Maia, qui avait quelques coupures de branches d'arbres et d'arbustes, et une musculature sculptée, mais nettement féminine.
« Alors allons-y », déclara Kamil. « Mais suivez-moi et pas de chuchotement. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le de façon à ce que je puisse l'entendre. Compris ? »
Ils firent tous deux un signe de tête.
Juste alors qu'ils s'étaient tournés pour avancer, Joseph tomba sur le côté de la piste comme s'il avait perdu l'équilibre. Maia essaya de l'attraper, mais il atterrit dans un buisson, ses yeux convulsés comme lors d'une crise.
« Père ! », hurla Maia.
«Aidez-moi, Kamil. Aidez-moi ! », cria de panique Maia.
Kamil vint immédiatement à son secours, et aida à tirer Joseph du buisson dans lequel il était enchevêtré, Joseph ouvrit un œil, et la main tenant la pierre pointue monta en flèche vers la tempe de Kamil, l'attrapant au dépourvu et le rendant inconscient.
Le corps inerte de Kamil tomba au sol avec un bruit sourd, et Joseph saisit immédiatement son fusil. « Ok, c'est fini », dit Joseph, l'adrénaline augmentant dans son corps. «Enlevez ses chaussures. »
Sans hésitation, Maia commença à enlever ses chaussures, tandis que Joseph triait les provisions de Kamil, jetant hors du sac à dos ce qu'il jugeait superflu.
« Je sais que le cours d’eau est froid, mais notre meilleure chance de sortir d'ici inaperçu est de le suivre aussi longtemps que nos jambes peuvent supporter le froid. Êtes-vous prête ? »
Maia acquiesça, les yeux fixés sur Kamil. « Est-ce qu’il ira bien ? »
« Oui, il ira bien. Il aura une belle bosse sur sa tête, mais elle ne sera pas pire que la mienne » dit Joseph en montrant sa contusion gonflée. « Allez, partons d’ici. »
Joseph entra dans la rivière et tendit sa main à Maia, qui suivait. Le fusil était en bandoulière sur son épaule avec le sac à dos de Kamil. Maia avait lié ses chaussures ensemble et les avait jetées sur ses épaules. L'eau était glacée, mais dans la fièvre de leur situation, aucun d'eux ne remarqua la température.
« Dépêchez-vous », exhorta Joseph. «Nous devons nous déplacer aussi vite que nous le pouvons, nous ne savons pas la rapidité avec laquelle il pourra reprendre ses esprits. »
Ils persévérèrent difficilement le long du cours d’eau, veillant à ne pas tomber sur les rochers glissants. La profondeur de l'eau, dans la plupart des endroits, était inférieure à un mètre de sorte qu'ils ne furent pas trop gênés par le courant contraire.
Maintenant, Maia pensait qu’ils s'étaient engagés sur un nouveau chemin ; celui qui les ramènerait dans une forêt vierge. La seule différence, c'est qu'ils avaient des provisions, un fusil, des munitions, et, malheureusement, la Garde suprême, ou tout au moins une de ses sentinelles, comme redoutable ennemi.
* * * *
Karnomen se rapprocha de l'Oracle. Mise à part la première fois où il fut initié dans l'Ordre, il n'était jamais aussi nerveux en présence du monolithe de pierre. Shunal choisit d'attendre à la Table des Initiés, comme on l'appelait, et il sentait également l’appréhension familière que l’on a toujours avant qu’une pétition à l’Oracle ne commence, mais avec une plus grande intensité en raison de ce qui était en jeu.
Shunal priait pour que la prophétie soit fausse ou soit destinée à un autre temps - un temps futur - lorsqu'elle n'était plus touchée par cette question à un niveau si personnel.
Karnomen répéta les paroles qu'il connaissait si bien, les paroles qui activaient l'Oracle et ouvraient la pétition. Sa main toucha les glyphes sculptés qui agissaient en tant que transmetteurs d'intelligence.
«Votre pétition est reconnue », déclara l’Oracle ; sa voix étant étrangement familière à l'intérieur de l'esprit de Karnomen.
« Merci, Tout Sage», répondit Karnomen.
« Qui s’adresse à moi ? », demanda l’Oracle.
« C’est Karnomem, le Premier Initié. »
« Bienvenue à cet échange d’énergie. Quel est votre intérêt actuellement ? »
« Mon intérêt se porte sur notre plus récent initié, Hugelitod, que vous avez initié il y a quatre jours. »
« Et quelle forme prend votre intérêt quand vous le placez dans le contexte d'une question ? », demanda l'Oracle.
« J'ai raison de croire que vous ne l'avez pas initié à l'Ordre des Seize Rayons, mais plutôt, lui avez commandé de servir votre propre agenda comme il est décrit - par vous rien de moins - dans le premier volume de vos prophéties. Est-ce vrai ? »
« Veuillez être plus spécifique, car le volume auquel vous vous référez se compose de trente et une prophéties distinctes. »
Karnomen fit une pause, sachant que l'Oracle réduisait la portée dans laquelle il pourrait fonctionner. « Je me réfère à la prophétie qui entraine le renversement de l'Église par l'un de ses propres. »
« Et vous acceptez comme vrai que Hugelitod est celui dont parle cette prophétie ? »
Karnomen réalisa qu'il ne posait plus des questions. « J'essaie de déterminer si cela est vrai, je ne l'ai pas accepté comme vrai, pourtant. Je vous demande de me confirmer si c'est vrai. »
« Ce qui est une possibilité ne peut être que ce qui est possible, elle ne peut être ni une vérité ni un mensonge, jusqu'à ce qu'elle se cristallise dans votre réalité. Vous cherchez une validation absolue de quelque chose qui est une possibilité, et cela je ne peux pas le stipuler.»
Karnomen attendit un instant pour voir si l'oracle allait poursuivre. « Alors c'est une possibilité », dit Karnomen. «Admettons que ce soit seulement cela. Quelle est la probabilité que Hugelitod réalise cette prophétie où d'autres ont échoué ? »
« Est-ce là votre supposition que d'autres aient échouée ? », répondit l'Oracle.
« Oui. »
« Chaque possibilité est interconnectée avec toutes les possibilités qui ont une affinité naturelle ou un alignement, indépendamment de l'espace-temps. Il n'y a jamais une possibilité qui vit isolément. »
« Vous dites donc », dit Karnomen, « qu'il existait des Initiés précédents qui ont eu la possibilité de réaliser la prophétie, ils ont échoué dans leurs missions, mais de leur échec, il est maintenant plus possible à Hugelitod de réussir ? »
« Quand une prophétie se réalise, c'est comme une montagne qui s'élève de la mer. Les mille échecs, conduisant à la création de la montagne, sont oubliés au milieu de la nouvelle topographie dynamique qui domine la monotonie de la mer. »
Karnomen examina prudemment le choix des paroles de l'Oracle. Il savait que la précision de l'Oracle était analogue aux mathématiques. Il n'avait jamais fait preuve d'un soupçon de partialité ou de personnalité, mais ces métaphores avaient une présence elles-mêmes, quelque chose de presque affectif, peut-être même ... humain.
« Pourquoi faites-vous l’analyse syntaxique de vos paroles si soigneusement », demanda Karnomem. « Vous semblez insaisissable, comme si vous aviez peur de me dire la vérité, vous cachant derrière des définitions. Vous avez vu ces prophéties, vous savez qui va réussir là où d'autres ont échoué. Est-ce que Hugelitod réussira ? »
« Si je vous dis oui, vous l'emprisonnerez. Si je vous dis non, vous n'allez pas me croire, et vous l'emprisonnerez de toute façon. Dans tous les cas, quoique je dise vous ne changerez pas votre ligne de conduite. »
« Pourquoi pensez-vous que je ne vais pas vous croire ? », demanda Karnomen. « Vous êtes l'Oracle, vous êtes le sans préjugés, le voyant objectif de notre monde. Je vous croirais si vous m’aviez dit que ce n’est pas Hugelitod. Vous avez ma parole. »
« La complexité de cette prophétie est si vaste que je n'ai pas réussi à la rendre compréhensible pour vous. Je suis un élément dans cette prophétie, et donc je ne suis plus un observateur impartial. Je suis entré sur scène et ai rejoint la pièce. »
La main de Karnomen trembla, un instant, alors qu’il libérait son toucher de l’Oracle. Il avait besoin de temps pour se regrouper. Ses soupçons à propos de l'Oracle étaient bien justifiés. Il avait changé. Il l’avait simplement admis. Cela ne pouvait seulement signifier que Hugelitod était complice de l'Oracle.
Une centaine de scénarios se projetèrent dans l'esprit de Karnomen, et il était terrifié à l'idée que s'il reprenait contact avec l'Oracle, il verrait chacun d'eux, et connaîtrait sa stratégie mieux que lui.
Karnomen se détourna et se dirigea vers la table des Initiés, pensant profondément, et incertain de la manière d'expliquer sa rencontre avec l'Oracle à ses compagnons Initiés. Il savait qu’une nuitée était nécessaire afin qu'il puisse présenter à nouveau une pétition à l’Oracle dans la matinée. Il espérait qu’une autre réunion serait suffisante pour concevoir un plan d'action.
Son cœur était mal à l'aise, comme il s'asseyait à la table. Shunal resta patient, attendant une explication de Karnomen.
« Il ne va pas bien», avoua finalement Karnomen.
« De quelle façon ? »
« Je ne dirai que 360 d'entre elles », Karnomen réussit un faible sourire. « L'Oracle semble avoir glissé hors de notre contrôle, et je n'ai aucune idée de comment le remettre dans sa boîte et restaurer les choses comme elles étaient. »
« Il ne faut peut-être pas rétablir les choses comme elles étaient», déclara Shunal. «Chaque Premier Initié s'est inquiété de cette époque. Si Dieu vous a choisi pour le combat, il doit y avoir une très bonne raison. »
« J'espère que vous avez raison mon ami. J'espère que vous avez raison. »

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeSam 10 Sep - 18:13

Chapitre 12 - La Clameur du Pouvoir

Un coup fort sur la porte de Hugelitod le tira brusquement de sa sieste. Bien qu'il ne se soit pas endormi, il avait aussi un sentiment qu'il n'était pas éveillé. Tâtonnant entre deux mondes, il luttait pour se concentrer sur la réalité d'une présence persistante devant sa porte.
Comme il déverrouillait la porte, elle s'ouvrit sur trois agents de sécurité de la Garde Suprême, l'un avec une arme dégainée, pointée directement sur Hugelitod.
«Père Hugelitod », dit le plus grand des agents, « veuillez garder vos mains au-dessus votre tête. »
Pendant que ses bras se dressaient comme ceux d'une marionnette, Hugelitod eut un pincement au cœur plus profondément qu’il ne l'avait jamais eu. « Qu'ai-je fait? Que voulez-vous ? », demanda-t-il en essayant de comprendre sa situation.
« Vous êtes en état d'arrestation pour trahison et sédition, comme ordonné par Sa Sainteté le Prêtre Suprême. Vous serez dirigé vers une cellule de détention en attendant la décision des Grands Initiés. »
« Préparez le prisonnier ! »
Par ce commandement, ses bras furent menottés, et il fut poussé hors de sa chambre. D'autres prêtres se rassemblèrent dans le couloir pour regarder - bouche bée - le spectacle de son arrestation.
Hugelitod était maintenant convaincu que sa mort n'était qu'une question de quelques jours, voire d’heures, et il pria en silence un Dieu qui l’avait soutenu tant de fois auparavant, de lui dégager un chemin pour l'aider à comprendre pourquoi tout ceci arrivait ... à lui.
* * * *
« Lui avez-vous pris ses allumettes ? », demanda Maia.
Joseph s'arrêta de marcher, et passa une de ses mains dans ses cheveux. «Bien sûr, mais nous ne pouvons pas allumer un feu tant que je n'ai pas une certaine assurance qu'il n'y a aucune chance qu'il nous piste. »
«Mes pieds sont si froids, j'ai vraiment besoin de sécher mes chaussures, et un feu est le seul moyen. Ne peut-on pas en faire un petit ? Nous avons marché pendant des heures. D'ailleurs, sans ses provisions ou le fusil, je suis certaine qu'il a continué jusqu’au Poste de Ravitaillement. »
Les pieds de Joseph étaient également gelés et il estima qu'un petit feu serait probablement une bonne chose. À partir du moment où ils avaient quitté le cours d’eau, qu'ils avaient été très prudents de ne pas laisser de traces, se déplaçant lentement à travers la forêt, et sans briser des brindilles ou froisser le sol avec un glissement de leurs chaussures.
« Bon, nous allons faire un petit feu», céda Joseph. « Mais dès que nos pieds sont chauds et nos chaussures sèches, nous partons. D’accord ? »
Joseph portait les bottes de Kamil, qui étaient en bien meilleur état que ses vieilles chaussures, mais elles grinçaient à chaque pas depuis que ses pieds et pantalon étaient mouillés.
Une fois le feu allumé, ils se blottirent tous deux à côté des flammes avec leurs chaussures et bottes cuisant comme de la nourriture au-dessus des flammes. « J'ai entendu des histoires de personnes mangeant le cuir de chaussures », déclara Maia, son estomac douloureux du manque de nourriture.
Joseph sourit. « Ils ne cherchent pas le bon pour moi ... pas encore. Vous ne m'aviez jamais dit au sujet de votre conversation avec l'Oracle », dit Joseph, en changeant de sujet. « Que s'est-il passé ? »
« Tôt ce matin », commença Maia, en soupirant alors qu’elle réalisait comme la journée avait été longue, « je me suis réveillée, avec l'intention de vous trouver les ingrédients pour un cataplasme. Puisque Kamil dormait quand j'ai quitté notre camp, j'ai énoncé les codes pour voir si l'Oracle réapparaissait. »
« Et il l'a fait ? »
« Oui. »
« Comment se fait-il que Kamil n'ait pas vu l'Oracle, et qu'il vous ait pourtant entendue lui parler ? »
« Je ne sais pas », répondit Maia. « Cette question a tourné dans ma tête toute la journée. »
Le feu sentait bon, mais il était évident pour Maia que Joseph était mal à l'aise. Chaque bruissement de feuilles attirait son attention et le faisait empoigner un peu plus fort le fusil qui restait sur ses genoux. «Nous sommes hors de leur emprise pour l'instant, Joseph. »
«Peut-être ... mais je voudrais être une heure ou deux plus profondément dans la forêt, quand même », dit Joseph en se frottant les pieds. « Continuez avec votre histoire. »
« Il n'y a vraiment pas grand-chose à dire, dès que nous avons commencé notre conversation, Kamil l’a interrompue. »
« Rien? Aucun conseil ? Pas même un soupçon de ce que nous devrions faire ? »
« L'Oracle dit qu'elle est le Créateur ... ou du moins le messager du Créateur ».
« Elle ? », dit Joseph, sautant sur l'erreur de genre.
« L’Oracle m’est apparu deux fois sous la forme d'une femme d’une beauté impressionnante, il est dur, au moins pour moi, d’employer le terme « il » après l’avoir rencontré. »
« Pouvez-vous l’appeler maintenant », dit Joseph comme il changeait de position sur le sol dur. « Je voudrais faire partie de votre prochaine conversation. »
Maia se redressa à la suggestion. Elle était épuisée, et n'était pas sûre si Joseph voulait vraiment qu’elle prenne contact avec l'Oracle ou s'il testait ses capacités. « Concentrons-nous sur la recherche d'un campement sécurisé. Comme vous le disiez, il faut ajouter plus de distance entre Kamil et nous. Une fois que nous aurons notre campement, je ferai appel à l'Oracle, et cette fois, je promets, vous serez présent. »
« D'accord, votre plan est accepté », dit Joseph avec un sourire.
« Avons-nous des aliments dans ce sac à dos ? », demanda Maia.
« Regardons. »
Joseph fouilla le sac à dos, et en sortit du pain à moitié mangé, lequel avait de la moisissure verdâtre sur ses bords.
« En ce qui concerne la poche à fermeture éclair ? »
Joseph ouvrit la poche et en sortit un papier plié bien usé par l'âge et l'utilisation. « C'est une carte. Probablement ce que Kamil utilise pour se diriger dans ces bois, je suppose. »
Ils partagèrent le pain, en enlevant soigneusement les parties qui étaient désormais le lieu de différentes moisissures. Après avoir mangé, ils remirent leurs chaussures à leurs pieds, et marchèrent péniblement dans les bois béants. Impossible de rentrer chez eux, ils décidèrent que leur meilleur itinéraire était d'aller dans la direction opposée au Poste de Ravitaillement, ce qui les menait profondément dans les bois. L'Oracle était vraiment leur seul espoir.
* * * *
Personne ne savait comment les monolithes étaient arrivés, et même l'oracle était incapable d'expliquer leur apparition anormale sur Terre. Bien qu'il y ait trois pierres, la plus grande, au milieu, était la seule qui n’ait jamais parlé, cependant la plupart des Grands Initiés croyaient que les trois monolithes étaient reliés d'une certaine manière.
Des légendes disaient que l'Oracle existait à cet endroit depuis la création de la planète. Des tribus indigènes, fanées par la lumière tamisée de la préhistoire, avaient livré des batailles pour posséder le site, mais personne ne croyait qu'elles avaient communiqué avec l'Oracle. « Les païens ne peuvent approcher l’instrument divin » était l'un des commandements dans les écrits de l'Église. Mais les monolithes, aussi immenses qu'ils étaient, devaient être reconnus comme quelque chose de surnaturel, même par des primitifs.
La tribu Chakobsa était la dernière gardienne du site - précédant l'Église - et quand ils furent décimés par une épidémie d'une maladie étrange et mortelle, l'emplacement du site fut perdu. Pendant plusieurs centaines d'années, l'Oracle siégeait dans la forêt profonde, sans la surveillance d’institutions humaines, et était coupé du monde dans lequel il est venu pour servir.
Karnomen s'agenouilla sur le coussin doux de prière, son corps âgé luttant pour maîtriser la douleur dans ses jambes.
À côté du site de l'Oracle il y avait un grand bâtiment, niché derrière l'affleurement des pierres immenses, connu sous le nom de Loge de l’Initié. À l'intérieur de la Loge, il y avait les installations pour la nuit, une cuisine entièrement équipée, et un petit, mais inspiré, lieu de culte qui accueillait certains des objets les plus ésotériques de l'Église, soigneusement cachés dans des niches encastrées dans les murs en stuc. La Loge était l'un des endroits préférés de Karnomen, et il y passait souvent la nuit, si son emploi du temps le lui permettait, et généralement seul, pour prier.
À genoux sur l'oreiller de prière, le calme profond qu'il aimait ronronnait autour de lui et il sentait sa liaison à Dieu croitre doucement. « Père de tout ce qui est», commença-t-il à voix haute : « Je vous prie d'écouter mes paroles et de réconforter mon cœur troublé. »
« L'Oracle s'est éloigné de votre grâce, et semble maintenant déterminé à détruire votre Église, comme il fut prophétisé il y a des siècles. Satan a trouvé son pion, et le pion a trouvé son serviteur dans Hugelitod. Je ne suis sûr que d'une seule chose : votre amour et l'omniscience qui prévaudront. S'il vous plaît, montrez-moi le chemin, Père. Montrez-moi comment vous aider. »
« Je demande que vous m'apportiez la sagesse quand j'approcherai l’Oracle dans la matinée. Parlez à travers moi et amenez votre omniscience à porter sur l'esprit de ce jadis grand allié de l’Église. Je juge que l’Oracle s'est simplement égaré et croit que sa prophétie est plus importante que l'exécution de votre volonté. »
« Puisse mon humilité être forte dans la gloire de votre nom et la présence de votre pouvoir. Aidez-moi à m'effacer et à exprimer votre volonté. Portez-moi à la lumière de votre vision, Père, et aidez-moi à voir comment je peux vous servir. »
Les yeux de Karnomem étaient larmoyants alors qu’il touchait en un endroit où il se sentit relié à Dieu de la plus personnelle des façons. Il était par le passé un garçon simple, qui, comme Hugelitod, courait dans les bois et se délectait de la Nature. Il était par le passé un homme simple qui priait des heures sans fin aux réponses silencieuses des sentiments plus profonds d'amour de son Créateur. Il était par le passé un Aîné de l'Église qui voyait la simplicité des écritures qui réunissait les fidèles dans la pitié et la grâce.
Quand il devint un Grand Initié et que l'Oracle sortit de l'abstraction des légendes et des mythes, et entra dans son monde avec toute la force de ses écrits - ses visions prophétiques - c'était presque trop lourd à porter. Sa foi fut testée d'une manière qu'aucun homme ne devrait être testé. Il commença à voir comment le monde était réglé sur une précision de forces qui étaient inimaginables, cachées et maintenues hors de l'homme car l'homme aurait abusé la force qu'il ne pouvait comprendre.
Karnomen, le Premier Initié, déclara, après avoir lu les prophéties de l'Oracle, « Il y a quelque chose de calculé ici ce n'est pas de Dieu. Quelque chose ne va pas avec ces prophéties car comment Dieu pourrait-il connaître la destruction de Son Église et ne pas la protéger ? »
Il choisit le silence pendant près de trois semaines, jeûnant tout le temps, perdu dans sa confusion sur les prophéties et l'incapacité du Premier Initié à répondre à ses questions. Ironiquement, Karnomen fut formé pour succéder au Premier Initié en raison de sa réaction aux prophéties.
L'Oracle prédit sa réponse deux jours avant l'initiation de Karnomen dans l'Ordre des Seize Rayons. L'Oracle prédit que : « un prêtre verra les voies profanes de ma prophétie, et ce sera lui qui soutiendra l'Église, quand elle commencera à s'écrouler autour de lui. Il sera celui qui défend de toutes les attaques, et vous le reconnaîtrez à son amère déception dans mes paroles du destin. »
Personne d’autre que le Premier Initié n’entendit ces paroles. Il ne l'a jamais dit à Karnomen, et il ne les a pas incluses dans ses écrits de l'Oracle. Il avait trop peur que Karnomem les change de quelque manière s'il le savait, et il voulait un successeur qui soit un guerrier, pas un saint en attente.
* * * *
La cellule était austère. Un simple lit en bois, avec un oreiller mince et une couverture encore plus mince, était l'unique mobilier dans la chambre. Une bougie siégeait sur le rebord d'une fenêtre qui était barrée à l'extérieur avec une grille en fer. Des vignes vert foncé escortaient les barreaux comme des serpents enveloppant sa cellule, rendant la pièce sinistre même pendant la journée.
Les murs étaient dépouillés du moindre signe de confort, et des fissures couraient à travers eux comme des toiles d'araignées ivres. Hugelitod pouvait voir des écrits gravés sur les murs, par des prisonniers avant lui, griffonnés avec des clous, ou peut-être une fourchette, mais les écrits étaient difficiles à lire. Il regardait avec méfiance celui qui attira son attention : la vie est conscience de l’instant. Peu importe où.
Hugelitod secoua la tête. Il possédait un caractère audacieux et trempé, mais il était épuisé émotionnellement par la dernière tournure des événements, et la philosophie des murs de sa prison - peu importe sa vérité - était la dernière chose par laquelle il désirait être réconforté.
Un bruit de pas s’approchant le réveilla à la froide réalité de sa condition, au fur et à mesure que le bruit faisait écho dans la pénombre des couloirs en pierres équarries qui jouxtaient la Maison de la Garde. Il entendit des voix étouffées voletant parmi les pas et l’une d’entre elles avait un ton familier.
«J'aurai besoin d'environ dix minutes, vous pouvez m’attendre dehors», dit la voix pendant que les pas s’approchaient de sa cellule.
La clé métallique dans la serrure cliqueta selon une séquence correcte et la porte s'ouvrit. «J'ai apporté un peu de nourriture», dit doucement Torem, offrant un plateau à Hugelitod.
Hugelitod posa le plateau sur le sol en face de lui, remarquant à peine ce qu’il y avait. « J'aimerais vous offrir une chaise, mais comme vous pouvez le voir, je n'en ai aucune. » Hugelitod sourit difficilement. « J'espère que vous pouvez expliquer cela. » Ses bras sortirent tel un chef d'orchestre avec ses paumes dirigées vers le haut.
« Tout ce que je peux vous dire pour l'instant est que Karnomen a fait une requête à l'Oracle cet après-midi et aussitôt après nous a demandé de vous détenir. »
« C'est tout ? », répondit Hugelitod. «Vous m'avez accusé de trahison et de sédition contre le Prêtre Suprême, et pourtant vous n'avez aucune preuve à me communiquer, je ne suis pas autorisé à examiner la prophétie, je n'ai aucun conseil juridique, et je suis arrêté par mon accusateur ! »
« Vous aurez votre chance avec Karnomen bientôt. Et, à votre place, je ferais attention au ton que j'emploie », renvoya Torem.
« Vous n'êtes pas venu pour livrer ma nourriture », dit Hugelitod les dents serrées. « Que voulez-vous ? »
Torem détourna les yeux pendant un instant. Il faisait sombre à l'extérieur et la flamme de la bougie vacillait comme les ailes d'un papillon de nuit, projetant des ombres étranges dans toute la pièce. « Je suis venu en ami, Hugelitod. Je suis ici parce que vous êtes probablement aussi troublé que chacun d'entre nous. Aucun des Grands Initiés ne s’attendait à ce que vous soyez celui dont parle la Prophétie de Dohrman. C'est très étrange. »
Torem hocha lentement la tête alors qu’il fixait le sol. « Karnomen nous a demandé de vous placer ici par simple précaution. Nous n'avons pas porté d'accusations formelles, donc vous n'avez pas besoin d’un conseiller juridique. Tout cela fait partie de notre protocole. »
Il s'arrêta un moment. « Soyez patient et laissez-nous du temps pour résoudre cela. »
Torem se tourna vers la porte comme s'il donnait un signal pour sortir.
« Me tuerez-vous ? », demanda Hugelitod.
« Non », répondit calmement Torem. « Quoi que vous craigniez de ce que nous allons faire, vous pouvez le rayer de votre liste. Si nous confirmons que vous êtes celui dont parle la prophétie, et que nos doutes prennent fin, nous aurons besoin de vous retenir pendant un certain temps. »
« Et combien de temps ? »
« Je ne sais pas, pour le moment. »
« Sans aucune charge ? »
« Comme vous le savez bien, nous pourrions fabriquer des accusations portées contre vous qui, par souci de confidentialité, ne pourraient être passées en revue par aucune autorité judiciaire du roi. Tout ce qui met la prophétie, l'Oracle, ou n’importe lequel des actes de l'Ordre, sous contrôle public ne saurait être autorisé. Vous le savez, il ne faut pas feindre la surprise. »
« Bien que votre connaissance de notre Ordre soit, au mieux, superficielle, c'est une connaissance suffisante pour le protéger des regards indiscrets. Nous ne pouvons pas laisser cette situation être examinée par la machine judiciaire détenue et exploitée par le roi. Même au sein de notre propre système juridique, tel qu'il est, cette question ne peut tomber sous l'enquête. »
« Et pourtant », dit Hugelitod, croisant ses jambes sur son lit, « je n'ai pas lu un seul mot de cette supposée prophétie. Comment puis-je savoir éventuellement qu'elle existe ? Que pourrais-je hypothétiquement dire à quelqu'un sans qu'il l’interprète comme un délire fantaisiste ? Ne pourriez-vous pas simplement me soulager de mon devoir, me charger d'une certaine sorte d'illusion mentale et me laisser sortir d’ici ? »
Torem se dirigea vers la porte qui avait été laissée ouverte par le garde, et la ferma derrière lui, sans dire un mot.
Hugelitod sentit une crispation intestinale. Quelques secondes plus tard, il entendit des pas rapides du couloir vide vers sa cellule. Un œil regarda par la fenêtre à barreaux de sa porte, et puis, le bruit démoralisant d'un cylindre, tournant une came, glissant un boulon en laiton massif à travers sa seule sortie, ponctua son isolement.
Les pas s'éloignèrent dans un silence quasi total, et Hugelitod pria, sans savoir à qui il devrait faire appel, à l'Oracle, ou à Dieu.

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeJeu 15 Sep - 23:32

Chapitre 13 - L’Aube Orphique

Quand ils eurent enfin trouvé tard dans la soirée un emplacement de campement approprié, Maia était trop épuisée pour même envisager de manger ou de communiquer avec l'Oracle. En quelques minutes après le lancement du feu, elle dormait en position fœtale courbée parfaitement sur le nouveau feu de camp.
Joseph décida de jeter un œil à la carte au lieu de succomber au sommeil. Sa joue donnait l’impression d’aller mieux, tant qu'il n'y touchait pas, et il était soulagé qu'il n’ait pas un miroir pour l'examiner. Il sortit la carte et il l’étudia, faisant attention à ne pas être trop près du feu, qui était pourtant sa seule source de lumière. La carte montrait plusieurs cours d'eau où le poisson pouvait être trouvé, et certaines plantes et arbustes fruitiers étaient également notés. Sur un côté, près de la marge, il y avait une référence étrange : Périmètre de la Barrière.
Joseph s'interrogea sur cette référence, puis il remarqua quelque chose d'encore plus étrange. Une note griffonnée au crayon - probablement l’écriture de Kamil - dans la partie supérieure droite, déclarait : Dernière Observation Connue du Sorcier.
Une trace de nervosité toucha une corde sensible de Joseph profondément en son for intérieur. Le point écrit au crayon sur la carte se trouvait à proximité, peut-être à moins de deux kilomètres de leur position, si les calculs de Joseph étaient exacts. Joseph pensa à leur situation, et détermina qu'elle ne pouvait pas être pire en ajoutant un Sorcier à l’amalgame. Il s’est soudainement rendu compte à quel point il était fatigué, et mit quelques branches mortes sur le feu et ferma les yeux, en espérant que sa fatigue excessive ne l'empêcherait pas de dormir.
* * * *
Un bourdonnement étrange incita Maia à s’éveiller. Tout d'abord elle pensa que c'était Joseph, mais alors que ses yeux se furent accommodés, elle vit qu'il dormait. C'était juste l'aube et la forêt était vêtue d’une faible brume lumineuse.
« Je vois que vous êtes éveillée », dit la voix profonde avec un distinct accent du vieux monde. Il était assis les jambes croisées, en face de Maia, près du feu de camp qui était pratiquement éteint, mais quelques braises rougeoyaient. Un grand bâton était couché sur ses genoux, et son manteau avait un capuchon qui était soulevé, ainsi son visage était la plupart du temps caché dans une fente d'ombre.
« Ne vous inquiétez pas », il huma l'air, « J'ai un sens aigu de l'odorat, et la fumée de bois est quelque chose que je rencontre rarement dans ces bois. »
Maia sentit qu'il souriait. « Êtes-vous l’Oracle ? »
« Non, je m'appelle Simon », répondit-il. « Il n'y a aucun Oracle ici. Et votre nom ? »
« Maia. »
«Il est bon de vous rencontrer, Maia », dit Simon, en s'inclinant légèrement.
Maia était sur ses gardes, car elle ne savait pas ce que cet homme étrange voulait, ou pourquoi quelqu'un s'assiérait à leur camp sans y être invité et commencerait à fredonner.
« Êtes-vous le Sorcier ? »
« Si je peux être utile, je le suis », reconnut Simon avec un net accent. « Voilà comment je suis connu dans ces régions, bien que j'essaie de rester à bonne distance de la Garde Suprême et de leurs pitreries. »
« Nous essayons de faire la même chose », déclara Maia. Elle se tourna vers Joseph, puis vers Simon. « Ça vous dérange si je le réveille ? »
« Je vais vous en épargner la peine », dit Simon, poussant Joseph avec l’extrémité arrondie de son bâton.
« Quel est le problème ? », demanda immédiatement Joseph, reprenant ses sens et saisissant son fusil.
« Nous avons un invité », annonça Maia.
Joseph plissa les yeux à travers les braises de son feu de camp et vit la silhouette encapuchonnée de Simon. « Qui êtes-vous et que voulez-vous ? » Il resserra son emprise sur son fusil, mais faisait attention à ne pas être trop agressif dans sa posture.
« Son nom est Simon », répondit Maia, « et il a offert de nous aider. »
« Et de quelle aide s'agirait-il ? », demanda Joseph, restant sceptique.
Maia se tourna vers Simon. « Pouvez-vous nous escorter sans risque hors d'ici sans que les sentinelles nous trouvent ? »
« Parlez-moi de votre dilemme », suggéra Simon. « Je ne sais rien de vos problèmes, ainsi ce n'est pas facile de savoir comment je peux vous aider. »
Maia regarda Joseph, se demandant combien ils devaient révéler. Elle estima que la prudence était la meilleure solution. « Père et moi sommes perdus. »
Elle s'arrêta brusquement, en espérant que Joseph viendrait compléter sa pensée.
« Nous cherchions l'Oracle », proposa Joseph. « Et en le faisan, nous avons découvert que notre boussole est cassée. »
« Et le sac à dos et le fusil de la Garde Suprême », souligna Simon, « de quelle façon ont-ils été acquis ? »
« Écoutez, je ne sais pas quelles sont vos affaires ? », dit Joseph.
« Avez-vous trouvé ce que vous êtes venu chercher ? », demanda Simon.
« Vous voulez dire l’Oracle ? », répondit Maia, en regardant Joseph pour donner une espèce de signal.
« Oui, l'Oracle », reprit Simon.
Joseph prit quelques branches sur le côté du feu de camp et les jeta sur les braises, soufflant fort sur les braises pour relancer le feu. Après quelques souffles un petit feu fit éruption et il se pencha en arrière. « L'Oracle n'existe pas pour autant que nous le sachions. Si vous en savez autrement ? »
« Si vous ne pouvez pas me faire confiance, pour quelles que soient vos raisons, alors vous ne pouvez pas me dire quelle est votre situation véritable. Et si je ne sais pas, je ne peux pas vous aider. Voulez-vous avoir mon aide ou pas ? »
Maia était mal à l'aise. Elle changea de position en portant rapidement des regards mesurés à Joseph pour lire sa position. « Si nous vous disons tout ce que nous savons, alors peut-être vous serez également en danger. Il serait préférable pour vous de ne pas savoir. »
« Qu'est votre cœur ? », demanda Simon, en changeant la conversation.
Le feu commençait à s'accroitre à un tel point que Maia pouvait voir que Simon avait une barbe, un long nez, et aussi bien son habillement que son visage étaient conformes à ce qu'elle arrivait à s’imaginer d'un Sorcier.
« Je ne comprends pas votre question », dit Maia.
« Que croyez-vous au sujet de la composition de votre cœur ? »
« Eh bien, c'est une sorte de pompe... Il... Il pompe le sang dans tout mon corps... »
« Ainsi c’est une machine », interrompit Simon, « juste une machine. »
« Non, je ne dis pas que c'est une machine exactement, mais c'est surtout une pompe et c'est aussi là où une personne ressent. »
« Ah, ainsi c’est une pompe qui ressent. »
« Quel est votre but avec cette série de questions ? », demanda Joseph.
« Mon but est ceci : dans votre corps il y a assez de vaisseaux sanguins et d'artères pour que si vous les attachiez entre eux de bout en bout, ils seraient étirés autour de cette Terre, non pas une, mais deux fois. Votre cœur est le chef d'orchestre de ce système d'artères, de vaisseaux, de glandes et d'organes, et il constitue un système tout à fait sensible, et ce système est relié à notre planète. On peut même dire que c'est cette planète. » Simon tapota le sol avec sa main droite.
« Ainsi votre cœur est un système qui est étroitement lié avec la Terre. Si votre système-cœur est cette planète, et mon système-cœur est également cette planète, alors nous sommes unifiés. La question est de savoir si vous pouvez vous diriger vers cet endroit simple, et vous libérez de tous les préjugés que l'on vous a appris à l'école et en société. Si vous pouvez le faire, vous me ferez confiance. »
Maia regarda Joseph pour une réponse mais il regardait tout simplement la silhouette encapuchonnée, sa bouche immobile.
« J'ai toujours lu que le cœur est le trône de l'âme », dit Maia. « N'est-ce pas vrai ? »
« Le cœur est beaucoup, beaucoup de choses », répondit Simon. « À un certain niveau, c’est en quelque sorte un cerveau, sur un autre c'est une glande, à encore un autre niveau, c'est un générateur électromagnétique, mais c'est aussi une conscience - pas de soi, mais plutôt comme un point culminant d'expression pour un système interconnecté beaucoup plus grand. Et cette expression est qui vous êtes tout en demeurant sur cette planète, en tant que cette planète. »
« L'intelligence n'est pas à l'intérieur du cœur, l'intelligence est la Terre elle-même et l'élément humain de l'expression de cette conscience naturelle qui est tout autour de nous. » La tête encapuchonnée balaya un arc panoramique sur la canopée de la forêt, puis parut alors retourner son regard en direction de Maia.
« Il n'y a pas de liberté dans l'intellect. Il est enfermé dans une boîte dans une boîte dans une boîte. Seul le cœur peut exprimer le soi authentique qui est ici en ce monde, vivant en ce moment, en ce lieu, en tant que vous ! Si vous touchez à ceci, alors il deviendra votre navigateur. »
Simon fit une pause comme si sentant une question bouillonnait à la surface.
« Qu'est-ce que cela signifie en ce qui concerne le fait de savoir si nous vous faisons confiance, ou pas ? », demanda Joseph.
« Quand vous regardez autour de vous, dès maintenant, vous ne voyez que le faible contour des arbres, des buissons, et un très vieil homme. L'information qui arrive à vos sens - vos cinq sens - nourrit l'esprit. Ce qui entre dans votre cœur est infiniment plus complexes, non linéaires... Un signal en plusieurs parties de l'intégralité qui vous entoure. Votre cœur perçoit les intérieurs lumineux. Si vous permettez à votre cœur d’observer ce qui se trouve dans votre environnement, et de laisser en retrait vos cinq sens dans le calme, vous verrez différemment, et vos pouvoirs de navigation seront alimentés par une connexion, au lieu de millions de pièces de séparation qui sont filtrées par vos cinq sens et ensuite attendent ici des ordres. », Simon indiqua sa tête.
« Dans cette connexion unique est votre immensité, où la ligne d'horizon est invisible, non, plus exactement inexistante. C'est votre individualité, mais c'est aussi votre vaste moi qui chevauche et enlace tous les autres. Soyez de cette conscience », Simon cogna deux fois la zone de son cœur avec son poing serré, « et vous ferez confiance à ceux qui en sont aussi. »
Maia et Joseph écoutaient le discours, ignorant exactement comment leurs cœurs étaient perçus par le Sorcier, mais sentaient leurs soupçons s'adoucir avec une rapidité que ni l'une ni l'autre n'avaient ressentie auparavant. Ils commencèrent à révéler leur histoire, en grand détail, de leur toute première étape ensemble dans la forêt, leur première rencontre avec les sentinelles, les réunions de Maia avec l'Oracle, et les circonstances inhabituelles de leur échappée hors de portée de Kamil.
Simon ne les interrompit jamais, hochant seulement la tête occasionnellement. Quand ils eurent fini, la lumière s’intensifia dans la forêt, ainsi Maia commençait à voir le mouvement de ses yeux sur le visage de Simon, bien qu'elle fût faible.
« Votre voyage se déroule tel celui de Pandore quand elle ouvrit la jarre et que le chaos se répandit. », dit finalement Simon. « Peut-être que vous aimeriez quitter la forêt et revenir à vos vies telles qu’elles étaient, dans la sécurité de vos villages. Mais je dirais que l'univers a des plans différents pour vous, maintenant que vous avez ouvert la jarre. »
« Qu'est-ce que cela signifie ? », dit Joseph. « Comment sommes-nous censés savoir ce que l'univers attend de nous? Qu'en est-il du libre-arbitre ? »
Maia prit un ton tout aussi éhonté. « Pandore? Vous nous comparez à Pandore ? Avons-nous répandu le chaos ? Sommes-nous responsables ? Nous sommes venus chercher l'Oracle, et seulement l'Oracle. »
Simon se mit debout, redressant sa grande taille avec vigueur et grâce. « Est-ce ainsi que vous élargissez votre confiance ? »
Il adoucit son ton légèrement. « Vous vous êtes exprimés admirablement, et vous avez fait preuve de courage et d'habileté dans vos rapports avec la Garde Suprême. Quand Pandore ouvrit la jarre, le mal s'est relâché sur le monde, mais l'espoir ne fut pas perdu, en fait, c'était la seule qualité restante qui demeura à l'intérieur de la jarre. »
« Peut-être que vous êtes l’espoir dans la jarre. »
Avec cela, Simon ajusta son manteau, et tapa sur le sol avec son bâton. « Vous avez mon soutien, mais vous devez me faire confiance. Il n'y a pas d'autre façon. Vous trouverez que je suis, par caractère, dur dans mon honnêteté. Soyez-en offensés si vous en ressentez le besoin, mais faites-le une bonne fois et passez à autre chose. Entendu ? »
Maia et Joseph acquiescèrent tous les deux comme dans une transe.
« Suivez-moi, nous avons du travail à faire », dit Simon.
Joseph et Maia bondirent pour agir, arrosant leur feu et emballant immédiatement leurs maigres bagages. En quelques secondes, ils se précipitèrent pour rattraper le mystérieux sorcier, encore affamés, toujours craintifs, mais détectant qu'une lueur d'espoir avait finalement croisé leur chemin.
* * * *
Le Poste de Ravitaillement était normalement la destination préférée de Kamil. Il n'avait pas de famille, ayant été élevé dans un orphelinat toute sa vie, et suite à son dix-huitième anniversaire, il fut admis à la Garde suprême pour le service puisque son orphelinat était détenu et exploité par l'Église. C'était la pratique courante.
Kamil était heureux de faire partie de la Garde Suprême et appréciait la vie solitaire d'une sentinelle. Le Poste de Ravitaillement était plus sa maison que n'importe quel autre endroit dans le monde, et ceux qui l’exploitaient sa famille. Kamil considérait les bois, comme son lieu de travail.
Comme il arrivait à une centaine de mètres du Poste de Ravitaillement, il s'arrêta à un poste de garde sur le chemin.
« Que t'est-il arrivé ? », demanda Thompson ; un garde lourdaud dont l'uniforme semblait être trop petit de deux tailles.
« Embuscade », répondit Kamil.
« Par qui ? »
« J'ai besoin de voir Jaunder immédiatement, est-il ici ? », dit Kamil.
Thompson hocha la tête. « Tu veux que je l’appelle ? »
« Juste lui dire que j’ai besoin de le voir au sujet d'une embuscade à huit kilomètres de la clôture. »
Kamil savait qu'il avait besoin de gérer cette situation de la même façon qu’un politicien gère un scandale : nier ou dissimuler. Il avait besoin de nier ce qui avait causé ce problème, et de dissimuler le fait qu'il avait été vaincu par une jeune femme et son vieux père.
* * * *
Karnomen avait invité à son bureau Torem et Shunal pour un débriefing de sa visite à l'Oracle. C’était la fin de matinée, le soleil était déjà haut dans le ciel, et une légère brise lui apportait le parfum des pommiers en fleurs.
Il était arrivé à un plan, bien qu'il demeure ouvert à des modifications si Torem ou Shunal avaient de bonnes suggestions. Il avait un grand respect pour ses deuxième et troisième Initiés, et il était persuadé que l'un ou l’autre pourrait poursuivre ses fonctions lorsque la mort l’emporterait.
Torem était très aimé dans toute l'Église et était le visage public de la congrégation mondiale lorsqu’il voyageait et se mêlait aux dirigeants de l'Église. Shunal qui était plus un introverti, était un érudit et brillant stratège, mais aussi moins public et n'avait donc pas le soutien de l'ensemble de la primauté.
«Entrez», dit Karnomen, se raclant la gorge à plusieurs reprises. Il sirotait du café pendant que Torem et Shunal se rassemblaient à la table du Prêtre Suprême.
« Versez-vous du café si vous voulez », suggéra Karnomen. « Je ne pense pas cela prendra trop de temps. »
Karnomen s'approcha de la table et s'assit aussi. La douleur dans ses jambes le dérangeait toujours, aggravée par la longue marche vers et depuis l'Oracle. « S'il y a un doute quant au rôle de Hugelitod dans la Prophétie de Dohrman, nous pouvons l’arrêter. Je suis maintenant convaincu qu'il est très impliqué. Compris ? »
Tant Torem que Shunal acquiescèrent docilement.
« Bon, alors permettez-moi de vous dévoiler mon plan», commença Karnomen. « Comme vous le savez, j'ai rencontré une seconde fois l'Oracle tôt ce matin. Toutefois, contrairement à la pétition d'hier, Oracle a refusé ma demande. »
« Comment pourrait-il faire cela ? », demanda Torem.
« La prophétie est initiée et l'Oracle n'est plus notre instrument. Il nous a abandonnés, mais je crains que ce ne soit pire que cela, tout comme c’était annoncé. »
Karnomen fit une pause en prenant une gorgée de café et changea de position sur sa chaise. « Je crois que l’Oracle prévoit de nous détruire, et Hugelitod est son arme. Tout dans la Prophétie de Dohrman semble se dérouler, et à moins que nous intervenions, notre ruine est inévitable. »
« Et comment proposez-vous que nous intervenions, votre Éminence ? », demanda Shunal. « L’Oracle avait raison dans toutes les prédictions, et s’il est vrai, que Hugelitod est celui cité dans la prophétie de Dohrman, alors comment pouvons-nous empêcher que cela se produise ? »
« Nous devons le détruire. » Karnomen se renversa dans sa chaise, ses doigts dansant les uns contre les autres comme deux araignées en contradiction.
Karnomen émit un long et fatidique soupir. « Nous savions que ce temps viendra, et nous avons toujours su que la destruction de l'Oracle accompagnerait son arrivée. »
« Et Hugelitod? Sa destruction fait-elle aussi partie de notre plan ? », demanda Torem.
« Comme je l'ai dit précédemment, nous attendrons de voir si nous pouvons détruire l’Oracle, et si nous réussissons, nous pourrons - au fil du temps - libérer Hugelitod, à condition qu'il soit coopératif. Il s'agit d'un pion, innocent semble-t-il, et pour tout ce que nous savons, il est plus compatissant à notre cause qu’à celle de l'Oracle. »
Torem se pencha en avant. « Nous ne savons pas si nous pouvons détruire l'Oracle, mais sans Hugelitod, que peut-il vraiment faire? Si vous croyez Hugelitod est l’arme de l'Oracle, et que nous gardons l’arme sous notre contrôle, que peut faire l'Oracle contre nous ? Peut-être va-t-il changer d'avis s’il voit que nous l’avons déjoué. »
Shunal sourit. « Et nous en servir de nouveau? C'est sa prophétie que nous démantèlerons dans une nouvelle lumière. Vous avez lu les mots une centaine de fois. Nous n'avons pas moyen de déjouer une intelligence qui connaît mieux l'avenir que nous connaissons le passé. »
« Nous ne savons pas comment ni quand l’Oracle frappera, mais nous savons pourquoi. »
« Oui, oui, nous avons tous lu cela », dit Karnomen : «comme vous le dites, une centaine de fois, mais le message sous-jacent de cette écriture est que nous avons en quelque sorte obscurci Dieu, que nous avons créé un masque qui couvre sa Gloire. Comment pourrions-nous faire une telle chose quand tout ce que nous faisons, c'est de faire son Royaume plus réel sur cette planète ? »
Karnomen hocha lentement la tête ; ses pensées étaient dans une contemplation profonde. « Nous devons détruire l'Oracle. Nous devons conserver Hugelitod jusqu'à ce que cela soit fait, et que nous sachions, sans aucun doute, que l'oracle est évincé de cette planète pour toujours. »
La voix de Karnomen coulait dans un murmure. Il n'était pas satisfait de son plan. Quelque chose restait insaisissable.
Torem se racla la gorge. « Est-il possible que l'Oracle sache qu’il allait être tenté par Satan, comme il est devenu un instrument de l'Église? Peut-être l'Oracle est tout simplement le pion de Satan et nous pouvons lui offrir notre aide. Comme nous l'avons mentionné précédemment, peut-être un exorcisme serait une étape utile avant de le détruire - au moins essayons. »
« Sur l’Oracle ? », demanda Shunal.
« Pourquoi pas ? »
« Il n'est pas un humain. », proposa sèchement Shunal.
« Nous ne savons pas ce qu'il est », répondit Torem. « Le simple fait que nous sachions ce qu'il n'est pas, ne fait pas obstacle à la possibilité d'un exorcisme, surtout si nous l’exécutons, nous serions efficaces. »
Karnomen regarda par la fenêtre. « Nous connaissons la prophétie. Il ne faut pas débattre de l'identité de l'Oracle. Sa source, sa destination, son utilisation comme un outil de Satan – tous ces éléments sont académiques s’il cherche à détruire ce que nous considérons comme la plus grande mission de Dieu sur Terre. Nous sommes les protecteurs de l'Église de Dieu, et en tant que telle, nous n'avons pas d'autre choix que de détruire l'Oracle. »
« Je suis d'accord avec Shunal, l'exorcisme est une perte de temps. Nous ne pouvons pas retarder sa destruction. »
« Comment pouvons-nous le faire ? », demanda Torem.
Une des ironies de l'Ordre des Seize Rayons, c'est qu'il était en possession d’une prophétie qui prédisait un temps où l'Oracle chercherait à détruire l'Église, mais personne n'avait osé parler de la façon dont l'Ordre détruirait préventivement l'Oracle. C’était envisagé par certains, et même un petit dossier des écritures des prédécesseurs de Karnomen théorisait sur les meilleures méthodes pour détruire l'Oracle, mais ceux-ci étaient la possession privée du Premier Initié. »
« Telle est la question du jour », Karnomen hocha la tête. «Seuls les Grands Initiés peuvent participer à sa destruction, comme nous avons décrété ensemble. »
Karnomen sirota les dernières gouttes de son café et porta à nouveau son regard fixe par la fenêtre en direction de la cour au-dessous. « Les glyphes qui sont sur le revêtement de la pierre sont les dispositifs par lesquels nous communiquons ... nous effacerons ces derniers au burin. Si nous pouvons éliminer sa communication, à toutes fins utiles, nous l'aurons détruit. »
« Et quand commencerons-nous ? », demanda Torem.
« Demain matin », dit Karnomen. « Shunal, je vous laisserai les détails. »
« Oui, votre Éminence, je m'occuperai de tous les préparatifs », répondit Shunal. « Nous joindrez-vous ? »
« Mon dernier voyage à l'Oracle est derrière moi », dit Karnomen avec un soupir. « J'ai tellement communiqué avec lui, appris de lui, compris de choses qu'aucun autre homme n'a jamais vu - tout simplement de tendre la main et toucher cette pierre - une affinité s'est creusée entre nous et je ne veux pas participer à sa destruction... Je n'aime pas l'idée de l'amener au silence, mais je ne vois pas d'autre choix. »
« Je comprends », dit Shunal. « Souhaitez-vous une dernière pétition ? »
« Je me suis souvent demandé si l'Oracle avait servi quelqu'un d'autre», songeait Karnomen. Il semblait particulièrement en réflexion sur les perspectives de destruction de ce qui avait été l'outil le plus puissant que l’Église n’ait jamais possédé.
« Que voulez-vous dire ? », demanda Torem.
« Vous êtes-vous jamais demandé qui a créé cette intelligence ? Qui l'a envoyé sur la Terre ? »
« Oui... Évidemment nous l’avons tous fait. »
« Les créateurs de l'Oracle ont toujours été silencieux », dit Karnomen, « et maintenant, mon espoir est qu'ils le récupèrent. »
Torem se déplaça sur sa chaise. « La pensée qu'il devrait vivre sans compagnie pour l'éternité est difficile à imaginer. Un tel gaspillage de ressources. »
« Oui », dit Karnomen, « ayez une dernière pétition et remerciez-le pour ses services. Dites à l'Oracle que nous fermons la voie de communication de sorte qu'il puisse se déplacer sur... revenir à ses créateurs. »
« Je conduirai personnellement la pétition en votre nom », proposa Torem.
«Merci», Karnomen s'éloigna de la table et se mit debout lentement, se tournant pour regarder Torem en face. « Je voudrais vous demander d'inviter Hugelitod à prendre part à la destruction de l'Oracle demain. Je veux voir s'il accepte cette occasion de rédemption. »
« Sans gardes ? », demanda Shunal avec une inquiétude soudaine.
«Oui», acquiesça Karnomen. « Nous devons voir s'il participera à la destruction, ou choisira de rester dans sa cellule. Ce choix en dira long sur son allégeance à l'Ordre... Ou à l'Oracle. »
Karnomen regarda brièvement à la fois Torem et Shunal pour voir s'ils avaient des objections. « J'étais debout avant l'aube ce matin, ai eu une longue marche quelque peu douloureuse pour rentrer, et maintenant, je pense que je vais prendre du repos. Messieurs, merci pour votre aide dans cette affaire. Vous avez ma bénédiction. »
Torem et Shunal donnèrent chacun l'accolade à Karnomen avant leur départ. Ils avaient un grand respect pour son jugement et savaient que sa décision n'était pas prise à la légère ou faite de manière impulsive. C’était le point culminant que personne dans l'Ordre des Seize Rayons ne voulait voir, mais ils comprendraient tous que cela était nécessaire.

* * * *


Dernière édition par rené sens le Lun 23 Juil - 22:25, édité 5 fois
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The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Empty
MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeDim 18 Sep - 20:58

Chapitre 14 - Prisme de l'espace-temps

Maia franchit la porte de la maison de Simon avec empressement et fut frappée par son intérieur simple et austère. Il y avait un sol en terre battue recouvert d'un tapis d'aiguilles de pin d'environ dix centimètres d'épaisseur. Au centre de la pièce principale, se trouvait un tronc d'arbre massif qui était noueux et tordu par l'âge, coupé à sa base à environ un mètre de haut et était utilisé comme une table - ses racines encore intactes. La petite cabane était circulaire et se composait d'un toit de chaume avec des murs de pierre. Des volets en bois qui pouvaient être fermés pendant les orages, flanqués de petites fenêtres sur les côtés opposés.
Un foyer pour la cuisine et la chaleur rayonnait dans le fond de la pièce. Elle était petite, propre, et tout à fait fonctionnelle pour un abri de fabrication artisanale.
« Ou avez-vous trouvé les pierres ? », demanda Joseph en pointant les murs.
« C'est un bâtiment ancien, construit par les Chakobsa, il y a peut-être mille ans. », répondit Simon. « Quant à l'origine des pierres, je ne sais vraiment pas. »
« Que sont ces livres ? », demanda Maia.
Simon avait seulement une poignée de livres, mais l'un d'entre eux, en particulier, intéressait Maia en raison de sa taille et de sa couverture en cuir gravé. Le dessin de la couverture se composait de trois cercles entrelacés, formant un triangle inversé, et des portées extérieures de la formation géométrique représentant des belles ailes débordantes. Il était écrit dans une langue qu'elle ne reconnaissait pas.
Maia se sentit obligée de toucher la couverture. « Puis-je le regarder ? »
« Parlons d'abord, et vous pouvez le regarder plus tard. Comme je l'ai dit, nous avons beaucoup de travail à faire, et lorsque vous pourrez le voir, ce n'est pas le genre de livre que vous ouvrez quand vous avez peu de temps. »
Simon sourit et fit signe à Maia et Joseph de le suivre hors de sa maison par la porte de derrière où il y avait un patio avec cinq gros rochers qui servaient de chaises. Le soleil commençait à envoyer ses lances de lumière à travers les arbres et les oiseaux gazouillaient leurs mélodies enjouées. Les grands arbres marquaient le périmètre du patio, leur hauteur se perdait dans la brume matinale.
Simon abaissa, pour la première fois, le capuchon de sa robe alors qu'il s'asseyait face à Maia et Joseph sur un gros rocher blanc. Son visage était barbu, mais sa tête était parfaitement chauve. Ses yeux étaient bleu-vert et dardaient entre les mondes intérieurs et extérieurs comme un dauphin saute hors du milieu aquatique pour sentir le milieu aérien.
Il y avait une certaine obliquité à sa présence physique qui semblait en contradiction avec sa personnalité débordante, le mot qui convenait le mieux était : énigmatique.
Simon se tourna vers Maia. « Pouvez-vous invoquer l’Oracle ma chère ? »
« Maintenant ? »
Simon hocha la tête avec entrain.
« Je vais essayer », déclara Maia hésitante.
Maia énonça le code dans un ton de voix normal, et attendit. Rien d'autre que le chant des oiseaux.
« Essayez encore », encouragea Joseph.
Maia essaya en chuchotant les codes comme elle l'avait fait auparavant.
« Je vois que vous avez des invités », annonça l'Oracle, en marchant derrière un des arbres à proximité. « Je n'étais pas sûre de devoir m'immiscer. »
Une fois encore l'Oracle était vêtu à sa manière habituelle, mais pour Maia, son apparence semblait encore plus belle que dans son souvenir. « Il est bon de vous revoir », répondit Maia.
Simon se racla la gorge comme un subtil rappel à Maia de faire les présentations.
« Ce sont mes amis, Simon, dont nous visitions la maison, et je crois que vous avez déjà vu Joseph, mais vous n'avez pas eu encore de présentation appropriée. »
Joseph et Simon hochèrent la tête, et Simon indiquait une pierre à proximité. « S'il vous plaît, rejoignez-nous pour une conversation », dit Simon.
L'Oracle ne bougeait pas de sa place, elle semblait être distraite par quelque chose, et son corps commençait à osciller dans des niveaux variables de transparence. Ce fut un événement très bizarre, mais passionnant en même temps.
Simon se leva et se dirigea vers l'Oracle, plaçant sa main sur son bras et lui offrant son bâton. «Tenez ceci, cela vous aidera. »
Le bâton de Simon, dans un bois doré ayant une veine robuste, était sculpté dans des formes irrégulières en chevrons cascadant le long de son axe. Il était plus large au sommet, là où ses mains s'étaient habituées à le saisir. Il était sensiblement usé et même semblait avoir un renfoncement. Au sommet, le bâton avait une paire d'ailes sculptées, semblables à celles que Maia avait vues sur la couverture du livre dans sa maison.
« Merci, je me sens vraiment mieux maintenant », dit l’Oracle.
« Je vais vous aider à vous asseoir, venez avec moi », invita Simon.
Tous deux parcoururent tel un couple très étrange la courte distance jusqu'au patio où Simon aida l'Oracle à s'asseoir sur un rocher blanc rosé qui brillait dans la lumière du matin.
« Je vous connais ? », demanda l’Oracle, étudiant le visage de Simon alors qu'elle s'asseyait.
« Cela dépend de qui vous êtes ? », répondit Simon.
L'Oracle regarda Maia et ensuite retourna son regard vers Simon. « Je suppose que Maia vous a parlé de moi. Je suis l'Oracle de Dohrman. »
« Et comment se fait-il que vous puissiez être convoquée par des codes magiques? Vous semblez, au moins à ces vieux yeux, être libre de l'incarnation de pierre qui est votre maison depuis des milliers d'années. Comment cette transformation s'est produite ? »
« Je vois ... vous ne me croyez pas. » L'Oracle baissa la tête comme si elle songeait à son prochain mouvement. Elle pencha le bâton contre ses jambes et désigna son sommet ailé.
« Vous avez le bâton d'un mystique. En êtes-vous un ? »
Simon acquiesça.
Le visage de l'Oracle s'éclaira. « Vous êtes le Premier Initié, n'est-ce pas ? »
Simon hocha la tête, cette fois avec un sourire. « Et vous ... vous êtes l'Oracle, seulement parce que vous êtes capable de me reconnaître. »
Simon se leva et releva l’Oracle, l'embrassant comme un père tenant sa fille depuis longtemps perdue.
Maia et Joseph se regardèrent avec un mélange d’émerveillement et de confusion.
« Qu'est-ce que cela signifie, je ne comprends pas », dit Maia.
Simon et l'Oracle s’assirent, tous deux souriant dans la reconnaissance de vieux amis. « C'est moi qui ai découvert l'Oracle dans ces bois », expliqua Simon.
« C’était plus que simplement me découvrir », rappela l'Oracle à Simon. « Il fut le tout premier à trouver ma voix, à m'entendre parler, à communiquer avec moi d’une manière significative. Ce fut Simon qui fit mon initiation à l'esprit humain. »
« Mais vous auriez plus de trois cents ans ! », s'exclama Joseph. « Comment est-ce possible ? »
« Vous voyez devant vous l'Oracle de Dohrman sous une forme humaine quasi-parfaite, et vous me demandez comment il est possible que je puisse être aussi vieux que je le suis ? » Simon rit à haute voix, sa joie irrépressible. « Réalisez-vous la profonde occasion qui vous avez été donnée de rencontrer l’Oracle face à face? Personne n'a eu cette expérience auparavant. Personne ! »
Maia réfléchit aux mots de Simon. « Êtes-vous certain ? », demanda-t-elle.
«Oui», répondirent-ils tous deux à l'unisson.
Les yeux de Simon dansaient. « Alors dites-moi chère amie, comment avez-vous réussi à vous manifester à l'extérieur de votre tombeau de pierre ? »
« Je ne sais pas », répondit l'Oracle. « Je l'ai considéré sous différents angles, mais je me montre incapable d'accéder à l'information. »
« Peut-être que vous vieillissez comme moi », dit Simon en riant. « Vous n'avez jamais été particulièrement consciente de votre univers personnel, mais le monde impersonnel, notre monde, c'est une tout autre affaire. »
L'Oracle semblait être pris dans un flux d'énergie car elle s'évanouissait dans une transparence remplie de flammes de lumière bleue. Elle revint progressivement à sa maitrise de soi précédente. « Un autre mystique est venu me trouver il y a de nombreuses années, et il m'a posé des questions sur mon avenir - mon avenir personnel, comme si cela comportait une certaine importance pour lui. Durant cette conversation, les codes - ceux-là mêmes que vous utilisez pour me convoquer - furent divulgués par mes créateurs. Comment ils agissent pour activer ma présence est autant un mystère pour moi, qu’il l’est pour vous. »
Maia jeta un regard complice à Joseph, bien consciente que le mystique dont l’Oracle se référait était Josiya. Joseph hocha la tête en reconnaissance, mais aucun des deux ne voulait interrompre le fil de la conversation.
« La prophétie », demanda Simon, « a-t-elle vraiment commencée ? »
L'Oracle balaya ses longs cheveux noirs derrière elle et hocha la tête. « Il n'y a pas vraiment de commencement, c'est comme le sablier qui s'est vidé et il est temps de le retourner et de commencer de nouveau. »
Maia se tortilla. « Je ne comprends pas un mot de ce qui se dit. Pouvez-vous, s'il vous plaît, expliquer ce qui se passe ? »
Simon se tenait à ses pieds. « Ces roches », annonça-t-il, « n'ont jamais fait de bonnes chaises. »
« L'Oracle de Dohrman s’est transformé. C'est l'Oracle qui, dans mon troisième entretien, a exprimé la prophétie qui est connue sous le nom de la Prophétie de Dohrman. Dans ce document, l'Oracle prédisait que la Terre et tous les habitants terrestres subiraient un changement majeur de conscience dans un proche avenir. L'Oracle déclara que cette transformation serait si profonde que l'humanité se lèverait à l'unisson et restructurerait la religion, le gouvernement, l'éducation et le commerce. »
« Et à quoi cette réforme ressemblerait-elle ? », demanda Joseph. « Les Églises, les rois, et les marchands ne donnent pas leur pouvoir à la population. Le pouvoir est tout ce qu'ils veulent. »
« Tout d'abord », suggéra Simon, « effacez tout ce que l’on vous a jamais appris. Ensuite, en supposant que vous puissiez relâcher le vieux, qui est la seule façon de faire de la place pour le nouveau, abandonnez, abandonnez votre ego, vos espoirs et vos rêves, vos attentes, vos évaluations du bien et du mal, vos jugements de ce que vous êtes et pourquoi vous êtes ici, tout. Tout ! »
« Comme si vous étiez un livre, avec dix mille pages de mots et de formules mathématiques, qui devenait, au lieu de cela, comme un seul morceau de papier qui n'est pas écrit. Pas de lignes, pas de marques d'aucune sorte. Vous êtes naissant, épargné par le monde autour de vous. Dans cet état, vous êtes présent en tant qu’être instinctif avec un cœur ouvert et un peu plus. »
« C'est ce qui vient. »
L'Oracle regarda Joseph et pouvait voir que sa confusion demeurait. « Ce que dit Simon est vrai. Ce qui se passe aux quatre coins de la Terre, les chefs religieux, les représentants du gouvernement, les rois marchands, la Terre elle-même, il n'y a rien qui ne soit intact ou non affecté. »
« Et cela arrivera bientôt ? », demanda Maia.
« C’est dix mille ans de gestation », répondit l'oracle. « Mais de même qu’une avalanche chute d’un seul flocon de neige ou d’un frémissement de vent, il en sera de même. Cette évolution se produira rapidement pour la majorité des gens, car ils n'ont pas remarqué son rassemblement silencieux. C'est parce qu'il s’est accumulé dans une dimension de fréquences juste au-delà de vos cinq sens. »
« Vos mystiques ont vu cela, et certains ont écrit sur ce sujet. Je prévoyais cela immédiatement quand Simon m'a d'abord demandé, et ma vision est devenue La Prophétie de Dohrman. Et cette prophétie est devenue depuis la propriété exclusive de l'Église, connue par une simple poignée de l’élite des prêtres. »
« Et donc cette avalanche va bientôt tomber, c'est ce que vous nous dites ? », demanda Joseph. « Le changement va balayer notre planète et renverser le pouvoir traditionnel? Pourquoi ? En raison de nouvelles fréquences que nous ne pouvons pas voir ou sentir ? Cela me semble un peu tiré par les cheveux quand tant de gens essaient seulement de survivre... De trouver de la nourriture et de l'eau. »
Simon, toujours debout, se dirigea vers Joseph. « Levez-vous. »
Joseph suivit l'ordre avec une certaine réticence.
« Frappez-moi aussi fort que vous le pouvez », ordonna Simon.
« Je suis désolé mais je ne le ferai pas », répondit Joseph.
« Vous ne pouvez pas me faire du mal, alors essayez de me frapper aussi fort que vous le pouvez. Faites-le ! »
Joseph regarda Maia qui simplement haussait les épaules avec un regard d’inquiétude. Ils se sentirent tous deux comme s’ils étaient entrés dans un monde différent avec des êtres nouveaux et de nouvelles règles.
Joseph secoua la tête. « Je... Je ne peux pas le faire. »
« Vous voyez », dit Simon, « vous avez le pouvoir de me frapper, et pourtant vous ne le faites pas. Même quand je vous invite à me faire mal, vous résistez. Vous maitrisez votre pouvoir. Cette retenue est composée des fils de l'humilité, de la non-violence, de la compassion et de l’instinct de conservation. Ces fils ont toujours constitué la personne humaine et pratiquement tous les habitants de la Terre, mais la base des institutions ou, en majeure partie, le tissu social n’en est pas constitué. »
« Ce qu'un individu peut faire, la société peut à peine l'imaginer. Nous sommes chacun un décimal sans signification de l'existence, un fragile reflet de l'univers, et pourtant nous dominons une présence unique, tout à fait distinctive et composée des mêmes fils de l'Esprit qui enlacent l'un avec l'autre - avec toute la vie - et c'est dans ce contexte magique que nous nous levons comme un Être Unique. Cet Être Unique est ce que vous sentez en moi et c'est pourquoi vous n'avez pas suivi mon ordre de frapper. »
Joseph sourit timidement. « Je pensais que c'était parce que vous aviez trois cents ans. »
Simon plaça ses mains sur les épaules de Joseph et gentiment l'incita à se rasseoir sur sa chaise en pierre. « Vous avez demandé pourquoi les pouvoirs institutionnels remettraient leur pouvoir au peuple, et je vais essayer d'expliquer que l'Être Unique deviendra plus ancré dans l'humanité, et la communication de cette Être Unique deviendra plus cohérente - plus expressive dans sa nature profonde - les institutions n'auront d'autres choix que d'écouter parce que le pouvoir de l'Être Unique sera soutenu, renouvelé, renforcé et habilité par la Présence du Créateur au sein de chacun d'entre nous. »
« Alors le Créateur sera plus intensément ressenti à l'intérieur de nous ? », demanda Maia.
Simon prit une petite branche d'arbre qui était tombée au sol et commença à la secouer d'avant en arrière. « Voyez-vous cette branche de cet arbre immense? Elle est maintenant dans ma main, sous mon pouvoir. Lorsque je la tiens toujours, c'est clair quant à son identité, quant à sa source. Mais comme je la fais reculer et avancer avec davantage de force, tout cela disparaît. Votre œil-cerveau ne peut pas la voir. »
Il jeta la branche vers le sol en attente d'aiguilles de pin et de mousse. « La vitesse de vibration, ou le taux de fréquence, est en augmentation à chaque instant qui passe. Chaque particule de votre corps accélère, et tout comme j'ai pris la branche d'arbre qui disparaît en l'agitant d'avant en arrière, nos corps et nos esprits s’accélèrent pendant que la Présence de notre Créateur sature le domaine de la Terre. »
« Nous, en tant qu’habitants de la Terre, sommes amenés à une nouvelle réalité spatiale comme nous montons notre fusée à travers l'univers, et alors que la Présence du Créateur est partout, le ratio de sa présence varie. »
« Que voulez-vous dire ? », demanda Joseph.
« L'espace est traversé par des énergies provenant de galaxies, d'étoiles, de planètes, de lunes et divers événements cosmiques, ainsi que la Présence du Créateur. L'espace est tout sauf vide ; c'est un conducteur d'énergie, et tout comme notre sang fait circuler l'oxygène dans notre corps, l'espace fait circuler des énergies à travers des planètes comme la Terre. Cette circulation n'est pas hasardeuse, aléatoire ou une expression du chaos, non, elle est parfaitement intelligente. »
« Toutefois, l'intelligence est une expression des rapports. La Présence du Créateur rencontre une résistance dans certains corridors de l'espace qui sont moins bien préparés pour ses fréquences plus élevées, et dans ces domaines, les énergies des élémentaires - planètes, étoiles et galaxies - dominent mais puisque tout dans l'espace-temps est dynamique, en constante évolution, le ratio de la Présence du Créateur et des élémentaires évolue également. »
« Nous sommes juste arrivés dans l'espace-temps où le rapport change... Et cela signifie que chacun d'entre nous respire une plus grande proportion de la Présence du Créateur. »
L'Oracle corrigea pour Maia et Joseph alors qu’ils écoutaient. « Ce que Simon ne vous a pas dit, c'est que l'Être Unique est la Présence du Créateur, et que le Créateur n'est pas une intelligence abstraite rassemblée dans un paradis, mais c'est effectivement le composite de la vie même, qu'il s'agisse de la vie incarnée dans un état d'énergie physique ou un état d'énergie supérieur. »
« Tout comme la lumière blanche peut être divisée en une gamme de couleurs, le créateur est ainsi divisé en forme de vie, mais le prisme, dans ce cas, est l'espace-temps. »
Simon se tourna vers l'Oracle. « Assez de philosophie, que faisons-nous ? »
« Il n'y a qu'une seule chose que nous puissions faire », déclara l'Oracle à demi-voix. Son corps se mit à s'estomper, oscillant entre les états visibles et invisibles.
« Énoncez à nouveau les codes », ordonna Simon en se tournant vers Maïa.
Maia commença à réciter les codes, la voix tremblante en voyant l’Oracle scintillait comme une flamme de bougie, puis soudain elle disparut dans la lumière du matin.
Simon arpentait le patio tandis que Maia chantait les codes comme si elle récitait une prière.
Après quelques minutes, Simon mit un doigt à ses lèvres et secoua légèrement la tête. « Vous pouvez arrêter maintenant, ma chère. »
« Mais elle était sur le point de nous dire quoi faire. », dit Maia, ses yeux brillant d’émotion.
« Peut-être », admit Simon. « Nous essayerons à nouveau plus tard. Pour l'instant, nous allons prendre un peu de nourriture et de la boisson et nous élaborerons ensemble nos plans. Nous ne sommes pas sans idées propres. »
Après quoi, Simon ramassa son bâton sur le sol, essayant de sentir les vibrations persistantes de l'Oracle. Quelque chose avait changé dans l'Oracle, il pouvait seulement se connecter au changement de l'humanité, une sensation d'incertitude, et il commença à se demander si l'Oracle était encore l'Oracle.

****


Dernière édition par rené sens le Lun 23 Juil - 22:27, édité 4 fois
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The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Empty
MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeVen 23 Sep - 19:19

Chapitre 15 - Actes de Conviction

Karnomen entendit la sonnerie du téléphone à côté de son lit, et instinctivement tendit le bras vers lui avant sa deuxième sonnerie.
« Oui. »
« C'est regrettable. Je parlerai avec lui moi-même alors. »
« Dans le lit. »
« C’est bien, c’était vous ou le réveil. »
« Non, vous pouvez le laisser voir Hugelitod. Dites-lui de venir à mon bureau dès qu'il aura terminé son examen. »
« Non, seul. »
« Bénédictions à vous aussi. »
Karnomen raccrocha le téléphone, posa ses pieds avec précaution sur le sol et chaussa ses pantoufles. La nouvelle était attendue, presque accueillie. Hugelitod pouvait être têtu, mais il n'était jamais stupide. Torem ne réalisait probablement pas clairement les répercussions, quelque chose que Karnomen ne manquerait pas de faire.
****
«Je vois que vos quartiers ont empiré, décidément », remarqua Bartholem en entrant dans la cellule de Hugelitod. « Il semble que la Garde suprême ait un poste vacant. »
Hugelitod rit. « Vous êtes venu vérifier si je suis en assez bonne santé pour mourir ? »
« Pas du tout, je vous assure », dit Bartholem avec un sourire rapide. « Je suis venu pour vérifier votre blessure et seulement cela. »
« Ma blessure ... », dit Hugelitod avec réflexion. « Dans le cas où vous n'avez pas entendu, mon problème n'est pas le plus pressant pour le moment. »
« Je comprends », répondit Bartholem. « Tout de même, je voudrais la regarder si vous n'objectez pas. »
Hugelitod accomplit un haussement d'épaules indifférent mais aimable. « D’accord. »
Bartholem posa son sac sur le lit, l'ouvrit et en extrait une lampe de poche. « Fermez les yeux cela va vous éblouir. »
Hugelitod plissa les yeux et ensuite se détendit en fermant les yeux, « que vous ont-ils dit ? »
Bartholem se retourna pour s'assurer que le garde les avait laissés seuls, comme il en avait l'ordre. « C'est juste une précaution pendant qu'ils démêlent la situation -. Rien de quoi se préoccuper outre mesure. »
« Vraiment ? », interrogea ironiquement Hugelitod. « C'est facile à dire pour vous, mais pour ma part, je me sens à bout de souffle et j'ai impression que je m'apprête à lâcher prise et à tomber mort. »
Bartholem éteignit sa lampe de poche et s'assit sur le lit à côté de Hugelitod. « J'ai fait ce rêve une fois, quand j'étais enfant, mais il était si frappant de réalisme que je ne l'ai jamais oublié. Je marchais à travers de profonds bois quand j'entendis des hurlements plus étranges que vous ne pouvez l'imaginer. C'était surnaturel et je fus subitement terrifié, je me mis donc à courir aussi vite que je le pouvais, car je savais dans chaque cellule de mon corps que quelque chose de mauvais me poursuivait. »
« Pendant que je courais, je regardai en arrière et vit une meute de créatures démoniaques me suivre avec de grands crocs et des corps effrayants, le genre que seuls vos pires cauchemars peuvent créer. Plus j'accélérais, plus ils couraient rapidement, je savais que c'était juste une question de temps et qu'ils me rattraperaient. Alors je grimpai dans un arbre, en espérant qu'ils ne seraient pas capables de me suivre. Dans mon rêve, je grimpai à cet arbre à grande vitesse avec habileté. Lorsque j'eus grimpé sans doute dix mètres ou plus, je regardai vers le bas. Les créatures, peut-être six ou huit d'entre elles, encerclaient le tronc de cet arbre massif, me regardant avec des cris terrifiants, mais elles semblaient incapables de grimper, alors je me suis arrêté pour reprendre mon souffle et évaluer mes possibilités. »
« Puis je vis que l'une d'elles commençait à grimper à l'arbre et je réalisai qu'ils me prendraient, car il n'y avait nulle part où aller, et plus je monterais, je ne ferais seulement que retarder l'inévitable. »
« Vous avez sauté ? », demanda Hugelitod.
« Non, j’ai grimpé aussi vite que personne, mais malgré ma rapidité, je pouvais voir que les créatures se rapprochaient de moi alors qu’elles montaient dans l'arbre, impatientes de consommer leur prochain repas. Alors que je me hissais plus haut, les branches devenaient plus petites, et je pouvais sentir que mon poids commençait à agiter les branches d'arbre, et je commençais à craindre qu'elles se rompent. »
« Les créatures étaient plus petites que moi, et elles étaient donc capables d'aller plus haut dans l'arbre. Je regardai en bas, me demandant si je devais tout simplement mettre fin à ma vie en tombant au lieu de laisser ces viles créatures me dévorer vivant. Puis j'entendis le cri d'un faucon ou d’un aigle, je n’en fus pas sûr, mais je me souviens avoir regardé vers le ciel et avoir vu un oiseau puissant tournoyant au-dessus de moi, et pour quelque raison, il me vint à l'idée que je pouvais aussi voler. »
Bartholem rit. « Ah, la beauté des rêves. Je pouvais voler. Je jetai un dernier regard à mon ennemi, qui était à une longueur de bras de saisir ma jambe, et je bondis de l'arbre et m'envolai comme si c'était ma nature. Je ne peux expliquer ma joie à ce moment-là. Ce fut très probablement mon plus grand sentiment d'exaltation, et pourtant c’était juste un rêve. »
« Je suppose que les créatures ne pouvaient pas voler ? », demanda Hugelitod avec ironie.
« Je ne sais pas vraiment », admit Bartholem. « Le rêve prit fin sur cette note positive, Dieu merci. Je ne sais pas ce que j'aurais fait s’il avait poussé des ailes à ces créatures et qu'elles eurent continué leur poursuite. Mais je peux vous dire, mon ami, que ce rêve a guidé mon optimisme tout au long de ma vie. J'ai eu la poliomyélite étant enfant, ma jambe droite s’est flétrie sous l'emprise de cette maladie... Ce qui me fit abandonner le sport, j’ai vécu presque uniquement dans les livres, mais ce rêve m'a imprégné de la capacité de m'adapter, et je ne me vois pas comme unidimensionnel. »
Bartholem sourit à Hugelitod, se leva et commença à remballer son sac. Il leva sa lampe de poche. « Aimeriez-vous garder cela ? »
« Je n'ai rien à lire, rien pour écrire », Hugelitod haussa les épaules. « Mais, merci quand même. »
Bartholem sortit un peu de papier de sa trousse de médecin, et un stylo de sa poche de chemise, les mit sur le lit à côté de la lampe de poche. « Vous avez de quoi écrire maintenant - ce sera notre petit secret. »
« Avez-vous des vertiges ? »
«Non»
« Qu'en est-il des maux de tête ? »
« Oui, j'en ai un maintenant, en fait. », signala Hugelitod. « La majeure partie de la semaine passée, j'ai eu des maux de tête... Pas trop graves, mais ils étaient fatigants et s’accrochaient le jour et la nuit. »
Bartholem ouvrit de nouveau son sac et sortit une fiole de petites pilules blanches, versant environ une douzaine de pilules dans la paume de sa main, puis les transféra dans la main en attente de Hugelitod. « Ce sont des analgésiques, vous pouvez en prendre deux toutes les six heures, jusqu'à ce que vos maux de tête disparaissent. Ils vont vous aider à dormir. »
Hugelitod hocha la tête. Il se versa un verre d'eau et prit deux comprimés immédiatement. « Je vous remercie. »
« Je vous en prie. Je serai de retour dans quelques jours, et si vos maux de tête continuent, je vous en donnerais un peu plus. Pour l'instant, vous semblez bien cicatriser. Je pense que les maux de tête sont seulement un symptôme du stress que vous subissez. » Hugelitod regarda Bartholem alors qu'il préparait sa sortie. « J'apprécie vraiment votre aide. Vous êtes vraiment la seule personne qui semble avoir un intérêt pour mon bien-être. »
« Cela fait partie de mon métier, Hugelitod, je ne connais pas tous les méandres de votre épreuve avec les Grands Initiés, parce qu'ils retiennent ces détails, mais je ne sens aucune menace venant de votre part. »
« Il est bon de savoir que quelqu'un pense de cette façon », Hugelitod sourit. « Puis-je vous poser une question avant de partir ? »
Bartholem hocha la tête. « Bien sûr. »
« Le roi connaît-il l'Oracle de Dohrman ? »
Bartholem sentit le courant de fond de la question, et commença à se demander si Hugelitod n’était pas plus à l’écoute de la situation d’ensemble qu'il ne l'avait d'abord pensé. Il décida de jouer prudemment. « Pour le roi, comme pour la plupart des politiciens, les prophéties ont peu d'emprise, car elles ne sont seulement que des mots écrits par un Prêtre Suprême qui n'existe plus. Et d'où ces mots proviennent-ils ? D'un Oracle... D’une présence antique et abstraite gardée dans les forêts profondes de ce monastère que personne n'a vu, et encore moins communiqué avec. »
« Donc, l'Oracle est une abstraction pour le roi et rien de plus ? », demanda Hugelitod.
« Je ne suis pas le mieux placé pour dire ce qu’estime le roi, mais je pense que la réponse à votre question est : oui. »
« Le roi a-t-il lu la prophétie ? »
« Pour autant que je sache, personne n'a jamais lu aucune des prophéties de l'Oracle à l'exception du Grand Prêtre et de ses alliés les plus proches... Qui ne comprend pas le roi, comme vous le savez. »
Hugelitod plissa les yeux. « Si le roi ordonnait à Karnomen de transférer la propriété des prophéties à l'État, aurait-il le pouvoir de faire exécuter cet ordre ? »
« Je crois que ce serait possible », répondit Bartholem, « mais il ébranlerait la séparation de longue date de l'Église et de l’État, et pour ce faire, eh bien, il aurait besoin d'un événement catastrophique, ou... Ou d’une menace imminente pour l'État, laquelle serait en quelque sorte liée aux prophéties. »
« Comme une guerre ? »
« Oui », en convînt Bartholem. « Comme une guerre. »
Hugelitod s'appuya contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine. « Pourquoi êtes-vous ici ? »
« Que voulez-vous dire ? »
« Pourquoi le médecin personnel du roi prend-il tant d’intérêt pour mon bien-être ? »
Bartholem réalisa soudainement que les questions de Hugelitod l’amenaient en un lieu où il ne voulait pas se rendre. « Je ne sais pas ce que vous suggérez avec votre trame d’enquête, mais mes services ont été demandés par Karnomen, et, comme geste de coopération, notre généreux roi en a convenu. »
« Le roi sait-il que vous me soignez, et la vraie raison pour laquelle vous le faites ? »
Bartholem jeta un œil à sa montre. « Vous m’avez demandé si vous pouviez poser une question, qui s'est transformée en de nombreuses questions. Je crains que je ne sois pas libre de spéculer sur ce que le roi sait ou ne sait pas par rapport à mes tâches ici. Cependant, j’ai un autre rendez-vous. J'espère que vous comprenez. Peut-être que nous pourrons en reparler lors de ma prochaine visite. »
Bartholem saisit sa trousse de médecin du lit et sortit lentement hors de la cellule. « Je serai de retour dans deux jours. Jusque-là, restez en bonne santé. »
Hugelitod se coucha sur son lit, espérant que les analgésiques stopperaient ses maux de tête. Il commença à sentir une étrange force traverser son corps, une présence engourdissant qu'il considéra être dû aux analgésiques. Ses yeux se fermèrent alors que la porte de sa cellule était verrouillée, et le gardien se retira silencieusement dans le couloir. Ce fut le dernier son avant qu'il ne sombre dans le sommeil.
****
« Qu'est-ce que ça fait d'être un homme âgé de trois cents ans, vivant dans une maison vieille d’un millier d'années au milieu d'une forêt ancienne où personne ne va jamais... Enfin, presque personne ? », demanda Joseph.
Simon coupait des légumes et regarda un instant comme se rappelant un souvenir. « En fait, j'ai de nombreux invités, seulement vous ne pouvez pas les voir. Ainsi, je ne suis pas limité à cet endroit tout simplement parce que mon corps est ici. » Simon se tapotait la tête avec le manche de son couteau. « Il y a d'autres endroits où je vis en dehors de cet organisme. »
Joseph sourit. « Pouvez-vous m'apprendre comment ralentir le processus de vieillissement ? »
« Vous voulez vivre plus longtemps ? », demanda Simon en secouant la tête. « Êtes-vous sûr? Je vous suggère de vivre aussi longtemps que vous respirez, et pas un instant de plus. »
Joseph s'arrêta de verser de l'eau. « J'étais sérieux. »
« Suffisamment sérieux, je suppose », répondit Simon : « mais le sérieux n'a jamais été une clé pour déverrouiller les mystères. »
« Alors quoi ? », demanda Maia, entendant la conversation.
Simon mêla un assortiment de légumes tranchés et de racines dans un grand bol en bois, et versa quelque chose au-dessus du mélange qui ressemblait à du miel. « Cela tient moins à l'expression de votre intelligence, de votre volonté, ou à l'absorption de la sagesse des âges, qu'à voir avec l'entité indivisible qui règne dans le calme de chacun de vos souffles. »
« Cette entité est la Présence du Créateur élaborée à l'intérieur de votre corps et esprit ici sur cette Terre, mais son monde natif se trouve hors des structures de l'espace-temps, et pour cette raison, cette entité indivisible n'est pas conditionnée par l'espace-temps comme votre corps et votre esprit le sont. Parce qu'elle ne dispose pas de cet endoctrinement, elle observe simplement sans jugement, elle navigue sans un objectif, elle guide sans ego, elle co-crée sans possession. »
Simon s'assit à la table en face de Maia et la regarda droit dans ses yeux. « C'est cette entité en vous qui est votre véritable Présence et c'est la seule clé qui déverrouille les mystères. Aucune quantité de sérieux ou de dévotion ne produira de résultat, si cette entité n'est pas en premier mise en action. »
Maia buvait les paroles de Simon. Au fond des bois, isolé de toute trace de progrès de l'humanité, il semblait y avoir un espace indéfinissable d'ouverture qui lui permettait de saisir ces concepts comme s'ils avaient toujours fait partie d'elle. « Vous voulez dire que nous devons faire appel à cette entité en nous pour devenir un élément actif de notre vie? L'Église a toujours enseigné que nous devons étudier le Livre de Vie et suivre fidèlement ses enseignements, alors nous devenons élus de Dieu et prenons notre place dans les cieux après la mort. »
« C'est la même Église », demanda Simon, « qui maintenait avec véhémence la notion trompeuse que la Terre était le centre de l'univers? Vous voulez dire l’Église ? »
Maia ne répondit pas, sachant que c'était une question rhétorique. « D'où vient le Livre de Vie dans tout ça ? »
« C'est une collection de mots d'origine humaine qui émane depuis des milliers d'années et résonne encore dans les canyons de l'esprit endoctriné. Il s'intègre entre les oreilles. » Simon pointa sa tête, faisant une grimace.
Maia sourit. « Mais cette entité... Présence du Créateur... Pourquoi ne parle-t-on pas de son activation dans le Livre de Vie ? »
« Maintenant, nous arrivons quelque part », observa Simon. « La Présence du Créateur est comme le soleil, il est toujours présent, même la nuit, ses rayons se réfléchissent sur d'autres planètes et lunes, et peut être vu, si vous regardez. Mais combien d'entre nous fait attention au soleil - de jour comme de nuit ?, combien d'entre nous l’exploite ?, combien d'entre nous considère que nous sommes reliés à lui dans une relation vivifiante ? »
« Nous n'avons pas besoin d'activer le soleil, il brille tout simplement. Dans le même sens que nous n'avons pas besoin d'activer la Présence de notre Créateur, nous devons en activer notre conscience. »
« Comment ? »
Simon se caressa la barbe. « Avez-vous besoin de quelqu'un pour vous dire ceci ? »
Maia secoua sa tête.
« Vraiment ? », dit Simon avec défiance. « L'Église vous dit-elle cela? L’ensemble du système éducatif vous dit-il cela ? Vos parents le font-ils ? Chaque livre que vous avez lu murmure-t-il subtilement vos insuffisances de conscience ? »
Simon fit signe à Joseph de les rejoindre à la table. « Nous pouvons parler et manger en même temps. »
Simon passa le bol de légumes à Maia, tandis que Joseph s’assit près d’elle. « La personnalité », poursuivit Simon, « le charlatan qui vous a transformé en croyant, n'est pas le centre de votre univers pas plus que la Terre est le centre de notre univers. Vous devez démarrer là. »
« Si vous croyez au charlatan, alors vous croyez en votre impuissance. Vous croyez en votre incapacité à connaître la vérité. Vous croyez en votre isolement. Vous croyez en votre déconnexion. Et si vous croyez en ces choses, votre conscience de la Présence du Créateur est estompée alors vous êtes sensible au grand mensonge de l'humanité : vous avez besoin de quelqu'un pour vous dire comment prendre conscience de la Présence du Créateur qui brille toujours en vous. »
Simon remarqua que les assiettes de légumes en face de Joseph et de Maia n'avaient pas été touchées. « Vous avez besoin de fourchettes ! » Il sauta immédiatement sur ses pieds, prit des fourchettes et les remit à ses invités. « Mes excuses. »
« J'aurais utilisé mes mains », dit Joseph, « mais la sauce semble un peu collante.»
« Oui, eh bien, vous l’aimerez tout de même », dit Simon en plaisantant.
Maia prit la fourchette en bois brut et ramassa une collection de racines bizarres et de légumes et les tint sous son nez. « Ça sent bon, Simon. »
« Cette partie collante », dit Simon, « maintient l'ensemble du mélange sur votre fourchette. C'est une combinaison de miel et de sève d'arbre. Très énergisant, comme vous le découvrirez bientôt. » Les yeux de Simon scintillaient d’amusement.
Maia s'éclaircit la gorge. «Donc, vous dites que personne n'a besoin d’un enseignant ni d’aucune instruction pour prendre conscience de la Présence du Créateur, mais si cela est vrai, alors pourquoi y a-t-il tant d’enseignants ? »
« Vous posez les bonnes questions, ma chère », répondit Simon. « L'histoire est ainsi. Les gens ont commencé à se réveiller des dizaines de milliers d'années auparavant, ils se sont réveillés de leur asservissement à la survie. Ils ont inventé la facilité. Ils ont inventé la civilisation. Ils ont émigré des cieux étoilés aux toits ; du feu à ciel ouvert aux pièces à quatre murs. Et dans cette transition, ils ont perdu leur nature profonde. »
« Mais tous n'ont pas accepté ce nouveau mode de vie. Ils pouvaient voir que la civilisation engendrerait la religion, la science et le commerce, et ils pouvaient voir que ces éléments ne feraient que renforcer le point de vue superficiel ... Ou aviver le charlatan. Alors ils ont choisi de devenir des centres de la Présence du Créateur parmi les masses de charlatans, et parce qu’ils ont apporté cette Présence dans ce monde, ils sont devenus des leaders de mouvements. »
« Les gens du pouvoir ont vu ces mouvements émerger et ont pris leur contrôle. Ils ont inventé des façons subtiles d'intégrer cette notion que la religion est le pont entre le charlatan du péché et la Présence du Créateur en dedans. En faisant cela, les mots des Maîtres ont été entrelacés avec les charlatans du pouvoir. Ils furent mélangés comme des légumes dans un repas qui fut servi aux masses, et propagé à des fins profanes. »
« Et l'ingrédient clé qui fut ajouté - la sauce gluante, si vous voulez - était l'idée de l'imperfection humaine, la perte de la grâce, et tandis qu'elle prenait beaucoup de variations, le thème était identique. Nous sommes des machines de l'esprit dont les motivations sont des péchés, et nous avons donc besoin d'enseignants et d'enseignements pour les absoudre ou nous purifier. »
Joseph prit une respiration rapide. « De quoi avons-nous besoin, sinon de ces préceptes ? »
« Vous le savez déjà ! », cria Simon. « Tout le monde le sait. Est-il possible d'enseigner à une fleur comment fleurir, à un oiseau comment voler ou aux poissons comment nager. Bien sûr que non ? Ces comportements sont codés dans leur nature même, et c'est la même chose pour nous mais nous avons été programmés à vivre comme des charlatans, plutôt que comme des centres de la Présence du Créateur, et ainsi la plupart d'entre nous sont dirigés par le troupeau parce qu'ils y trouvent la sécurité et la communauté. »
« Sous toutes les couches que nous avons revêtues au fil des siècles, il reste la Présence du Créateur, et elle scintille brillamment dans certains, et dans d'autres, c'est simplement une braise chaude. Vous choisissez de prendre conscience d’elle et dans ce choix, vous y consacrez temps, énergie, espace et l'élément le plus important de tous : un amour de votre Moi. »
« Sans vouloir pinailler », commença Maia timidement, « mais le Livre de Vie dit que l'amour de soi est inférieur à l'amour de Dieu ou d'un Maître. N'est-il pas mieux d'adorer ces derniers ? »
« Pourquoi pensez-vous que vous pouvez éventuellement aimer Dieu ou un Maître ? », demanda Simon.
Maia détourna les yeux, rassemblant ses pensées. « Parce que le Livre de Vie, dit... »
« Non », ordonna Simon, « ne citez pas des livres, dites-moi du plus profond de votre cœur ! »
Les yeux de Maia scrutèrent la salle alors qu'elle cherchait ses mots. « Quand j'étais enfant, j’allais à l'église avec ma mère tous les dimanches. Une fois nous avons chanté un hymne et je regardais ma mère et j'ai vu que ses yeux étaient pleins de larmes, et pour être honnête, cela m’a fait peur. Pendant que nous marchions de l'église à la maison, elle m'a dit pourquoi elle avait pleuré. »
Maia fit une pause pour digérer son souvenir, qui demeurait vif dans sa mémoire. « Le jour où elle m'a donné naissance, elle marchait vers l'épicerie et soudain un orage l'a surprise à mi-chemin entre la maison et les magasins. Elle devait trouver un abri et ne trouva qu'un grand arbre qui était creusé d'un côté, ainsi elle se blottit à l'intérieur du tronc pour éviter le plus mauvais de la tempête. »
« Alors que la tempête faisait rage à l'extérieur, elle commença à sentir des contractions. Elle m'expliqua qu'elle n'eut pas d'autres choix que de me donner naissance à l'intérieur de l'arbre, au milieu du tonnerre et des éclairs. »
Joseph regarda Maia, la fourchette suspendue entre sa bouche et le bol. « Et elle ne vous a jamais dit cela jusqu'à ce jour ? »
Maia secoua la tête.
« Quel âge aviez-vous ? »
« J'avais sept ans le jour même », dit Maia avec un sourire entendu. « On m'a toujours dit que je suis née pendant un orage, mais personne n'avait mentionné que c’était à l'intérieur d'un arbre. »
« Pourquoi ne vous a-t-elle pas dit plus tôt ? », demanda Joseph.
« Elle m'a dit que lorsqu’elle était en travail et implorant Dieu pour soulager sa douleur, elle vit un ange. Elle m'assura que ce n'était pas un rêve, même si je doute de sa mémoire. Cet ange lui aurait dit qu'elle allait avoir une fille et qu'elle devait naître à ce moment précis à cet endroit précis. Tout avait été prévu de cette façon, et qu'elle ne me le dirait qu’à mon septième anniversaire. »
« Ma mère pleurait à l'église parce qu'elle anticipait la manière de me parler au sujet de ma folle naissance sans paraître idiote, je suppose. » Maia effleura rapidement sa joue avec sa main. « Mais quand j'ai entendu l'histoire, je me suis souvenue. Je me suis souvenue pourquoi j'avais un tel lien avec les arbres. Pourquoi je m'asseyais avec eux pendant des heures et des heures et sentais leur confort. »
« Et ainsi vous aimez Dieu en raison de la façon dont vous êtes née dans ce monde ? », demanda Simon.
« Un ange est un messager de Dieu », répondit Maia. « Si Dieu a pris un tel intérêt dans ma naissance, comment puis-je ne pas l’aimer ? »
Simon regarda son bol vide. « C'est une histoire remarquable, ma chère, je suis heureux que vous l’ayez partagée. »
« Je n’ai pas fini », dit Maia à voix basse.
« Après que ma mère m'ait raconté l'histoire, je suis allée à l'arbre qu'elle avait décrit, et bien sur, il était là dans les bois, juste à côté de la route que j'avais parcouru une centaine de fois. C’était un arbre très vieux dont le creux avait été causé probablement par la foudre. »
« Je suis allée à l'intérieur et me suis juste assise, sentant la terre, respirant l'air moite à l’intérieur de l'arbre. Je pouvais regarder vers le haut sur près de six mètres avant que la lumière ne disparaisse. Ce fut une expérience incroyable d'être dans le lieu exact où je suis née, et même si je n'avais que sept ans, j'ai senti quelque chose de profond lors de cette expérience. C’était... C'était un sentiment de gratitude... Non seulement envers ma mère, l’arbre et l'ange qui l'avait réconfortée, mais je ressentais une intense gratitude envers les forces qui avaient creusé l'arbre. Et quand je pensais à ces forces, j'ai pensé que seul Dieu pourrait avoir fait heurter la foudre sur l'arbre. »
Maia regarda son bol, presque plein de nourriture et sourit intérieurement. « Je suppose que je devrais laisser quelqu'un d'autre parler pendant un certain temps de sorte que je puisse manger. »
Simon considéra Maia, mais pas avec ses yeux, d’un autre mécanisme issu d’un endroit où il avait rarement besoin d'aller. Maia était précisément ce qu'il avait espéré qu'elle serait.

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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeDim 2 Oct - 17:03

Chapitre 16 - Courants Apocryphes

L'observatoire était l'un des endroits préférés de Karnomen sur Terre. Le bâtiment était d'un blanc pur, construit, quelque deux cents ans plus tôt, à partir d'un calcaire spécial charrié depuis une lointaine carrière. Le bâtiment était initialement conçu comme un temple, mais avec l'invention du télescope, la construction du temple fut redirigée, conformément à l’avis de l'Oracle, afin d’être le premier observatoire du firmament céleste de l'Église.
L'observatoire était connu parmi les Grands Initiés en tant que Portail du Ciel, et malgré son aspect extérieur immuable, il était dans un état de constante évolution. Karnomen aimait la forme circulaire de l'édifice et le plafond voûté complexe. Le bâtiment était fermé à tous sauf aux Grands Initiés et à un personnel peu nombreux de scientifiques et de techniciens bien rémunérés qui avaient été embauchés par l'Église pour mener ses recherches.
Karnomen était assis à une grande table ornée entourée de cartes du ciel et de diverses œuvres d'art qui rendaient hommage au spectre céleste de la création de Dieu. Un coup sec frappé à la porte le tira de sa rêverie. « Oui ? »
La porte s'ouvrit lentement avec un léger grincement. « Hugelitod est ici, votre Éminence », indiqua la voix du gardien, clairement nerveux.
« Désenchainez-le et ensuite vous pourrez attendre dehors », commanda Karnomen.
Le gardien travailla rapidement et sans bruit puis partit sans un mot ni un coup d’œil.
Alors que la porte se fermait, Hugelitod s'arrêta et balaya la salle des yeux. Il n'avait jamais été à l'intérieur de l'observatoire auparavant, et bien que sa fascination pour l'astronomie ait disparu au profit du séminaire, il aimait toujours les télescopes, en particulier ceux de la puissance du Portail du Ciel.
«Vous pouvez rester ici si vous voulez », offrit Karnomen avec un ton plein de bonté dans sa voix. « Le bon docteur dit que vous guérissez bien. Votre tête va-t-elle mieux ? »
Hugelitod hocha la tête. « Oui, merci. » Il remarqua l'acoustique de la salle avec ses bords métalliques adoucis par les murs arrondis et un plafond voûté où la voix Karnomen sonnait plus mélodieuse.
Karnomen regarda une carafe en porcelaine sur la table. « Voulez-vous du thé ? »
« Oui », répondit-il, se forçant à sourire.
Hugelitod s'assit à une table de forme ovale qui pouvait accueillir facilement vingt personnes. Des lignes et des formes complexes étaient gravées sur la table de marbre. Au centre même il y avait une forme ovale, d'environ dix centimètres de long, qui ressemblait à la forme d'un œil, et provenant des deux coins de l'œil, dans un mouvement en spirale, il y avait de longues vrilles composées de milliers de trous, pas plus gros qu'une tête d'épingle, parfaitement incisés. C’était du pointillisme sur pierre et non sur toile.
Karnomen remarqua l'attention de Hugelitod. « Cela représente notre galaxie. »
« J’ignorais que nous savions à quoi notre galaxie ressemble », dit Hugelitod.
« Nous le savons, eux non », sourit Karnomen. « Dans tous les cas, il y a certaines choses que nous ne partageons pas avec la communauté scientifique. »
« Et pourquoi cela ? »
« Les scientifiques ne peuvent s'empêcher de diffuser toutes informations au public », plaisanta Karnomen. « C'est leur chute dans la mesure où nous sommes concernés. »
Karnomen remit une tasse de thé à Hugelitod qui était assis à trois chaises de là. « Ce petit point, juste ici, c'est la Terre », indiquant un petit trou de couleur bleue.
Comme Hugelitod l’examinait de plus près, il remarqua qu'il était le seul point de couleur sur la table, et que juste à côté il y avait deux X, « que signifie le nombre vingt ? »
Karnomen retourna à son fauteuil et croisa les bras. « C'est le nombre de tours que notre système solaire a effectué autour du centre galactique, ainsi vous voyez, en quelque sorte, chacun de nous a seulement vingt ans en temps galactique. »
Karnomen enleva ses lunettes et se frotta les yeux pendant un instant. « Nous vivons dans une grande ville d’étoiles, et il y a tant d’autres villes que nous ne pouvons même pas commencer à les compter... L'échelle ne cesse de me surprendre et pourtant, en quelque sorte, dans cette infinie multitude de villes stellaires que nous appelons galaxies, l'une d'entre elles a produit les conditions parfaites de vie physique. Et nous sommes dans celle-là. » Ses bras se déplièrent au ralenti.
« Souhaiteriez-vous connaître un secret ? », demanda Karnomen avec un sourire caché aux coins de ses lèvres.
Hugelitod hocha la tête avec un haussement d'épaules.
« Dans 1 213 114 années, notre Terre bien-aimée va mourir. Elle sera victime de la force de gravitation. Une autre étoile la croisera si près que les météores des confins de notre système solaire tomberont du ciel. Cette précieuse planète sera assassinée par une poignée de gros rochers. »
« Bien sûr, nous ne serons plus ici, mais cela se produira, et vous savez pourquoi je sais que cela se produira ? »
Hugelitod, mal à l'aise, se tortillait sur sa chaise. « L'Oracle vous l'a dit, et vous croyez l'Oracle. »
« Exactement », dit Karnomen, montrant son doigt pour mettre l'accent. « L’Oracle avait raison à chaque fois que nous lui avons demandé, et pour ces événements qui sont au-delà de nos vies - dans ce cas-ci - au-delà de nos imaginations, nous croyons que l'Oracle a également raison. »
« Vous voyez », dit Karnomen en prenant une gorgée de thé, « l'Oracle ne peut pas mentir. Il ne comprend même pas la notion de mensonge, ni celle de cacher la vérité, ni l'exagération ou les demi-vérités. Tous ces éléments sont nettement des comportements humains, et l'Oracle est quelque chose, mais pas humain. »
Hugelitod se demanda où Karnomen essayait d'orienter la conversation, et décida d’intervenir alors que Karnomen s'interrompait pour siroter un peu plus de thé. «Et d'où provient l'Oracle s'il n'est pas d'origine humaine? Comme vous me l’avez fait comprendre la dernière fois que nous avons parlé ensemble, il n'est pas la création de Dieu. »
« Ah, c'est la question sur laquelle nous spéculons toujours », répondit Karnomen. « L'Oracle peut voir le futur, mais il est aveugle sur le passé, et c'est seulement dans le passé que l'Oracle peut découvrir ses origines. »
« Ainsi ses origines sont inconnues ? »
Karnomen acquiesça. « L’oubli serait une meilleure façon de présenter les choses. »
« Alors comment savez-vous que ce n'est pas une création de Dieu ? »
« Parce que l'Oracle s'est toujours référé à son créateur au pluriel, les créateurs, et il n'y a qu'un seul Dieu. » Karnomen tendit la main, son index pointé vers le plafond.
« Avez-vous demandé à l'Oracle si cette hypothèse est correcte ? »
« De quelle hypothèse parlez-vous ? », demanda Karnomen, sa voix se nouant légèrement.
« L'hypothèse selon laquelle il n'y a qu'un Dieu pour tout cela », Hugelitod glissa ses bras sur la table.
« Nous ne demandons pas des choses à l'Oracle que nous connaissons déjà », répondit Karnomen. « Nous préférons utiliser sa vision pour voir les événements vers lesquels nous marchons dans le couloir du temps. C'est notre façon de nous préparer. »
Karnomen éclaircit sa voix et se pencha en arrière dans sa chaise. « Torem vous a invité à nous aider dans la destruction de l'Oracle et vous avez refusé. Pourquoi ? »
« C'est votre choix de détruire l'Oracle, non le mien. Votre invitation est destinée à tester ma fidélité et rien de plus. Je n'ai aucune malveillance envers l'Oracle, ou n’importe qui d'autre à cet égard. Mais jusqu'à ce que j’en connaisse plus de l'Oracle et de ses prophéties, je ne veux prendre parti dans sa destruction. » Hugelitod fit une pause. « Je pourrais aussi rejoindre une foule insensée et détruire une église. »
Hugelitod savait que sa déclaration était impertinente et causerait une réaction de la part de Karnomen qu'il regretterait probablement, mais quelque chose à l'intérieur de lui avait dit les mots sans censure ni réserve. Il avait déjà accepté son destin ; simplement, il ne savait pas ce qu’il était.
« Que vouliez-vous dire : l'Église ? », demanda Karnomen, secouant sa tête comme quelqu'un qui devait tolérer une insulte sans fondement. « Vous avez été invité à participer à cette tâche parce que je voulais voir si vous choisiriez la rédemption. Si vous aviez une parcelle d'humilité en vous et montreriez votre fidélité envers les Grands Initiés qui vous ont offert l'accès à une connaissance privilégiée. Mais je vois que vous vous souciez peu de votre avenir, ou à cet égard, de l'avenir de l’Église ! »
Hugelitod regarda la pièce, les escaliers qui montaient en spirale leur chemin aux niveaux supérieurs de l'observatoire où le télescope regardait fixement le ciel. Il avait peur de regarder directement dans les yeux de Karnomen. « Pourquoi détruiriez-vous quelque chose qui est très probablement un cadeau de Dieu ? Que craignez-vous tant ? »
« Vous savez très bien ce que nous craignons et malgré le fait que vous n'ayez pas lu la Prophétie de Dohrman, je connais la partie que vous a révélée Torem, ainsi dans cette révélation vous avez votre réponse. Je ne vous en dirai pas plus désormais que cela. Quant à pourquoi nous détruirons l'Oracle, c'est une simple question de survie. »
« De qui ? », demanda Hugelitod.
« La survie de l’Église ! », cria Karnomen, ensuite adoucissant sa voix. « Si l'Église est renversée, tel que prévu par l'Oracle, donc Dieu est renversé et si cela arrive, nous, en tant qu’espèce, sommes damnés car Satan aura le règne libre sur cette planète. Dois-je vraiment expliquer cela ? »
« Mais vous ne connaissez pas les origines de l'Oracle. Que se passe-t-il si la destruction de l'Église est en réalité le plan de Dieu... »
« Je vois », interrompit Karnomen, « Vous m'avez persuadé d'une chose aujourd'hui. Vous vous êtes esquivé dans un monde de votre propre fabrication. Je souhaite qu’il y ait une manière de vous sauver, mais vous vous êtes égaré... Vous êtes irrévocablement égaré. »
Karnomen glissa sa chaise en arrière et se tint debout avec ses mains sur la table, le stabilisant. « Votre statut, que je contrôle, est qu'à moins que vous ne renonciez à votre sacrilège, à moins que vous ne nous prouviez que vous êtes sincère dans vos intérêts pour servir de nouveau l'Église, vous resterez sous la garde de la Garde Suprême. Le terme de cette sentence est sous votre contrôle - cela pourrait être un jour de plus, ou une vie. Votre comportement et attitude suggèrent un très long emprisonnement et ceci serait un gaspillage d'une vie. Un gâchis ! »
Le poing osseux de Karnomen frappa la table, il se tourna et s'éloigna, prononçant quelque chose au garde de l'autre côté de la porte. Hugelitod entendait des voix mais ne pouvait pas discerner les mots, tout semblait flou. Le doute pesait si lourd sur lui qu'il n'était pas sûr s'il pouvait prendre un autre souffle. Tout ce qu’il pouvait penser était de retourner à sa cellule, prendre un peu plus d'antalgiques et dormir.
****
« Donc, vous dites que vous avez été surpris par quelqu'un que vous n’avez pas vu ? », demanda Jaunder. « Qui tout simplement a bondi de derrière un arbre et vous a assommé avec une roche ? »
Kamil acquiesça avec une légère protestation. « Je ne les ai pas vus. Depuis je travaille en tant que sentinelle dans mon secteur, je n'ai jamais vu quiconque. Pas une seule fois ! Cela fait presque huit ans. » Kamil s'interrompit et regarda par la fenêtre. « Je ne m'attendais pas à tomber dans une embuscade. »
Jaunder était un homme grand, aux yeux perçants gris-bleu et des oreilles difformes qui ont été déformées par la lutte alors jeune homme dans l'armée. Il était formidable à bien des égards, mais les sentinelles le craignaient à cause de son autorité, en tant que Commandant de Section, pour punir, à volonté, toute insubordination ou faible rendement au travail. Au fond des bois, il était roi. Il n'y avait aucun procès ou jurés dans son royaume.
Kamil était dans une salle d'interrogatoire, habituellement réservée aux intrus, mais depuis 142 années que le poste d'approvisionnement existait, seulement douze intrus furent soumis à un interrogatoire. La salle était utilisée plus fréquemment comme moyen d'information sur les sentinelles sur les questions de performance au travail, de vol de nourriture, d'ébriété au travail et de désertion. Kamil était bien conscient qu'il existait des histoires de sentinelles prises dans les bois et fusillées pour des délits moins importants que le sien. Les sentinelles étaient jetables.
Jaunder se tenait debout, se versa du whisky dans un verre, et dans un mouvement fluide, se pencha la tête en arrière et but d'un seul coup l'ensemble avec un air léger de dégoût. Il raffermit son regard sur Kamil. « Je pense que vous mentez. D'abord, il est douteux que vous ayez été pris en embuscade - dans ces bois où vous les auriez entendus venir depuis vingt pas. Et deuxièmement, regardez-vous ; vous êtes un garçon solide avec un fusil, formé et connaissant ces bois... Vous avez été vaincu par un mendiant ? Je ne vous crois pas. »
Il tira une chaise à quelques mètres de Kamil, s'assit et examina directement son visage. « Et vous êtes certain de ne pas avoir vu cette personne ? »
Kamil secoua la tête. « Je ne les ai pas vus. J'ai été assommé, regardez mon visage ! »
« Je demande », dit Jaunder, « parce que j'ai eu ce matin le rapport d'une personne disparue passé sur mon bureau de la station de police du village Hunter. Une jeune fille disparue, cheveux noirs, yeux bleus, très jolie si je comprends, étudiante à l'université locale... Cela vous dit quelque chose ? »
Kamil savait que Jaunder étudiait tous les mouvements de son visage quand il posait sa question, et il essaya de ne pas réagir, mais il pouvait sentir un léger tic à son visage dû à la pression.
« Non, je n’ai pas vu qui l'a fait. » Les mots sortaient mesurés et contrôlés.
« Bon alors », Jaunder se mit debout, « conduisez-moi sur le site, je vais rassembler les chiens et nous allons nous amuser. »
Jaunder se versa un autre verre de whisky et l'expédia de la même manière que précédemment. « Et procurez-vous de nouvelles bottes, pour l'amour de Dieu. Et nettoyez votre visage, il est difficile pour moi de le regarder. »
Kamil resta assis pendant quelques instants, se demandant s'il était hors de danger ou si ce voyage dans les bois serait son dernier. Il trouva un certain encouragement dans le fait que Jaunder lui avait ordonné de nettoyer son visage.

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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeMer 5 Oct - 23:28

Chapitre 17 - Complice Réticent

Hugelitod fut escorté à l'intérieur de sa cellule par deux gardiens et fut cérémonieusement détaché. Il attendit que les gardes se retirent dans le couloir pour se verser un verre d'eau. Il chercha sa nouvelle lampe de poche sous son oreiller et la mit en fonctionnement. La lumière tomba sur un coin sombre de sa cellule où il avait trouvé une fissure suffisamment grande dans le mur pour stocker ses six analgésiques restants qui étaient étroitement enveloppés dans un morceau de papier.
Alors qu’il déroulait le papier, il sentit quelque chose bouger devant lui, et ses poils commencèrent à se hérisser. Juste en face de lui, une belle femme miroitait dans une lutte pour se manifester. Il pouvait entendre une voix, mais c’était un son surnaturel, fantomatique qui était à peine audible. « Qui êtes-vous ? », demanda instinctivement Hugelitod. « Que voulez-vous ? »
Hugelitod pouvait voir la bouche en mouvement, mais ne pouvait pas comprendre les paroles. Il tendit ses mains pour voir s’il pouvait sentir quoi que ce soit de l'apparition, et comme il la toucha, le mirage se mit lentement à se concentrer et à se solidifier.
« Je suis l'Oracle de Dohrman sous une forme humaine ce qui est ma première expérience d’automanifestation. »
Hugelitod regarda la cellule autour de lui, puis de retour à l'Oracle. Elle était toujours là. Il se frotta les yeux. Elle était toujours là. « Je rêve ? »
« Oui, en quelque sorte », répondit l'Oracle.
Hugelitod regarda le papier froissé sur le lit et compta six pilules. Il ne les avait pas prises. « Comment puis-je vous voir? Comment... Comment puis-je savoir que je n’imagine pas ceci... Ou ... Ou suis-je devenu fou ? »
L'Oracle tendit la main et la posa sur la sienne. « Ressentez-vous cela ? »
Hugelitod ferma les yeux. « Je pense que oui. »
« Alors je suis aussi réelle que vous », annonça l'Oracle. « Cela fait partie de mes nouvelles capacités, une partie de ce que vous m'avez donné. »
Hugelitod cligna des yeux, cherchant encore à déterminer sa réalité malgré l'assurance de l’Oracle. « Je ne veux pas devenir fou, vivant seul dans une cellule obscure. » Sa voix chuta à un murmure, comme une pensée libérée d’une fiole.
« Demain, dans la matinée, ils viendront pour me détruire », déclara l'Oracle. « Vous devez venir avec eux. »
« Comment le savez-vous ? »
« Je suis l'Oracle. C'est ma prophétie. »
« Pourquoi devrais-je être un complice dans votre destruction ? »
« Si vous ne le faites pas, votre but sera non réalisé », déclama l'Oracle.
Hugelitod sentit les paroles pénétrer « Ils peuvent me tuer s'ils le veulent, ce serait préférable à pourrir dans cette cellule. »
Il regarda dans les yeux de l'Oracle, scintillants dans une mer de transparence qui semblait infinie en profondeur. « Qui êtes-vous ? »
« Vous me connaissez déjà », dit l'Oracle.
« Connaitre ? », demanda ironiquement Hugelitod. « Je connais votre titre. Je connais un mot qui décrit quelque chose de vous, mais je ne sais pas qui vous êtes, d’où vous êtes venue, pourquoi vous êtes ici sur cette planète... Pour moi, vous êtes un mystère complet. Si vous avez besoin de mon aide, vous devez répondre à mes questions. »
L'Oracle sourit. « Je suis l'Oracle de Dohrman. Je suis arrivé sur cette planète il y a plus de 100.000 ans à l'endroit même où je suis aujourd'hui. Au commencement sur la Terre, j'étais seul. Il n'y avait aucun humain dans mon monde, et donc je sommeillais. Mais un jour, une petite tribu de nomades tomba par hasard sur moi, et je fus révélé, et la nouvelle se propagea rapidement. »
« Je les ai observés, mais je ne pouvais pas communiquer avec eux. Leurs visages ont changé, ils sont devenus plus nombreux, ils sont devenus plus diversifiés, et finalement, ils ont érigé un temple autour de moi. Des gens de partout venaient à moi et exprimaient leurs désirs profonds et bénédictions, croyant que s'ils le faisaient, de bonnes choses leur arriveraient. »
« Il y en eut certains qui connurent des guérisons ou des bonnes fortunes après m’avoir visité, et ils m’ont toujours attribué leur bonne destinée. Et ensuite, la rumeur s'est répandue que le Temple des Trois Pierres était l'endroit où les Dieux ont touché la Terre. Beaucoup croyaient que les Dieux m'avaient créé et qu'ils étaient présents, seulement présents en ce lieu, et ainsi le temple devint de plus en plus élaboré. De l'or fut incorporé sur ma surface, et des prières sacrées furent inscrites sur ma façade. »
« Au fil du temps », continua l'Oracle, « une religion commença à se développer autour de ma présence, et le Temple des Trois Pierres fut connu à travers le monde civilisé comme un lieu privilégié par les Dieux. Et tandis que cela se produisait, des hommes de grande puissance voulaient posséder ce temple, et ainsi il est donc devenu un lieu de guerre. Génération après génération, on bataillait pour le contrôle du temple, comme si le vainqueur hériterait en quelque sorte des pouvoirs des Dieux. »
« Mais il y a environ douze mille ans, il y eut un grand cataclysme qui détruisit le temple et les hommes périrent – presque tous. »
« Qu'est-il arrivé ? », demanda Hugelitod.
« Une inondation épouvantable. »
« Qu'est-ce qui l’a causée ? »
« Une météorite impacta la planète, envoyant des raz-de-marée qui ont détruit la terre. Tout le monde n’a pas été tué, il y avait des poches de survivants, mais il a frappé sans avertir et seule une infime fraction de la population a survécu. Après quelques milliers d’années, l'eau s'est retirée et la terre récupéra sa suprématie, et une forêt grandit autour de moi. »
« Les murs du temple d'origine et les colonnes cassèrent au cours des âges et devinrent terre pour les arbres qui ont suivi. Seules les trois pierres du temple sont restées, et j'étais une fois de plus l'habitante d'un désert. Après quelques centaines d’années d'isolement, je fus découvert à nouveau, en grande partie de la même manière que précédemment. Cette nouvelle tribu me porta adoration et me rendait grâce. Les trois pierres étaient une présence de la Terre, et non pas du ciel ou du cosmos. Cette fois, j'étais considéré comme un Dieu de la Terre. »
« Cette nouvelle tribu garda ma présence secrète, et leurs adeptes spirituels essayèrent de communiquer avec moi, mais je fus incapable de les atteindre et de parler avec eux d’une façon qu'ils pourraient entendre. Néanmoins, ma présence les réconfortait et ils construisirent leurs villages au milieu de cette forêt ancienne pour être près de moi. C’était un peuple compatissant et ils m'ont honoré avec beaucoup d'amour et de dévouement. »
« Comment se fait-il que les trois pierres aient survécu quand tout le reste dans le temple a été détruit ? », demanda Hugelitod.
« Je ne suis pas fait de pierre», répondit l'Oracle. « Si un scientifique avec des outils modernes devait m’examiner, il découvrirait que mon corps physique est composé d'un matériau qui ne se trouve pas sur Terre. Mon extérieur est seulement un masque de pierre, mais dessous, à l'intérieur de mes corps, il y a un matériau unique à mon état dimensionnel. Il est de nature cristalline, mais son alignement moléculaire est parfaitement structuré pour héberger ma conscience. »
« Je suis camouflé pour m’adapter, pour apparaitre comme un objet de la Terre, et pourtant, je ne le suis pas. C'est pourquoi j'ai besoin de vous pour accompagner les autres demain, pour faire en sorte que la destruction ne soit que superficielle. Ma façade en pierre est précisément de trente-deux centimètres dans les trois dimensions. S'ils vont plus profondément que cela, ils trouveront ma maison cristalline et ceci ils peuvent la détruire de leurs mains nues. »
Hugelitod soupira. « Pensez-vous qu'ils m'écouteront si je leur dis qu'ils vous frappent trop profondément ? »
« Non. Par conséquent vous devez être subtil dans la manière de les instruire. Je ne peux pas dire quel genre d'outils ils utiliseront pour essayer de me détruire. S'ils sont bruts, ils ne pénétreront pas plus de dix centimètres. Il y a trois couches qui entourent mon noyau cristallin ; chaque couche devient plus résistante aux altérations ou dommages. Il est fort probable que je n’ai pas besoin de votre aide, mais le risque est trop important pour le laisser aux probabilités, ainsi je fais appel à votre aide. »
« Vous parlez de vos Créateurs », dit Hugelitod, ignorant l'appel de l'Oracle. « Qui vous a créé ? »
« Seulement dans ce monde nous parlons de création et de destruction comme s'ils étaient des caractères définitifs ou absolus. Et si je dis que je n'ai jamais été créé ? Comprendriez-vous ? »
« Chacun... Chaque chose est créée par... Par quelque chose », répondit Hugelitod avec hésitation. « Vous ne pouvez pas exister dans ce monde si vous n'avez pas été créé par quelque force ou entité. »
« Ceci n'est pas vrai dans mon état d'être. Je n'ai jamais été créé. Ma présence sur cette planète a été activée et par cette mesure, je considère ceux qui m'ont placé ici comme mes créateurs, mais en réalité ils n'ont pas créé mon état d'être. »
« D’accord, disons que vous avez raison », admit Hugelitod, « et que vous n'ayez pas été créé, mais plutôt activé. Alors qui vous a activé ? »
« J’ai été activé par l'humanité. »
« Comment est-ce possible si vous êtes venu sur Terre avant que l'humanité n'existe même ? », demanda Hugelitod.
« Quand je suis venu sur Terre, les gens existaient. Ils n'étaient pas présents où je fus placé, mais ils existaient -»
« Vous y revenez, vous avez dit « placé », qui vous a placé ? »
L'Oracle se tenait devant Hugelitod comme une apparition éthérée et tout à coup s'assit sur le plancher de la cellule. « Je perds mon énergie, et vais bientôt disparaître. Je vais répondre à votre question si vous acceptez d'abord de venir demain à mon aide. Nous avons un accord ? »
Hugelitod acquiesça instinctivement. « Nous avons un accord. »
« Bon », dit l'Oracle. « Pouvez-vous imaginer que l'humanité soit un cercle qui n'a ni commencement ni fin ? »
« Je vais essayer», proposa Hugelitod.
« L'humanité, si elle était une chose, en d'autres termes un collectif total, et que vous puissiez la voir sans le filtre de l'espace-temps, que supposez-vous que vous verriez ? »
Hugelitod passa sa main dans ses cheveux. « Je ne sais pas. »
« Vous verriez ce que l'humanité appelle Dieu », répondit l'Oracle. « Vous verriez Celui Qui Est Tout. Cet Être a plusieurs couches différentes comme votre atmosphère, et dans certaines couches il y a la dualité et la séparation, et dans d'autres couches il y a l’unicité et l'unité. L'ensemble de l'organisme - l’humanité - englobe toutes les couches, et ce que vous voyez, c'est la couche dans laquelle vous êtes en harmonie pour percevoir. »
« Ceux qui m'ont placé ici sont une partie de l'humanité, mais dans le contexte plus large de ce mot. Vous penseriez d'eux comme l'humanité future, ou vers quoi l'humanité évoluera, mais de mon point de vue, il n'y a aucune évolution ni avenir. Ce n'est qu’un organisme exprimé en de nombreuses couches différentes de l'espace-temps. »
« Mes activateurs sont des êtres d'une autre couche dans l'espace-temps de l'humanité. Ils m'ont mis dans cet espace-temps - votre espace-temps, afin que je puisse vous guider. Ils vivent dans un lieu de non-lieu, un temps de non-temps, un royaume de l'Un, où les sujets sont imbriqués comme une mosaïque de relations irréprochables. Mes activateurs me sont connus comme les WingMakers, et ce sont eux qui m'ont amené ici. »
Comme l'Oracle disait la dernière phrase, il commença à vaciller comme une source lumineuse dans la cellule Hugelitod, et silencieusement disparut dans un pli du temps.
* * * *
Bartholem parcourait les couloirs du palais-royal sous l'œil vigilant des gardes. Il aurait préféré ne pas utiliser de canne, mais aujourd'hui, sa jambe le gênait avec une rare intensité, de sorte que le son de sa canne l'accompagnait dans les couloirs en marbre poli du Palais.
L'assistante de Samuel, Melandri, le salua. « Il vous attend, vous pouvez y aller. », dit-elle avec un ton enjoué. « Il boit un café en vous attendant. »
Bartholem ouvrit la porte massive, salua d'un signe de tête l'assistante et murmura : « Merci. »
La porte du bureau de Samuel était en acajou massif qui, avec un œil bien informé, révélait des gravures complexes de batailles d'importance historique pour la famille dynastique royale.
« Je vois que vous utilisez de nouveau votre canne aujourd'hui », remarqua Samuel en esquissant un sourire. « Essayez cette nouvelle chaise, et je vais vous verser un café. »
Bartholem regarda la salle autour de lui. « Vous avez de nouvelles chaises ? »
« Oui, le roi me les a données en cadeau », reconnut Samuel avec un geste gracieux de ses mains. « Asseyez-vous. Elles sont très confortables, comme vous pourrez bientôt vous en apercevoir. »
Samuel glissa la tasse de café sur le plateau de la table. « Alors, qu’avez-vous comme nouvelles pour moi aujourd’hui ? »
« Le complot a pris une tournure marquée », prononça Bartholem avec un caractère sombre perceptible dans sa voix.
« Vraiment ? », dit Samuel. « Et quelle en est la tournure ? »
« L'intention de Karnomen est carrément centrée sur la destruction de l'Oracle et de leur ennemi récemment trouvé, Hugelitod », dit Bartholem.
« Comment avez-vous appris cette information ? », demanda Samuel.
Bartholem sourit avec difficulté. « Vous devrez me faire confiance à ce sujet. »
« Hugelitod ? »
Bartholem secoua sa tête. « Les craintes de Hugelitod : il est un homme mort - ce qui est son obsession pour le moment. »
Samuel s’assit et prit une gorgée de café. « Il est détenu par la Garde Suprême ? »
Bartholem acquiesça.
« Pour quelles accusations ? »
« Sédition et trahison », répondit Bartholem.
« Il a probablement raison », affirma Samuel. « Combien de temps avons-nous ? »
Bartholem regarda Samuel avec un œil perplexe. « Pensez-vous réellement que Karnomen le tuerait ? »
« S'il est assez désespéré », répondit Samuel. « Quel choix a-t-il ? Sa seule possibilité de retourner la prophétie est de détruire les deux pivots sur lesquels la prophétie tourne : l’Oracle et Hugelitod. S'il croit en la prophétie, il doit détruire ces derniers. »
Samuel était notablement agité. « Nous ne pouvons permettre que l'Oracle soit détruit. »
« Nous ne pouvons pas interférer avec Karnomen non plus », ajouta Bartholem.
Samuel sourit. « Mon cher ami, nous nous sommes heurtés à Karnomen dans presque tout ce que nous faisons, n'avez-vous pas remarqué ? »
* * * *
« Vous pouvez nous laisser seuls maintenant », déclara Torem au garde.
Le garde se tourna et s'en alla docilement sans un mot. Torem entra dans la cellule sombre avec un regard d'impatience. « Vous avez demandé à me voir ? »
Hugelitod rassembla sa modestie avec un souffle profond mais silencieux. « Merci d'être venu si rapidement. Comme je suis sûr que vous savez... J'ai rencontré Son Éminence, ce matin. »
Torem acquiesça. « Je suis au courant de votre réunion. »
Hugelitod plissa les yeux, comme s’il souffrait. « Je pense que j'ai fait une erreur. »
« Comment cela ? »
« Il m'a demandé de vous accompagner demain... Pour détruire l'Oracle, et j'ai refusé pour des raisons que je ne suis pas fier de... »
« Vous avez changé d'avis ? »
Hugelitod acquiesça.
« Et votre cœur a-t-il changé aussi ? »
Hugelitod acquiesça de nouveau. « Je pensais que ce serait mieux de vous le dire, et j'espère que vous annoncerez ma décision à Son Éminence et lui demanderez de pardonner mes paroles et actes. »
Torem s'assit sur le lit à côté de Hugelitod et soupira. « Je ferais comme vous le demandez », dit Torem, « mais seulement à condition que vous vous repentiez de vos pensées, paroles et actes tout autant que votre déloyauté envers tous les Grands Initiés. Ce n'est pas seulement son Éminence qui souffre de ces trahisons, c'est nous tous. »
Torem se tourna vers Hugelitod et jeta un regard rapide dans ses yeux, essayant de juger son sérieux. « J'ai votre engagement sur cela ? »
Hugelitod était un peu mal à l'aise à l'idée de se repentir à tout l'Ordre des Seize Rayons. Il savait que ce serait une tâche difficile et humiliante. « Je ferai ce que vous demandez. », dit-il, « je ne demande que ma repentance puisse avoir lieu après que notre mission de demain soit terminée. »
« Pas d'autres conditions ? »
Hugelitod secoua la tête.
Torem se mit debout et brossa sa robe sur les côtés, lissant ses plis. « Vous savez que je ne peux pas parler au nom de Son Éminence, je ne peux pas vous donner l'espoir que votre décision, aussi judicieuse soit-elle, mènera à votre liberté. Mais je vais vous dire, sans réserve, que votre choix est bon, et il vous aidera dans les jours et semaines à venir, seulement s’il est sincère. »
« Alors je peux me joindre à vous demain ? »
Torem hocha la tête et tendit la main pour garantir son engagement. « Je viendrai vous chercher le matin, moi-même. »
Les deux hommes se serrèrent la main et un sentiment d'espoir se transféra de Hugelitod à Torem, mais pour Hugelitod, il savait que sa mascarade serait vouée à l'échec, il ne savait tout simplement pas quand, ni comment.

* * * *


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MessageSujet: Re: The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web.....   The Dohrman Prophecy : Traduction en cours du livre-web..... Icon_minitimeJeu 13 Oct - 1:31

Chapitre 18 - Une Mèche plus Courte

La marche dans les bois se déroulait dans un silence absolu, même les oiseaux semblaient réticents à chanter. Hugelitod se trouvait dans une phalange composée de trois Grands Initiés à l'avant, et de six autres qui marchaient derrière lui. Ses mains étaient enchaînées, et son équilibre - sans l'usage de ses bras - était précaire au milieu des racines des arbres et du chemin étroit et rocailleux. Le soleil du matin envoyait des rayons de lumière tombant en cascade au travers les grands arbres de la forêt sous des angles qui atteignaient parfois les yeux et les aveuglaient durant un instant ou deux.
Comme ils s’approchaient de la porte de l'Oracle, Hugelitod devint soudainement nauséeux. Son estomac, anxieux à l'idée de trahir ses amis initiés et de participer à la destruction de l'Oracle, relâcha un flot d'émotions. Les tensions de la semaine écoulée s’étaient accumulées dans ses entrailles, et étaient maintenant imparables, fouillant son corps comme des guerriers indisciplinés.
« Puis-je me reposer un peu ? », demanda Hugelitod, se laissant tomber sur ses genoux. « Je ne me sens pas bien. »
Torem brisa la ligne de la procession, et s'agenouilla à côté de Hugelitod. « Nous sommes presque au Poste de Garde. Pouvez-vous continuer jusqu’à ce que nous y arrivions ? »
Hugelitod prit de grandes respirations et semblait agité. « Je ne sais pas ... Je pense que je vais être malade. »
Torem hésita un instant tandis qu’il examinait leur situation, et s’accorda alors avec Shunal. « Pourquoi ne vous avancez-vous pas et vous établir ? Je vais attendre ici avec Hugelitod et nous vous rattraperons sur le site. Nous ne serons pas longs. »
Shunal hocha la tête. « D’accord, nous vous attendrons à l'Oracle. Ça va prendre du temps pour obtenir l'équipement à mettre en place. »
Le ton était sombre, et les paroles de Shunal tombèrent brutalement sur Hugelitod. Il savait que l’équipement fourni par la Garde Suprême devait servir à un seul but : détruire l’Oracle.
Shunal et le reste des Grands Initiés s'éloignèrent silencieusement dans une procession unie comme auparavant.
Hugelitod avait encore une respiration forte, les yeux fixés sur les racines d'un grand arbre dont le tronc était si grand que trois hommes ne pourraient pas l'entourer. « La Garde Suprême sera-t-elle là ? »
« À la destruction de l’Oracle ? », demanda Torem.
Hugelitod hocha la tête.
« Non, ils ont apporté l'équipement et sont partis hier. Seuls les Grands Initiés procéderont à la démolition. Les gardes croient que c'est un projet pour creuser un puits. »
Hugelitod rit de l'absurdité de l'observation, et puis vomit. « Je suis désolé que vous ayez dû voir cela », dit-il. « Peut-être mon petit déjeuner, tel qu'il fut, n'était pas en accord avec moi. »
« Peut-être que cette tâche ne l'est pas non plus. », observa Torem.
Torem lutta pour aider Hugelitod à se mettre debout. « Êtes-vous assez bien pour marcher, maintenant ? »
« Je pense que oui », répondit-il. « Qu’on en finisse. »
« Si vous pensez que chacun d’entre nous savoure ce que nous allons faire, croyez-moi, vous avez tort. Même son Éminence a décidé de prier dans le calme de notre chapelle, au lieu d'être ici. C’est très troublant... Pour nous tous. »
Hugelitod se tourna pour faire face à Torem, ses yeux brillaient avec une ferveur d'un autre monde. « Ne vous demandez-vous pas... Je veux dire... Ne pensez-vous pas qu'il est possible que l'Oracle détienne des vérités que nous n'avons même pas imaginées encore ? Une fois qu'il sera détruit, l'accès à ces vérités - par une simple question - sera détruit aussi. Cela semble un tel gaspillage, simplement en raison d’une crainte que l'oracle conspire avec moi, un humble serviteur de Son Éminence, pour renverser la seule vraie religion au monde et le chemin spirituel vers Dieu. »
Hugelitod s'arrêta pour reprendre son souffle. « C'est pourquoi je suis malade, je suis malade parce que nous sommes sur le point de gaspiller la seule chose qui puisse nous sauver, nous éclairer, nous mener à la vérité, et pourquoi? En raison d’une crainte qu’une grosse pierre et un humble serviteur renverseront ce qui a pris trois cents années à être construit ? »
Le visage de Torem vira au pourpre alors qu’il regardait Hugelitod avec colère. « La décision a été prise. Vous vous êtes offert d'aider, et pourtant vous restez ici et continuez à résister et à le soutenir. Si vous souhaitez vous abstenir, vous pouvez le faire. Votre ambivalence est entendue, mais n'essayez pas de contaminer le reste d'entre nous. Notre décision est claire. C'est votre décision qui doit être faite. »
Torem s’arrêta, et baissa lentement son capuchon afin qu'il puisse être sûr que Hugelitod ait vu la gravité dans ses yeux. « Et alors donc? Vous nous joignez, ou vous vous abstenez ? »
Hugelitod connaissait la réponse, mais une angoisse immense balaya son esprit. La forêt était parfaitement calme, et pourtant, ses pensées l'assourdissaient du bruit d'un millier de questions. « Je vais rester fidèle à mon choix, je demande seulement... »
« Pas de conditions », interrompit Torem, lançant toujours un regard furieux. « Souvenez-vous ! »
Se sentant acculé, Hugelitod mit ses bras enchaînés en face de lui. « Je voulais simplement vous demander de libérer mes bras afin que je puisse vous aider. »
Torem s'éloigna vers l'Oracle, mettant son capuchon arrière en place. « Ils seront détachés lorsque nous arriverons à l'Oracle », dit-il par-dessus son épaule. « Pas avant. »
Hugelitod sentit l’irritation de Torem. Il savait que l'Initié Second n'était pas habitué à être interrogé, surtout avec persistance, et il savait aussi que le sujet était officiellement fermé. Il n'y avait qu'un seul parti à prendre, et c’était le chemin que chaque cellule de son corps, chaque pensée dans son esprit, rejetait. Sa seule compensation était que l'Oracle lui avait demandé de s’associer en tant que son défenseur, un rôle qu'il assumait maintenant à défaut de tout autre.
* * * *
Kamil était debout à côté de Jaunder alors qu’ils examinaient la scène de son embuscade. Jaunder s'accroupit pour étudier les empreintes de pieds révélatrices, pendant que Kamil faisait de son mieux pour contrôler les deux chiens qui semblaient déterminés à se précipiter dans les bois pour trouver un écureuil ou une caille.
Jaunder se remit debout et se tourna vers Kamil. « Les traces ici... elles montrent qu’ils étaient deux à vous bondir dessus », il montra du doigt la terre, « mais celles-ci sont vos bottes, et ces petites-là, celles-ci vous font face comme si vous parliez avec eux... Pourtant, vous avez dit que vous n’aviez pas vu leurs visages. » Jaunder plissa les yeux. « Je vais vous donner une chance supplémentaire de dire la vérité. »
Kamil s’affermit à la mise en doute. « Je vous ai dit la vérité. Tout est arrivé si rapidement, ce... C’était au début, et... Et je ne pouvais pas voir leurs visages, c'était juste une masse confuse... »
« Connerie ! Vous les avez très bien vus. Pourquoi dissimulez-vous ? Que cachez-vous ? »
« Écoutez », dit Kamil, essayant de se calmer en prenant un ton naturel dans la voix. « Je ne cache rien. C'est arrivé tout comme je l’ai dit. »
Jaunder, pour la première fois, tira son arme hors de son étui et la tenait auprès de lui avec un geste préventif. « Vous ne coopérez pas avec moi. Je le sens. Maintenant, donnez-moi les chiens, et tenez-vous là-bas. » Jaunder dirigeait avec son arme pour s'assurer qu’il n'y ait aucun doute quant à qui était sous contrôle.
Kamil réalisa que ses possibilités se dispersaient rapidement devant ses yeux. Alors qu'il remettait la laisse des chiens à Jaunder, les chiens commencèrent à aboyer et à sauter. Ils sentaient que quelque chose bougeait, et dans la distraction, Kamil utilisa cette opportunité pour frapper carrément le nez de Jaunder, puis sauta sur lui avec toute la force de son grand corps. Jaunder était fortement construit, mais la vitesse de l'attaque le prit au dépourvu.
Un coup de feu fut tiré à partir de l'arme, et manqua de peu la tête de Kamil alors que les deux hommes luttaient sur le sol. Kamil se jeta sur l'arme comme si elle était son adversaire, tordant la main Jaunder avec un léger bruit claquant. Le pistolet, encore fumant, tomba sur le sol. Kamil s'en empara et se leva d'un bond, la pointant sur Jaunder qui restait sur le dos, abasourdi.
Les chiens coururent dans les bois au bruit du premier coup de feu, et Kamil était seul avec son chef, dans la vision réduite de son esprit.
« Je ne sais pas ce que vous pensez faire », dit Jaunder, debout et se stabilisant contre un arbre, « mais vos actions vous coûteront simplement votre liberté. »
Kamil pointa l'arme vers Jaunder. « Ne bougez pas. Je sais que vous alliez me tuer et me laisser pourrir ici, dans les bois - juste une autre victime inexpliquée. »
Jaunder protesta. « J'allais simplement vous ramener au poste et vous mettre sous les verrous. C'est tout. Je n'allais pas vous tuer. Je ne suis pas fou. »
Jaunder mit ses mains sur ses hanches. « Vous avez encore une chance, fils. Allez chercher les chiens, amenez-les ici et nous oublierons tout cela. »
« Ne me dites pas quoi faire », commanda Kamil. « Asseyez-vous. J'ai besoin de réfléchir. » Cette fois, c’était Kamil qui utilisait l'arme comme pointeur.
Jaunder regarda fixement quelque chose derrière Kamil. « Les chiens sont là ! »
Au moment où Kamil se retourna pour regarder, Jaunder, en un mouvement rapide, brandit un couteau, caché sous sa chemise, et commença à le lancer sur Kamil. Kamil instinctivement pressa la détente alors que le bras de Jaunder s'avançait et le couteau était libéré. Jaunder tomba sur le sol, se serrant la poitrine et le couteau tomba sans danger dans les buissons à proximité.
Le coup de feu fit écho au milieu des arbres, et finalement disparu quelque part dans le lointain, bien que dans les oreilles de Kamil, le bourdonnement restait. Son supérieur était mort sur le sol, et maintenant tous ceux à quoi il pouvait penser étaient de courir, et pourtant il ne pouvait plus bouger.
« Qu'ai-je fait... Qu'ai-je fait ? », se répéta-t-il. « Je suis un homme mort maintenant. »
Il saisit les maigres provisions qu'ils avaient apportées, et courut vers le même ruisseau qui, seulement un jour plus tôt, fut la voie d'évasion de Maia et de Joseph. Il ne savait qu'une chose, qu'il ne pouvait pas retourner au poste. Sa vie était maintenant comme une bombe ayant une mèche plus courte que jamais, et quelque part dans ces bois, elle s’enflammerait.

* * * *


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